François Ozon de retour dans le drame romantique ‘Peter von Kant’: «Ce n’est pas un blockbuster»
Dans le drame romantique ‘Peter von Kant’, le prolifique réalisateur français François Ozon (‘8 Femmes’) s’attaque à un classique de son idole Rainer Warner Fassbinder. Et il remplace le personnage principal féminin par un homme. Un réalisateur passionné et détestable qui ressemble beaucoup à Fassbinder…
Le titr
Comme Peter von Kant dans le film, Fassbinder était connu pour son caractère irascible et son comportement parfois cruel sur le plateau. Vous arrive-t-il durant un tournage de vous dire «Là, je suis allé trop loin»?
«Non. Je ne pense pas être un tyran. Je n’aime pas les conflits sur un tournage. Je crois beaucoup plus en la collaboration. Je ne veux pas trahir ou tromper mes acteurs. Si nous tournons une scène de sexe, p. ex., j’explique toujours très bien comment je veux l’aborder, et je m’y tiens aussi. Certains réalisateurs aiment imposer leur pouvoir dans l’idée que les acteurs seront meilleurs ainsi. Je n’y crois pas du tout. Les acteurs n’ont pas besoin de ça. Ce sont des gens intelligents. Même s’il y en a aussi qui aiment bien qu’on les dirige d’une main de fer. Le masochisme ne leur étant pas étranger, s’ils veulent que je les traite de manière sadique, je peux le faire aussi.» (
Review
Pas besoin de connaître le réalisateur allemand Rainer Werner Fassbinder (‘Querelle’, ‘Berlin Alexanderplatz’) pour apprécier ‘Peter von Kant’, mais cela ne fait pas de mal non plus. Le réalisateur François Ozon ramène complètement à l’avant-plan le sous-texte autobiographique de l’original de Fassbinder, le film et pièce de théâtre ‘Die bitteren Tränen der Petra von Kant’ (à l’époque avec un personnage principal féminin). L’acteur principal Denis Ménochet semble même un clone du cinéaste, par moments. Ménochet se met à nu dans ce rôle d’un réalisateur à succès doté d’un égo surdimensionné qui aboie sur son personnel et sa famille et se perd complètement dans sa passion pour un jeune acteur. Le film se passe essentiellement dans un seul et même lieu, ce qui crée un sentiment claustrophobe. En même temps, Ozon débarrasse les dialogues d’origine de leur côté littéraire poussiéreux et y met nettement plus d’énergie. ‘Peter von Kant’ demeure théâtral mais n’en est pas moins reconnaissable pour autant. 3/5