Jamel Debbouze dans «Le Jouet»: «Ce que je dis le plus souvent, c’est non»

Pour son retour au cinéma, Jamel Debbouze a choisi le remake du ‘Jouet’ de Francis Veber, sorti en 1976. Son premier rôle en tête d’affiche (si, si), et l’occasion de faire le point sur plus de 25 ans de franche rigolade.

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

'Le Nouveau Jouet’ est un remake du ’Jouet’ de Francis Veber. Pourquoi avoir choisi ce film?

Jamel Debbouze: «C’est un film culte que j’avais bien sûr vu et aimé, sinon je n’y aurais pas été. Je trouvais que le postulat de départ était extrêmement fort, et qu’il colle encore aujourd’hui à notre temps. J’ai juste essayé de ne pas penser à Pierre Richard. Le plus possible parce que si j’avais cherché à l’imiter je l’aurais seulement singé. J’aurais fait du mauvais Pierre Richard, ça, c’est certain. J’ai essayé d’être au plus proche de moi, et de m’inspirer des choses qui m’étaient vraiment arrivées. Pour essayer de les transposer à cette histoire.»

Le couple que vous formez avec Alice Belaïdi est très attachant…

[L’air taquin] «Je vais vous dire pourquoi, c’est parce que c’est la première fois! Je vous jure, regardez mes films et vous verrez, je ne suis jamais en couple.»

Pourquoi?

[Se tortille un peu sur lui-même] «Jusque-là je n’avais pas trop envie d’avoir des personnages sexués. Ce n’était pas calculé, ça s’est fait naturellement, mais ce n’est pas ce que j’avais envie de raconter. Aujourd’hui je suis père (d’un fils né en 2008, et d’une fille née en 2011, NDLR), j’aime ma famille et je reçois en retour. Je n’aurais pas pu le jouer avant mais je pense en être arrivé au point où je trouve ça magnifique à raconter.»

Ça fait quoi de donner la bise à Daniel Auteuil?

«Alors écoute, c’est ce qu’on appelle la magie du cinéma. C’était improvisé, et j’en suis encore émoustillé si tu veux tout savoir. Rien qu’en parler, ça me file des vibrations. Blague à part j’ai adoré bosser avec lui. Ce bisou, dans le film, il s’y attendait pas. Et pourtant, t’as vu comment il joue le jeu derrière?»

Le film donne l’impression d’un grand retour alors que vous n’avez pas arrêté de jouer pour autant…

«C’est quoi un retour? Ça veut dire quelqu’un qui est parti? [Rit de bon cœur] Non mais je vois ce que vous voulez dire, mon dernier rôle imposant c’était il y a quatre ans avec ’Alad’2’. Alors on peut appeler ça un retour, on peut appeler ça une première fois aussi. Ça dépend du prisme. C’est la première fois que je tiens un premier rôle au cinéma. Et c’est la première fois que j’assume un rôle aussi pleinement. Mais j’ai jamais eu l’impression d’être parti parce qu’il y a pas une année où je n’ai pas écrit ou joué de la comédie. Je suis sur scène toute l’année au Jamel Comedy Club et une fois par an avec le Marrakech du rire.»

Vous cherchiez ce premier rôle depuis longtemps?

«Bien sûr que j’ai cherché. Mais en vérité, chercher ce n’est pas trouver dans mon métier (rires)! Ce qui marche le mieux, c’est ce qui s’impose à toi naturellement et par la force des choses. Ce film j’ai eu envie de le faire il y a 15 ans. J’ai été frapper à la porte de Francis Veber! Il m’a répondu qu’il n’avait plus les droits et que ce n’était pas le moment. Ça montre bien que les étoiles s’alignent quand ça leur chante.»

Vous êtes sollicité par de nombreux artistes. Vous arrivez à dire non parfois?

[Répond du tac au tac] «Très dur, très dur! C’est vrai, j’ai beaucoup de mal à dire non.

Et quand on me propose une collaboration, c’est une fête. J’ai la chance d’aimer mon métier, je ne vais pas bouder mon plaisir. Monter sur scène pour faire rire ou jouer la comédie, c’est extraordinaire. Mais figurez-vous que c’est ce que je dis le plus souvent, non. Je me fais violence et je dis non avec beaucoup de douleur. Même si, entre nous, [baisse la voix] ce n’est jamais moi qui le dis… J’envoie des gens (rires)!»

’Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre’ a 20 ans cette année. Est-ce que Numérobis est le rôle dont on vous parle encore le plus?

«On m’en parle beaucoup, c’est vrai. Mais ce qui revient le plus je pense que c’est la série ’H’. Puis quand je suis à l’étranger, bizarrement, c’est ’Amélie Poulain’ ou ’Angel-A’. Mais j’aime bien quand on me parle d’Astérix. Ça repasse souvent à la télévision, ça a marqué les gens, c’est un super film. Je le revois avec plaisir en famille, encore aujourd’hui.»

Qu’a-t-on pensé du film «Le Jouet» avec Jamel Debbouze?

L’argent fait-il le bonheur? Cette question vieille comme le monde était au centre du classique de Francis Veber ‘Le Jouet’ en 1976. Près de 50 ans plus tard, Jamel Debbouze remplace Pierre Richard dans ce récit d’un enfant riche demandant à son père (Daniel Auteuil) de lui acheter un humain pour en faire son jouet. Si le cynisme de l’intrigue et le thème de la transmission parentale demeurent, la comédie ne prend jamais vraiment. La faute à un montage privilégiant les flottements dramatiques aux coupures rythmées, ainsi qu’à une série de gags souvent téléphonés. Plus ennuyeux encore, l’étrange arrière-goût laissé par la conclusion, remettant soi-disant les puissants à leur place pour finalement mieux les installer. En dépit de ces réserves, le plaisir de retrouver Jamel Debbouze et son phrasé si familier sur le grand écran est instantané, d’autant plus qu’il s’agit étonnamment de son tout premier rôle en tête d’affiche. Bref, on a connu de meilleurs jouets, même recyclés.