En quoi consiste le Hellfire R9X, le missile secret qui n’explose pas et qui aurait tué Zawahiri?
Les Américains auraient utilisé le «Flying Ginsu» (Hellfire R9X), un missile secret équipé de lames en forme de rasoir, pour éliminer le chef d’Al-Qaïda.
Le chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a été tué lorsque deux missiles ont frappé sa maison à Kaboul. Mais le bâtiment ne porte pas de traces d’explosion et personne n’a été blessé dans l’opération, selon les responsables américains.
Un missile gardé secret
Ces deux éléments laissent penser que les Américains ont fait usage du Hellfire R9X, un missile équipé de six lames en forme de rasoir, qui tranche à travers sa cible mais n’explose pas.
L’utilisation du R9X n’a jamais été officiellement reconnue par le Pentagone ou la CIA, les deux entités américaines responsables des assassinats ciblés de leaders extrémistes.
Son existence avait été évoquée pour la première fois en mars 2017, quand un haut dirigeant d’Al-Qaïda, Abu al-Khayr al-Masri, avait été tué par une frappe de drone alors qu’il se déplaçait dans une voiture en Syrie.
Les photos à l’époque montraient un large trou à travers le toit de la voiture. L’intérieur du véhicule, dont ses occupants, avait été déchiqueté. Mais l’avant et l’arrière de la voiture semblaient complètement intacts.
Surnommé la «bombe ninja»
Depuis, une poignée d’attaques ciblées avait obtenu un résultat similaire. Jusque-là, les missiles Hellfire – tirés par des hélicoptères ou des drones et destinés à détruire des chars – étaient connus pour leurs puissantes explosions et souvent, les dommages collatéraux qu’ils engendraient.
La nouvelle arme mystérieuse utilisée par les Américains a été baptisée «Flying Ginsu» (le Ginsu volant), d’après une célèbre publicité télévisée des années 1980 pour des couteaux de cuisine de marque Ginsu, qui pouvaient couper proprement à travers des canettes en aluminium et restaient parfaitement tranchants.
Également surnommé la «bombe ninja», le missile est devenu une munition de choix pour tuer les leaders de groupes djihadistes, tout en évitant de faire des victimes civiles.
C’est apparemment ce qui s’est produit à Kaboul, avec Zawahiri.
Seul le dirigeant d’Al-Qaïda a été tué
Dimanche 31 juillet au matin, ce dernier se tenait seul sur le balcon de sa résidence quand un drone américain a tiré deux missiles Hellfire, a précisé un responsable américain à des journalistes.
Des membres de la famille du dirigeant d’Al-Qaïda étaient présents dans la maison, mais «n’ont délibérément pas été ciblés et n’ont pas été blessés», a ajouté ce responsable.
Des photos montrent des fenêtres soufflées sur un étage, mais le reste du bâtiment, dont les fenêtres aux autres étages, sont toujours en place.
Les habitants de Kaboul dubitatifs
À Kaboul, des Afghans doutaient toutefois mardi de l’annonce de la mort du chef d’Al-Qaïda, caché pendant des mois parmi eux au cœur de la capitale afghane.
«Je ne pense pas que ce soit vrai. C’est juste de la propagande», assure Fahim Shah, 66 ans, un habitant de Kaboul.
La mort d’Ayman al-Zawahiri, l’un des terroristes les plus recherchés au monde et pour lequel les États-Unis promettaient 25 millions de dollars pour tout renseignement permettant de le retrouver, a été annoncée lundi en direct à la télévision par le président américain Joe Biden.
Abdul Kabir, un autre résident de Kaboul, a bien entendu l’explosion causée par la frappe, dimanche peu après 06h15. Mais, sceptique, il demande aux États-Unis de fournir des preuves pour étayer leur affirmation selon laquelle c’est Zawahiri qui a été tué. «Ils devraient montrer au monde qu’ils ont tué cet homme et en produire la preuve», a-t-il dit.