«Le tournage de la suite de ‘L’auberge espagnole’ a débuté», révèle Cédric Klapisch
Dans «En Corps», Cédric Klapisch filme la danse et l’expression de soi. Le réalisateur français prépare également la suite de «L’Auberge espagnole».
«Pas vraiment. Quand je pense à la danse, c’est plutôt dans le spectacle vivant. Je me suis demandé si je voulais qu’En Corps’ soit une comédie musicale. Assez rapidement j’ai balayé l’idée. C’est un film sur le monde de la danse, soit, mais sans la logique de ce genre spécifique et de ses codes. Et il n’y avait pas tant d’exemples de films comme ça. Bon, on me parle de ’Black Swan’, mais c’est un thriller, ça parle finalement très peu du monde de la danse… Et assez mal à vrai dire (rires)! Le terrain était donc assez vierge.»
«Oui, il faut se mettre à son service. Il y a trois styles dans le film: le classique, le hip-hop et le contemporain. Le hip-hop, ça se passe surtout au sol donc il faut filmer en plongée, ou carrément par terre. Le classique, c’est plus tourné vers le ciel et l’envol. Ça donne d’autres images à l’écran, ça vient naturellement. Et puis on s’est amusés avec notre fantaisie. Dans le ballet d’intro, les coulisses sont plutôt colorées en bleu, alors que la scène et la salle sont rouges. Le chaud, le froid, vous voyez l’idée. Mais ces couleurs se mélangent dans le spectacle final, et ça raconte quelque chose sur le parcours d’Elise.»
«J’aime quand on déborde du cadre. Ces rôles sont écrits, et ils sont bien là dès le début, mais ils sont susceptibles d’apporter quelque chose en impro. Comme la scène où Pio Marmaï mime la mort d’un gangster pour faire marrer les danseurs. Au départ, il y avait simplement écrit ’Pio fait le con’. Je ne savais pas que la scène allait devenir cette superbe leçon de faux ralenti.»
«Un peu, sans doute. À mes débuts, je voulais rentrer dans une école de cinéma prestigieuse à Paris, mais j’ai raté deux fois le concours. Ça, ça a été une blessure, comme le pied d’Elise dans le film. Mais j’ai fait autrement, je suis parti deux ans dans une école de cinéma à New York, et on retrouve un peu de cette tranche de vie dans ’L’Auberge espagnole’. Parfois, les grandes blessures fabriquent nos dépassements.»
«On est en tournage à Athènes là, il y aura vingt-quatre épisodes! C’est bien la suite de l’histoire, et ça parle des deux enfants de Xavier et Wendy, qui maintenant ont la vingtaine. Ça parle de la nouvelle jeunesse européenne, et on s’amuse vraiment beaucoup. C’est agréable de continuer cette expérience de vie entamée il y a plus de vingt ans. Mais plus que ça, c’est nécessaire de montrer que l’Europe est en train de devenir quelque chose d’assez positif. Le Brexit a beaucoup questionné sa raison d’être, mais je crois qu’elle est encore en construction.»
Notre critique d’
C’est bien connu, il faut parfois tomber pour mieux se relever. C’est en tout cas ce qu’apprend Elise, une ballerine de vingt-six ans forcée de remettre sa carrière (et sa vie) en question suite à une fracture. Et comme le lui annonce chaleureusement le personnage de Muriel Robin: C’est pas plus mal que t’en chies un peu, toi’! Oubliez les geignardises de son dernier film (‘Deux moi’) et soufflez un bon coup, Cédric Klapisch a retrouvé sa forme d’antan. Et si la reconstruction d’Elise au centre du récit frôle parfois le bingo du coaching bien-être (la perfection est une chimère, le saviez-vous?), la joyeuse galerie de personnages secondaires orbitant autour d’elle vaut largement le détour. Qu’il s’agisse des sages conseils de Muriel Robin, de la bonhomie de François Civil, de la maladresse paternelle de Denis Podalydès, ou des fabuleuses engueulades entre Pio Marmaï et Souheila Yacoub, chaque note vient nourrir les jolies intentions de Klapisch, et son impressionnante faculté à sonder l’air du temps. (si)