M. Night Shyamalan à propos de son thriller ‘Knock at the Cabin’ : «J’aime les histoires de fin du monde»

Il s’y est fait entre-temps: depuis ‘Sixième Sens’, nous associons inévitablement le nom de M. Night Shyamalan au suspense et aux idées surprenantes. C’est ce qu’on retrouve aussi dans son nouveau film ‘Knock at the Cabin’, où un un couple et leur fillette en vacances voient débarquer, dans leur cabane au fond des bois, quatre inconnus bizarres et inquiétants qui leur annoncent la fin du monde.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 5 min.

D’abord ‘Signes’, puis ‘Phénomènes’, et maintenant ce film. Qu’est-ce que vous avez avec la fin du monde?

M. Night Shyamalan: (rires) «Bonne question. C’est simple, j’aime ces histoires. À la maison, j’ai des affiches de ‘Night of the Living Dead’ et ‘Les Oiseaux’ aux murs. Les histoires de catastrophes mondiales vues par quelques personnages me plaisent. J’ai des idées pour trois nouveaux films, et un des trois parle de ça aussi. Ce n’est d’ailleurs pas cette catastrophe qui m’intéresse, mais la façon dont nous y réagissons en tant qu’être humain. Souvent, on voit alors que c’est là où nous nous retrouvons justement, ce que je trouve très beau et émouvant.»

Qu’est-ce qui vous intéressait en particulier dans le livre ‘The Cabin at the End of the World’, dont s’inspire ‘Knock at the Cabin’?

«Le point de départ. Une famille qui doit choisir entre elle-même et l’humanité, pour le résumer ainsi. C’est pourquoi j’ai aussi changé la seconde moitié du livre. Je trouvais que ces personnages devaient effectivement faire un choix. Sinon, ça ne tient pas. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai choisi un autre titre, pour indiquer que je fais autre chose avec la même idée de base.»

La famille du film est composée de deux pères et d’une fille adoptive. Trouviez-vous important de montrer cette composition dans un film mainstream?

«Je n’y ai jamais réfléchi. C’est déjà comme ça dans le livre aussi. Pour moi, il s’agit d’une famille ordinaire et d’une histoire d’amour à laquelle je peux très fort m’identifier. Peut-être bien le plus fortement de toutes les relations que j’ai déjà montrées dans un film. On voit deux personnes qui s’aiment de toute leur âme, et leur enfant aussi. Le sexe des membres de la famille n’a pas d’importance.»

Tout le film pour ainsi dire se passe dans un seul lieu. Comment fait-on pour maintenir une dynamique?

«C’était le grand défi pour moi. Je voulais que chaque scène soit, en tant que telle, intéressante à voir et révèle aussi quelque chose des personnages et de leur évolution. Il ne fallait surtout pas que je me répète, car ce serait néfaste pour le suspense et pour les relations entre les personnages. Nous n’avions qu’un petit budget aussi. Ces huit ou neuf dernières années, je me focalise sur des films plus modestes, car j’ai ainsi plus de marge de manœuvre. Le revers de la médaille, c’est que je dois essayer de faire tout aussi bien, avec moins de moyens.»

Cela fait déjà 24 ans que vous avez percé avec ‘Sixième Sens’, mais vous avez continué à faire des thrillers. Comment votre rapport avec le genre a-t-il évolué?

«Vous savez, j’ai toujours été un gars très émotif. Limite sentimental même. Cela se voyait surtout dans les deux films que j’ai tournés encore avant ‘Sixième Sens’. Ils débordaient de sentiments positifs. Mais ce n’est que lorsque j’ai décidé de faire un film de genre et d’admettre aussi l’obscurité dans mon histoire, que j’ai pu toucher le public. Cela m’a appris qu’il faut toujours chercher un bon équilibre entre lumière et obscurité. ‘Sixième Sens’ était émouvant aussi, mais les scènes sensibles avaient plus d’impact parce qu’il y avait aussi cet autre aspect.»

Vous faites comme d’habitude un caméo dans ‘Knock at the Cabin’. Saviez-vous d’emblée comment l’aborder?

«Non! Je pensais que cette fois ça n’irait pas du fait que le film se passe dans un seul lieu. Mais tout d’un coup, j’ai eu une idée, un peu comme Hitchcock l’a fait dans ‘Lifeboat’. Ce film se passe intégralement dans un petit bateau et on le voit quand même furtivement. Mais je préfère ne pas en parler. Je n’ai pas envie que le public passe son temps à me chercher.» (rires)

KNOCK AT THE CABIN

Vous les connaissez ces thrillers de ‘home invasion’, où des intrus s’introduisent dans la maison des personnages principaux et leur pourrissent la vie. ‘Knock at the Cabin’, le nouveau film de M. Night Shyamalan (‘Sixième Sens’), trouve un angle inhabituel pour ce genre. Et si les intrus n’avaient pas du tout de mauvaises intentions ? Et s’ils voulaient même sauver le monde, en fait ? On imagine qu’Eric, Andrew et Wen, leur fille adoptive de 8 ans (les héros de cette histoire), seraient ravis de coopérer. Mais il y a un hic : pour sauver l’humanité, l’un d’eux doit mourir. Et aussi fou que cela paraisse, la télé dans leur cabane au fond des bois montre une succession de catastrophes qui s’abattent sur le monde. ‘Knock at the Cabin’ repose longtemps sur son point de départ intriguant et Shyamalan ne pousse jamais vraiment la tension à son paroxysme, comme s’il n’osait pas aller jusqu’au bout. Que le dénouement soit plus lâche que poignant n’est donc pas surprenant.

‘Knock at the cabin’ sort en salles aujourd’hui

3/5

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