En pleine pandémie, un équipage spatial s'envole pour l'ISS
L'Américain Chris Cassidy de la Nasa et les Russes Anatoli Ivanichine et Ivan Vagner de Roskosmos décolleront à 08H05 GMT du cosmodrome russe de Baïkonour au Kazakhstan.
Si leur mission de six mois à bord de l'ISS a été maintenue malgré le Covid-19, plusieurs rituels ont toutefois été annulés pour limiter les risques de propagation de la maladie.
Leurs familles et les journalistes n'ont ainsi pas été conviés mercredi à la traditionnelle conférence de presse précédant le départ. Cette dernière s'est donc déroulée par visioconférence, sans public, dans une ambiance assez terne.
"Au lieu de parler à des caméras, nous serions en train de parler à des gens en ce moment", a commenté Chris Cassidy, en évoquant ces échanges qui ont lieu généralement dans la bonne humeur.
L'astronaute de 50 ans, qui part pour la troisième fois dans l'espace, a reconnu que l'équipage était "affecté" par ce manque de contacts humains. "Mais nous comprenons que le monde entier est aussi touché par la même crise", a-t-il ajouté.
En quarantaine depuis le 12 mars
Comme avant chaque mission spatiale, les trois hommes et leurs doublures avaient été placés en période de quarantaine, qui a cette fois commencé plus tôt pour éviter qu'ils ne contractent le virus avant le décollage.
Dès le 12 mars, l'équipage a été confiné au centre d'entraînement de la Cité des étoiles, près de Moscou, et a dû faire l'impasse sur la visite coutumière de la tombe du premier homme dans l'espace, Iouri Gagarine, au pied du Kremlin.
Au même moment, des cas de coronavirus commençaient à être signalés dans la capitale, devenue le principal foyer de l'épidémie en Russie.
Le lancement de jeudi sera le premier à bord d'une fusée Soïouz-2.1a, l'agence spatiale russe Roskosmos ayant arrêté l'année dernière l'exploitation des Soïouz-FG, plus anciennes.
Ce nouveau modèle, utilisé pour des lancements sans équipage depuis 2004, repose sur un système de commandes digitales et non analogiques comme pour les précédents engins.
Les trois hommes rejoindront à bord du laboratoire orbital le cosmonaute Oleg Skripotchka et les astronautes Andrew Morgan et Jessica Meir, qui doivent rentrer de l'ISS sur Terre le 17 avril.
Conseils de confinement
L'ISS accueille habituellement six personnes à la fois et comporte un volume habitable de 388 mètres cubes, soit plus qu'une maison de six chambres, selon la Nasa. Ces conditions peuvent paraître enviables à plus du tiers des Terriens faisant actuellement l'expérience de mesures de confinement décidées pour endiguer la propagation du coronavirus.
Les résidents de la Station spatiale internationale ne sont d'ailleurs pas à l'abri de forts sentiments de solitude, ou d'envies d'être chez soi. Ces dernières semaines, plusieurs d'entre eux, dont certains encore à bord de l'ISS, ont partagé leurs conseils pour un bon confinement.
Dans un article pour le New York Times, Scott Kelly de la Nasa a affirmé que ce qui lui a le plus manqué pendant sa mission de près d'un an dans l'espace avait été la nature : "le vert, l'odeur de la terre fraîche et la chaude sensation du soleil sur mon visage". Recommandant à ceux qui le peuvent de prendre l'air frais, il a aussi estimé qu'il n'y avait rien de mal à passer plus de temps devant les écrans pendant le confinement.
Pendant son temps à bord de l'ISS, entre 2015 et 2016, l'astronaute a par exemple reconnu avoir englouti deux fois la populaire série Game of Thrones et regardé fréquemment des films le soir avec ses collègues.
Le cosmonaute Sergeï Riazanski, deux missions spatiales à son actif, est lui devenu le visage d'un défi sportif de 10 semaines soutenu par Roskosmos. Ses participants devront diffuser des vidéos d'eux-même faisant des exercices physiques chez eux, comme un spationaute en mission.