Le documentaire sur Mickey Mouse sort sur Disney+ : «Mickey reste une souris, après tout»
S’il y a bien un personnage que tout le monde connaît, c’est Mickey! La joyeuse souris aux grandes oreilles a pourtant vécu plusieurs vies, dessinant un va-et-vient constant entre le divertissement pur et le symbole occidental, voire capitaliste. Une histoire que le cinéaste Jeff Malmberg relate dans le nouveau docu ‘Mickey: The Story of a Mouse’. Rencontre.
Disney vous a confié la réalisation d’un documentaire sur son personnage le plus cher. Pas trop la pression?
Jeff Malmberg : «Un peu, oui (
À quel point peut-on dissocier Mickey de Walt Disney, son créateur?
«Pour beaucoup de monde, Mickey perdure à ce jour dans l’inconscient collectif grâce à l’aura de Walt qui l’accompagne. Pour eux, Mickey est la seule figure permettant encore de s’approcher de Walt. C’est beau, mais aussi très drôle. Ça reste une souris après tout!»
Qu’est-ce qui vous a le plus étonné en fouillant dans les archives du studio?
«J’ai grandi dans les années ’80. C’était une période où Mickey était déjà devenu le symbole qu’il est aujourd’hui. Il était sur ma lampe de chevet et mes parents me faisaient faire la file à Disneyland pour prendre une photo avec lui. J’ai toujours aimé cette figure bienveillante mais je ne réalisais pas à quel point il avait accompagné, puis changé avec la culture populaire des États-Unis. Il a quand même servi de symbole de propagande pendant la Seconde Guerre mondiale, et de figure d’espoir et de débrouillardise lors de la Grande Dépression!»
En quoi le design circulaire de Mickey est-il si brillant?
«Les trois cercles formant son visage sont immédiatement reconnaissables, mais aussi très malléables. Les traits pour dessiner le reste du corps de Mickey sont tous courbés, ce qui complique le boulot des animateurs, mais donne une bonhomie particulièrement joyeuse au personnage. Surtout quand il marche et que les ronds s’articulent en bondissant. Ça lui donne aussi la capacité d’évoluer facilement avec le temps. Pas que dans le studio Disney d’ailleurs, puisque la contre-culture s’est emparée de Mickey dès les années ’60. Alors comment un petit dessin peut-il être le héros d’un film comme ’Fantasia’, puis servir de symbole pacifique pendant la Guerre du Vietnam? C’est fou, mais avec Mickey c’est possible! Qu’on le veuille ou non, Mickey est tellement imbriqué dans nos vies qu’il nous appartient un peu à tous. C’est pour ça qu’il y a eu tant de versions de Mickey. L’air du temps finit toujours par le gagner.»
En quoi Mickey a-t-il indiqué la marche à suivre pour le reste des personnages Disney?
«Je crois que tout est dans le mouvement. Il y a de la joie dans sa façon de bouger, tout comme dans les traits des dessins qui le composent. J’étais ravi de montrer dans le film le processus entier de création d’un dessin animé traditionnel. L’animation 3D c’est génial, mais je trouve plus de charme dans un coup de crayon ou de pinceau. Ces gestes sont chargés d’intentions, et ça se ressent à l’écran. Surtout si vous regardez les dessins animés du début des années ’40, quand le studio voulait souligner le côté gaffeur et comique de Mickey. Les dessinateurs ont allongé les courbes de son corps pour jouer avec son élasticité, et le tour était joué. Toutes ces techniques d’animation ont beaucoup évolué depuis l’apparition de Mickey en 1928, mais lui est toujours là!»
Pourquoi avoir inclus tant d’images de fans dans les parcs Disney?
«Parce qu'on le veuille ou non, c’est un endroit magique! J’ai un enfant depuis peu et je redécouvre le parc à travers ses yeux. Vous auriez dû voir son visage le jour où elle a rencontré Mickey! Est-ce que Mickey fait partie de notre ADN à ce stade? Je ne sais pas, mais c’était vraiment puissant.»
Mickey: The Story of a Mouse (disponible sur Disney+)
Fan de Disney ou non, nombre d’entre nous reconnaissent sans difficulté l’image de Mickey Mouse à la barre de son bateau à vapeur dans le court-métrage ‘Steamboat Willie’, sorti en 1928. Ce qu’on sait moins, c’est comment l’esprit visionnaire de Walt Disney a fait de cette petite souris l’icône du studio, puis le symbole d’un Occident régi par les États-Unis et le régime capitaliste. Son design circulaire, son apparition fortuite en plein lancement du cinéma parlant dans les années ‘20, puis son exploration enthousiaste du medium télé dans les années ‘50… Mickey a souvent eu le nez fin! Et le visage multiple, comme en témoignent les archives nous faisant voyager de ‘Fantasia’ au ‘Noël de Mickey’, en passant par le ‘Prince et le Pauvre’. Au bout du conte, ce sympathique docu de Jeff Malmberg demeure un peu trop révérencieux pour nous marquer, mais il parcourt la grande histoire de la petite souris avec suffisamment d’enthousiasme pour justifier le détour.