Bruno Salomone est l’époux de Virginie Efira dans «Madeleine Collins»: «J’ai plus qu’une double vie, j’en ai dix mille»
«Je pensais au départ qu’on tournait un drame pur. Mais en le voyant pour la première fois, j’ai compris que c’était un thriller hitchcockien. Je n’avais pas mesuré cette montée en puissance en lisant le scénario, ni les touches de comédie qu’on y trouve. Franchement, je me suis retrouvé pris en otage devant l’écran!»
«On ne va pas trop en dévoiler sur l’intrigue mais vous dites juste. On plonge avec cette femme dans une double vie dont on ne connaît pas les limites, et on se prend au jeu de voir comment elle maîtrise tout ça. Mais l’issue ne tient pas dans le secret qui se révèle inévitablement, plutôt dans les raisons qui l’ont poussée à créer cette double vie.»
«Je fais des spectacles où j’incarne une multitude de personnages, et où la folie est toujours présente. Antoine parle carrément d’une fêlure qu’il aurait vu en moi, et qui l’a attiré. Mon personnage d’époux aimant est bien plus linéaire que celui de Virginie. Mais la force du film vient du fait que chaque personnage l’entourant lui apporte sa dose insoupçonnée d’étrangeté. On a tous un peu de folie planquée quelque part en soi. Sans elle, on s’ennuierait un peu, non?»
«C’était une envie d’Antoine (Barraud, le réalisateur, NdlR) en fait. Que dans la vie quotidienne ces bourgeois soient un peu plus cools. Il y a le mot bohème dans ’bobo’ après tout. Avec Antoine, je m’attendais à une approche ultra cérébrale des rôles, qu’on parle du personnage ad nauseam. Mais il avait confiance en son histoire, et il nous a laissés libres de composer comme on le sentait. Tant mieux car si je suranalyse mon rôle avant de jouer, je perds mes moyens. Comme si on vous expliquait comment marcher, et que vous vous mettiez à réfléchir à chacun de vos pas.»
«Ah j’ai bien plus qu’une double vie, j’en ai dix mille. À chaque fois que je joue un rôle, j’ai une nouvelle vie. Je change aussi d’attitude d’une personne à l’autre, comme un caméléon. Je ne suis pas le même avec ma boulangère qu’avec mon petit cousin. Est-ce un manque de personnalité ou une pluralité d’identité, je ne sais pas (rires)!»
«Aucune info! On ne sait pas… On devait aller au festival de Cannes pour une émission spéciale en mai 2020. Je devais faire la voix en direct, ça allait être vraiment sympa. Mais bon, le virus a fait son show à la place, et je ne sais pas du tout où ça en est.»
«Flamandes de France, du côté de ma mère. Mon père, c’est plutôt la Sicile. Je ressemble sans doute un peu à Adamo (rires)! J’espère avoir de la belgitude en moi, c’est une belle folie. Bon, là je vous arrose de flagornerie mais si on y pense, les Italiens et les Belges sont connus pour leur sens de la comédie, je peux pas l’ignorer.»
«Dernièrement j’ai vu ’La Loi de Téhéran’, un film iranien qui m’a mis une claque. Une sorte de ’Midnight Express’ version iranienne! Quand on dit qu’en France la police est corrompue, on regarde ce film ensuite et on se calme. Parce que là, qu’on achète cinq kilos de drogue ou deux grammes, c’est la peine de mort. C’est pas comme en Belgique où on fume des pétards tranquille hein (rires)! C’est très violent à voir par contre, faut pas y aller si on sort d’une dépression… Quoique, il y a de la marge pour se dire qu’on s’en tire pas trop mal en fait.»
‘Madeleine Collins’ sort au cinéma le mercredi 02 mars
Propos recueillis par Stanislas Ide au festival de Venise
À quoi ressemblerait votre alter ego? Judith (Virginie Efira), une interprète mariée à un chef d’orchestre (Bruno Salomone) et mère de deux ados, a la réponse! Son alter ego vit trois jours par semaine à Genève avec Abdel (Quim Gutierrez), et leur fillette de six ans. Une double vie qu’elle mène sans difficulté, jusqu’à ce que son mari n’obtienne une super promotion, et lui fasse les yeux ronds quand elle refuse de le suivre… Tel son héroïne, ‘Madeleine Collins’ cache bien son jeu! Sur papier, l’histoire a tout d’un drame classique, alors qu’il s’agit d’un thriller hitchcockien, nous piquant nerveusement dès sa magnifique scène d’introduction. Dommage que la caméra s’assagisse ensuite, mais pas au point de nous perdre. Dans le rôle-titre, Virginie Efira continue son Grand Chelem au cinéma, et transcende le pitch mystérieux du film en retournant comme une crêpe le stéréotype de la femme double, jetant l’explication sur base d’hystérie aux oubliettes! Il était temps… (si) 3/5