Avec « Les Passagers de la nuit », Mickaël Hers nous ramène dans les années '80

Envie de douceur? Plongez dans les années ’80 avec «Les Passagers de la nuit», la nouvelle chronique familiale de Mickaël Hers (‘Amanda’), dans laquelle Charlotte Gainsbourg se reconstruit grâce à un job dans une radio de nuit tenue par Emmanuelle Béart.

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 3 min.

D’où vient l’histoire des «Passagers de la nuit», qui suit la reconstruction d’une femme après sa séparation?

Mickaël Hers: «Je voulais faire le portrait d’une femme et d’une mère après une séparation. Et que cela prenne la forme d’une plongée vers les années ’80, qui sont celles de mon enfance. Pas dans une démarche nostalgique ou de paradis perdu. C’est juste que je me sens vraiment constitué par ces années-là. On dit souvent qu’on est de son enfance comme on est d’un pays. J’ai essayé de restituer les sensations que m’inspire cette période grâce aux couleurs et aux images que j’avais en tête.»

Pourquoi avoir choisi la radio de nuit comme fil rouge?

«J’écoutais ça quand j’étais petit et que j’avais du mal à trouver le sommeil. Je sortais mon walkman et je passais d’une station FM à l’autre. Je tombais sur ces émissions avec des témoignages donnant accès à l’intimité d’inconnus se livrant. Je m’imaginais d’autres personnes écoutant ces mêmes voix, à d’autres endroits, formant une sorte de constellation dans la nuit. Après, je me suis rendu compte en travaillant sur le film que ce milieu est très propre à l’époque visée. La radio existe encore, mais on en a plus du tout le même usage.»

Parlons du casting. Pourquoi avoir choisi Charlotte Gainsbourg et Emmanuelle Béart?

«Charlotte Gainsbourg a cette dualité, avec sa grande sensibilité à fleur de peau, et son centre de gravité si fort qui l’ancre dans le sol. Elle permet à Elisabeth d’échapper aux classifications, d’être aussi timorée qu’audacieuse, lucide que naïve, réservée puis frontale. Quant à Emmanuelle, il fallait quelqu’un d’extrêmement charismatique, pour imposer cette prêtresse de la nuit en quelques scènes à peine, et tout l’imaginaire qui l’accompagne.»

Review

Paris, 1985. Elisabeth (Charlotte Gainsbourg) vit depuis des années dans une tour d’appartements du quartier de Beaugrenelle, en bord de Seine, mais le départ de son mari change tout. Sa fille déménage, son fils prend ses distances, et la course au boulot n’est pas des plus fructueuses. Suivant son instinct, elle écrit à l’animatrice d’une émission de radio de nuit (Emmanuelle Béart), et devient la standardiste de son émission ‘Les Passagers de nuit’. Ce n’est pas anodin que le pitch de cette jolie chronique familiale soit si long. Malgré tout son talent pour fabriquer des scènes de quotidien crédibles et émouvantes, le réalisateur Mickaël Hers (‘Amanda’) ne parvient pas vraiment à les faire mousser. Sa reconstitution mélancolique et sensorielle du Paris des années ’80 est d’une douceur impressionnante, mais le récit central de la reconstruction d’une femme célibataire ouvrant son cercle familial est trop flottant pour vraiment nous tenir en haleine. N’empêche, le voyage en territoire eighties vaut le détour.

‘Les Passagers de la nuit’ sort au cinéma le 25 mai.