Alain Chabat prête sa voix dans «Le Petit Nicolas»: «C’est un des premiers livres que j’ai lus avec avidité»
«Je connaissais bien son œuvre mais assez peu sa vie finalement. Goscinny était assez discret sur sa vie privée, et a très peu parlé de l’impact de la Shoah sur sa famille. Pareil pour Sempé! Ses dessins sont tellement légers que j’imaginais son enfance avec des fleurs partout, alors que non.»
«C’est drôle car ce dessin animé m’a fait conscientiser combien l’enfance est remplie de moments plutôt dark. Je vois habituellement mon enfance remplie de bisounours mais je constate que j’ai tendance à mettre pas mal de choses sous le tapis. Il y a des cafards dans le placard de nos enfances, tous ces instants d’ennui ou de mélancolie, et c’est très bien comme ça. Quand je suis entouré de jeunes enfants aujourd’hui, je les trouve tellement sollicités à toute heure du jour que j’essaie de les ennuyer justement. Quand on dépasse l’agacement de l’ennui, on entre dans une zone assez riche. J’ai de très bons souvenirs de mes rêveries. Et au bout du compte, je ne m’ennuie jamais vraiment.»
«Dans ma tête, j’étais le Petit Nicolas, pour son côté foufou mais raisonnable. Mais je pense qu’en fait, j’avais plutôt les taches de gras des petits pains au beurre d’Alceste sur mes vêtements (
«Des souvenirs de rigolade. C’est un des premiers livres que j’ai lus avec autant d’avidité, et qui ne soit pas une bédé. Je riais à voix haute, mais vraiment fort hein, et j’attendais le volume suivant avec impatience dès que j’en finissais un. Je trouve ça super quand je lis un bouquin et que ça provoque un rire aussi sonore.»
«Je ne ressentais pas vraiment la nostalgie car ma génération a suivi celle de Nicolas de pas si loin finalement. La cour, les blouses en classe, la maîtresse… Je reconnaissais toute cette ambiance. J’ai même été dans une école réservée aux garçons, c’est dire. Mais ça n’a duré qu’un an avant qu’ils n’introduisent la mixité.»
«Ah mais évidemment, ça fait partie de l’emballement! Celles du Petit Nicolas me semblent d’ailleurs plutôt softs. Mais bon, j’étais relativement sage quand même. Pas comme Laurent (Lafitte, également au générique du film, Ndlr), qui a sûrement plusieurs meurtres à son actif (
«C’était pourtant très différent de ce que j’ai pu faire. Déjà, on a tout enregistré en duo avec Laurent, qui joue Sempé. Ce n’est pas habituel d’y aller à plusieurs, mais on avait vraiment envie de partir de ce plaisir d’être ensemble. On avait bossé avec lui sur quelques épisodes du ‘Burger Quiz’. Il a même présenté un épisode, que je trouve hilarant soit dit en passant. Bref, c’était presque un petit tournage car contrairement au doublage de films étrangers, l’animation devait être finalisée en fonction de ce qu’on allait donner dans notre jeu en studio. Ça, c’est plutôt rare en France.»
‘Le Petit Nicolas: Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux’ sort en salles ce mercredi.
Le Petit Nicolas: Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux?
Déjà adapté trois fois au cinéma, ‘Le Petit Nicolas’ de René Goscinny et Jean-Jacques Sempé est de retour dans les salles obscures. Mais pas forcément comme vous l’imaginez… Pour la forme, les cinéastes Amandine Fredon et Benjamin Massoubre ont eu la bonne idée d’opter pour l’animation au lieu de prises de vue réelles. L’occasion d’emprunter les traits dynamiques et poétiques de Sempé, et de les animer dans de superbes aquarelles. Pour le fond, le scénario s’affranchit de la narration classique à la faveur d’une approche plus impressionniste. Le film se balade ainsi entre de courtes histoires du Petit Nicolas (à l’école, en vacances, etc.) et la ‘vraie’ vie de Sempé (Laurent Lafitte) et Goscinny (Alain Chabat). Deux artistes se racontant leurs enfances brisées, ravis d’injecter la chaleur qui leur avait manqué dans les aventures d’un gamin sur le point de marquer la littérature française. Un va-et-vient parfois didactique, mais qui a le grand mérite de conter de vieilles histoires sous un jour nouveau.