Comment l’eau est-elle animée dans un film en stop motion ? La technique va vous surprendre !

Metro a rencontré la réalisatrice néerlandaise Mascha Halberstad pour la sortie du film d’animation «Un amour de cochon». Elle nous a appris plein de choses intéressantes, notamment l’étonnante manière dont l’eau est animée dans un film en stop motion.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 5 min.

Un plateau rempli de marionnettes et d’objets que vous déplacez un petit peu à chaque fois et photographiez. Faites cela 24 fois et vous avez une seconde de film. C’est le principe du stop motion. Et si vous le faites bien, vous obtenez un petit bijou comme ‘Un amour de cochon’, le film d’ouverture du festival ANIMA la semaine dernière. Une vraie aventure, devant et derrière la caméra, pour la réalisatrice néerlandaise Mascha Halberstad.

‘Un amour de cochon’ est basé sur le livre pour enfants ‘De wraak van Knor’ de Tosca Menten. Comment ce livre s’est-il retrouvé entre vos mains?

Mascha Halberstad: «L’idée d’adapter un livre vient de ma productrice. Question d’avoir quand même un point d’appui. Je suis autodidacte, de toute façon. C’est mon premier long-métrage, après toute une série de courts. En fait, je voulais adapter ‘Les Deux Gredins’, de Roald Dahl. Je suis depuis toujours une immense fan de cet homme. Mais nous n’avons pas réussi à acheter les droits, et je suis donc entrée dans une librairie pour enfants à Arnhem et je leur ai demandé s’ils avaient quelque chose dans le genre de Roald Dahl? On m’a passé trois livres, et le premier que j’ai lu, était ‘De wraak van Knor’. Et j’ai tout de suite imaginé le film.»

Qu’est-ce qui vous attirait exactement dans cette histoire?

«Il y avait dedans tout ce que j’aime chez Roald Dahl. C’est un peu ‘edgy’, il y a un vilain papy, et les animaux sont toujours une bonne idée. Cela parle aussi de confiance, un thème que je trouve très attrayant. Vous savez que ce papy mijote quelque chose, mais vous pensez que le jeune personnage principal le fera changer d’idée. J’avais très envie aussi de développer les liens familiaux dans l’histoire. C’est nettement moins présent dans le livre. C’est quelque chose que la scénariste, Fiona van Heemstra, a mis en avant. Les relations entre les gens, je les trouve toujours intéressantes.»

Le film s’éloigne-t-il fort du livre, à part ça?

«Oh oui. Le cœur du livre est toujours là, mais c’est à peu près tout. Un livre fonctionne autrement qu’un film. Le déroulement de notre histoire est très différent. Le cours de dressage, par exemple, nous l’avons ajouté, tout comme le reporter de la télé et un tas d’autres choses. Nous en avons toutefois parlé avec Tosca Menten dès le départ. Elle était au courant de toutes les modifications. Et elle a déclaré en direct à la télé néerlandaise qu’elle trouve le film plus chouette que son propre livre. Heureusement.»

Il y a pas mal de caca-prout dans le film. Un ajout aussi, par rapport au livre?

«Non, cela y était déjà aussi. Je trouvais ça très marrant aussi dans le bouquin, même si c’est secondaire pour moi. Ce n’est pas la raison pour laquelle j’ai fait ‘Un amour de cochon’. Mais les enfants trouvent ça super, bien sûr.»

Dans votre court-métrage ‘Zwanger’ et le clip vidéo que vous aviez fait pour ‘Wild Frontier’ de The Prodigy, il y avait pas mal de fluides corporels aussi.

(rires) «C’est en effet un thème chez moi. Je l’avoue. J’aime les choses explicites. Et les choses avec des animaux. C’est aussi un thème qui revient souvent dans mon travail.»

Ce qui m’intrigue toujours dans le stop motion, c’est comment on anime des choses comme la fumée ou l’eau. Pouvez-vous lever un coin du voile?

«Ce qui est chouette avec le stop motion c’est que vous devez constamment résoudre ce genre de casse-tête. Je peux vous révéler comment nous animons l’eau. C’est quelque chose que je ne peux jamais raconter avec des enfants dans la salle. Le meilleur moyen, c’est avec du gel «KY», un lubrifiant que vous ne pouvez acheter que dans un sex-shop. Ce qui est rigolo, c’est que les gens se sentent toujours gênés avec ces choses-là. Par deux fois, nous avons envoyé une fille acheter ce gel. Ces deux membres de l’équipe ont, chacune à leur tour, précisé dans le magasin ‘Ce n’est pas pour moi, vous savez. C’est pour un film!’. En disant ça, on ne fait qu’empirer les choses, évidemment!» (rires)

‘Un amour de cochon’ est sorti en salles. ANIMA dure jusqu’au 26 février inclus (animafestival.be).

Notre critique du film «Un amour de cochon»

Au départ, Babs, 9 ans, n’est pas du tout contente lorsque son grand-père, un homme qu’elle n’a jamais connu, débarque d’Amérique… En plus, il peut loger dans la cabane de jardin qu’elle a retapée avec son meilleur ami Tijn. Mais sa colère s’évanouit lorsque le papy lui fait une formidable surprise pour son anniversaire: un porcelet! Babs baptise le cochon Chonchon et ils deviennent inséparables. Mais Chonchon a l’habitude de faire ses besoins partout. ‘Un amour de cochon’ est d’abord une aventure pour les jeunes spectateurs, qui s’amuseront énormément avec cette folle rigolade, les gags visuels et les personnages expressifs. Et cela devient même haletant, surtout quand Babs commence à soupçonner son papy de cacher un sombre secret. Mais le film est aussi plus que plaisant et assez inventif pour divertir un public adulte. Le premier stop motion néerlandais place la barre haut d’emblée, et on ne peut que s’en réjouir. 4/5