La belette blanche victime du réchauffement climatique
La population d'une sous-espèce de la belette d'Europe (Mustela nivalis nivalis) vivant dans la forêt polonaise de Bialowieza a ainsi décliné de façon importante, le changement climatique réduisant de moitié le nombre de jours où le sol est couvert de neige, explique cette étude parue dans la revue Scientific Reports.
Une cible facile pour les prédateurs
La neige dans les régions en altitude disparaît près d'un mois plus tôt qu'il y a 50 ans, et bien avant que la fourrure de l'animal longiligne ne reprenne sa couleur brun-roux ressemblant à la terre, l'exposant alors à la vue des renards, des rapaces, des loups et d'autres prédateurs.
"Le changement climatique va fortement influencer la mortalité de la Mustela nivalis en raison d'un camouflage discordant prolongé", expliquent les chercheurs dirigés par Kamal Atmeh, de l'université de Bordeaux.
Conserver le pelage blanc qui lui permettait de traverser un champ enneigé sans être repérée fait d'elle une cible quand la neige a fondu et "pourrait conduire à l'extinction au niveau local" de cette sous-espèce blanche en hiver, poursuivent-ils.
AFP PHOTO / NATURE/KAROL ZUB
Elle change de couleur en hiver
La belette, originaire du Canada et d'Eurasie, a été introduite dans d'autres parties du monde, par accident ou pour lutter contre des espèces considérées comme nuisibles. L'animal bas sur pattes se nourrit en effet de petits rongeurs, en particulier de souris, ou de jeunes lapins.
Seule la sous-espèce Mustela nivalis a évolué, dans les régions enneigées, en changeant la couleur de sa fourrure en hiver qui perd ensuite sa blancheur immaculée quand le printemps arrive.
Mais le processus d'évolution qui a conduit à cette adaptation a pris des milliers, voire des dizaines de milliers d'années, et ne peut pas être inversé en quelques décennies, soulignent les chercheurs.
Soit disparaître, soit se déplacer
Si cette sous-espèce "n'est pas capable de répondre au changement climatique en modifiant sa période de mue, elle va soit disparaître localement soit se déplacer", prédisent-ils. Une de ses cousines, Mustela nivalis vulgaris au pelage brun pourrait alors prendre sa place.
Pour vérifier leur hypothèse sur la nouvelle vulnérabilité de la belette blanche au début du printemps, les chercheurs ont placé de faux animaux dans différents endroits. Le résultat est sans appel, selon eux: "le camouflage est le facteur le plus important lié à la détection par un prédateur".