Une fusée de 20 tonnes hors de contrôle pourrait s'écraser n'importe où sur Terre
La fusée Longue-Marche 5B, longue de 30m et pesant près de 21 tonnes, a déployé avec succès le satellite d'observation de la Terre Yaogan-34 sur l'orbite prévue. Quelques heures plus tard, l'agence spatiale chinoise a perdu le contrôle de l'étage central de sa fusée, qui s'est lui aussi retrouvé en orbite.
Retour sur Terre incontrôlé
Or, la fusée n'est pas équipée de dispositif permettant d'assurer une désorbitation contrôlée. Dès lors, les experts craignent que cette fusée ne rentre à nouveau dans notre atmosphère dans les jours qui viennent. Une fois qu'elle entrera dans l'atmosphère, la fusée devrait se consumer progressivement. Au lieu de tomber dans l'océan comme cela était prévu, certains débris risqueraient alors de tomber n'importe où sur Terre, peut-être même dans des régions habitées.
Les spécialistes estiment que la fusée pourrait passer au-dessus de New York, Madrid, Pékin, ou encore survoler la Nouvelle-Zélande et le Chili.
« L'étage central de la Long March 5B est sept fois plus massif que le 2e étage de la Falcon 9, dont on a beaucoup parlé ces derniers jours quand il a survolé Seatlle et a déversé un peu de son carburant sur l'État de Washington », détaille l'observateur de vols spatiaux Jonathan McDowell. « Depuis 30 ans, la pratique courante pour le reste du monde est de ne pas laisser des objets aussi gros, même moitié moins gros, en orbite sans désorbitation contrôlée », ajoute l'expert.
Un ombre au tableau d'un projet ambitieux
L'assemblage de la station spatiale chinoise devrait s'étaler sur plus d'un an, lors d'une dizaine de missions successives (dont quatre habitées). Elle devrait être pleinement opérationnelle en 2022. Nommée en anglais par son acronyme CSS (pour «Station spatiale chinoise"), elle évoluera en orbite terrestre basse (entre 340 et 450 km d'altitude) et ressemblera à l'ancienne station russe «Mir» (1986-2001). Durée de vie prévue: 10 à 15 ans.
Elle devrait peser au total plus de 90 tonnes. A titre de comparaison, elle sera environ trois fois plus petite que la Station spatiale internationale (ISS) dans laquelle se trouve actuellement l'astronaute français Thomas Pesquet.