«El Buen Patrón», une satire grinçante sur l’arrogance du riche: «le monde du travail est devenu catastrophique»
Intelligence et humour. Pour le cinéaste espagnol Fernando León de Aranoa, ce sont les conditions de base pour un bon film. Ces deux conditions sont clairement réunies dans ‘El buen patrón’, une comédie sombre et mordante sur un patron d’usine avec un grand ego et des défauts inavoués. C’est après ‘Los lunes al sol’ et ‘Loving Pablo’ la troisième fois en outre que le réalisateur fait appel à son ami Javier Bardem.
En tant que réalisateur, vous dirigez tout le film. Êtes-vous un bon patron?
Blanco est-il sévère avec lui-même?
«Il le pense. Le titre du film est son point de vue. C’est ainsi que Javier [Bardem, l’acteur principal] et moi-même avons développé le personnage aussi. Blanco est toujours intimement convaincu de faire les bons choix. Il trouve qu’il fait ce qu’il doit faire pour sauver sa boîte et veiller à ce qu’elle tourne bien. Mais le problème, c’est justement qu’il va beaucoup trop loin. Il pense qu’il doit aussi contrôler et diriger la vie privée de ses salariés. C’était le point de départ du film.»
Estimiez-vous important de ne pas le dépeindre comme un vrai monstre?
«Vous savez, c’est très intéressant de voir comment les gens réagissent à sa personne. Je n’ai ja
Review
Soyons clairs: Julio Blanco (Javier Bardem) est persuadé d’être un bon patron. Il répète sans cesse qu’il considère son entreprise comme une grande famille et croit vraiment devoir aider tout le monde à résoudre n’importe quel problème. En réalité, cela signifie qu’il se voit comme une sorte de demi-dieu tout-puissant et qu’il se mêle de la vie privée de chacun. Au cours du film, il va découvrir cependant qu’il ne peut pas tout contrôler, a fortiori sa propre arrogance. ‘El buen patrón’ -‘Le bon patron’ donc- est une satire espagnole qui cherche le bon équilibre entre la farce amusante et la critique sociale caustique. Généralement avec succès, même si les métaphores que choisit le réalisateur-scénariste Fernando León de Aranoa sont parfois un peu pesantes (l’entreprise de Blanco fabrique des balances, p.ex.). Avec Bardem, toutefois, il dispose d’un roc dans le rôle principal, et la scène finale avec le vieux et la foreuse est peut-être bien la plus poignante que vous verrez cette année.