«Colin Farrell est un poète déguisé en acteur», estime Kogonada, le réalisateur d’After Yang
Qu’est-ce qu’un humain? Dans le film «After Yang», le
«Quand même oui. Mais surtout d’un type de science-fiction spécifique, les histoires existentielles. Je peux davantage l’apprécier s’il ne s’agit pas que de technologie, si le film ose aussi aborder des thèmes plus grands. ‘Blade Runner’ est ce genre de film, ou ‘Arrival’ ou ‘Eternal Sunshine of the Spotless Mind’. Futuriste, mais quand même bien ancré dans notre monde.»
«Je devrais peut-être écrire une série qui s’intitulerait ‘White Mirror’. (rires) Je ne trouve pas qu’il faille, par définition, raffoler de toutes ces nouveautés technologiques, mais il ne faut pas non plus nécessairement en avoir peur. Il faut garder son regard critique. Dans cette histoire, j’étais intéressé par le lien émotionnel qu’on peut avoir avec la technologie.»
«C’est un des acteurs qui m’est tout de suite venu à l’esprit pour le rôle du père. J’ai vu la plupart des films dans lesquels il joue, et il rayonne toujours l’honnêteté. On sent aussi constamment une vraie vie intérieure dans ses personnages. Il n’a pas besoin d’en faire des tonnes. Il se met complètement au service du film. Je le qualifie de poète déguisé en acteur.»
«Ma vision sur la foi et la spiritualité évolue constamment. Le monde est si grand et je me sens si petit. Mais je suis ouvert à tout. Je suis constamment à la recherche de sens dans cette vie. J’ai déjà pesé et questionné à peu près toutes les religions. Je tends vers le bouddhisme, mais là aussi, je n’ai pas de certitude absolue.»
«Absolument. J’avais huit ans environ. J’étais dans ma chambre et je m’ennuyais. J’étais sur mon lit et, soudain, je me suis demandé comment c’était avant ma naissance. J’ai été submergé en comprenant qu’il y avait un temps où je n’existais pas. Et j’ai tout de suite compris qu’il y aurait à nouveau un temps où je n’existerais plus. J’ai couru vers mon père en pleurant. Il ne savait pas ce qui m’arrivait, du fait aussi que je n’arrivais pas à le formuler. Finalement, il m’a dit d’aller jouer dehors.» (rires)
À quelle époque précise se situe ‘After Yang’, on ne le sait pas. Pas très loin dans le futur, en tout cas. On suppose que le monde a vécu entre-temps une catastrophe (écologique?), mais sur ce contexte, le réalisateur Kogonada reste délibérément vague. Ce n’est pas non plus un film à grand spectacle. Ce sont les personnages qui comptent – deux parents et une fille adoptive – et le film les brosse avec douceur. Pour que l’enfant puisse se rapprocher de ses origines chinoises, la famille a acquis Yang, un gentil androïde baby-sitter. Lorsque Yang tombe en panne tout d’un coup, la fillette est inconsolable, et le père (Colin Farrell) promet de trouver une solution. Dans sa quête, il découvre cependant quelque chose d’étonnant. ‘After Yang’ est de la science-fiction qui clapote comme un petit ruisseau de montagne, un drame méditatif qui vous invite à réfléchir à ce qu’est un être humain. Kogonada a parfois un peu de mal à régler sa lentille thématique, mais le film rend tout à fait zen. (rn) 3/5