Les troubles de l'érection, un sujet tabou
Cela reste un sujet tabou, les hommes ne sont pas du genre à se vanter de leurs troubles érectiles. Et pourtant, durant ces 12 derniers mois, ils étaient près d'un sur trois à avoir connu une baisse de désir ou des problèmes d'érection.
Près de 1.957 hommes âgés de plus de 18 ans ont répondu à cette enquête menée par l'ifop qui permet de comprendre certaines pannes sexuelles, une problématique qui peut varier selon le stress, l'âge, le lieu d'habitation ou encore le style de vie. On y apprend notamment que les urbains sont bien plus exposés à ce problème (46%) que les ruraux (36%).
Mais on y voit surtout que la dépendance aux écrans pourrait être une donnée majeure pour comprendre les dysfonctions érectiles. Chez les moins de 35 ans, près de 33% des hommes ont connu des troubles du désir ou de l'érection durant l'année écoulée, mais cette moyenne grimpe à 55% chez ceux qui regardent des vidéos pornographiques chaque jour, à 39% pour les adeptes des réseaux sociaux, à 41% pour les accros aux applis d'information, et à 38% pour les fans de services comme Netflix.
Source de complexe
Près de 32% des hommes ont donc déjà ressenti un complexe sur leur capacité à garder une érection jusqu'à la fin du rapport sexuel. Un chiffre qui grimpe à près de 65% chez ceux qui ont déjà été victimes de troubles érectiles.
D'après le sondage ifop, près de 56% des hommes (64% pour les moins de 30 ans) estiment en effet que la satisfaction sexuelle va obligatoirement de pair avec la pénétration. Mais aborder le problème de front n'est pas chose facile. À peine 26% des personnes ayant connu des problèmes érectiles ont demandé l'avis d'un médecin. Un homme sur trois (33%) préférait évoquer un petit coup de fatigue pour taire le problème vis-à-vis du partenaire.
La tentation est donc forte de se tourner vers une médication de produits sexo-actifs comme le célèbre Viagra. Mais ce dernier n'est évoqué que par 21% des sondés. Ils sont en effet nombreux (43%) à se tourner plutôt vers le porno pour relancer l'érection, ou vers le souvenir de précédentes expériences sexuelles. D'autres enfin ont recours à la drogue et à l'alcool, notamment chez les moins de 30 ans.
«Plus d'un quart des moins de 30 ans (27%) admettent avoir déjà pris de la drogue pour résoudre leurs problèmes d'érection», a expliqué François Kraus, expert Genre, Sexualités et santé sexuelle chez l'Ifop. «Chez ces jeunes biberonnés à la culture porn', on ne peut que déplorer un recours à divers alternatifs aux médicaments sexo-actifs qui reflète sans doute leur angoisse de ne pas assurer une érection soutenue en toutes circonstances et plus largement à satisfaire des partenaires».