«Même les souris vont au paradis»: un film qui aborde de façon simple des thèmes difficiles

Comment parler de la mort et de la solitude à un tout jeune public? Le couple tchèque d’animateurs, Denisa Grimmová et Jan Bubeníček, a trouvé un bon moyen avec des marionnettes dans un film charmant. ‘Même les souris vont au paradis’ raconte l’histoire d’une souris qui fuit un renard et se rend compte tout d’un coup qu’ils sont tous les deux arrivés dans l’Au-delà. Une aventure pleine de surprises les y attend.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 3 min.

‘Même les souris vont au paradis’ est basé sur un livre pour enfants de l’écrivaine tchèque Iva Procházková. Qu’a-t-elle de si particulier?

Denisa Grimmová : «Nous avons trois enfants et nous connaissons très bien ses histoires. Ce livre-là surtout est très populaire en Tchéquie, où il a aussi reçu de nombreux prix. Il aborde de façon très simple des thèmes difficiles, sans que cela ne vous déprime. On dirait une histoire gentillette mais elle recèle toutes sortes d’autres sujets.»

Le livre est-il très différent du film?

Jan Bubenícek: «Il est surtout beaucoup plus mince. (rires) Le début, la fin et l’essentiel sont pareils, mais c’est à peu près tout. Du livre, on ne pourrait tirer qu’un film de 20 minutes, selon moi. Nous y avons ajouté beaucoup de nouveaux personnages, de trames narratives et de couleurs.»

Pas si facile, j’imagine, quand on touche à un livre pour enfants tant apprécié.

Bubenícek: «En fait, le seul grand défi, c’était d’ajouter un sentiment de danger dans l’histoire. Il n’y en a pas dans le livre, mais pour un film, c’est nécessaire, pour que l’intrigue perdure. Chez nous, le ciel a aussi un aspect différent, avec un parc d’attractions, auquel on peut devenir accro. Ou une forêt où on rencontre sa plus grande peur.»

Le film m’a souvent fait penser à ‘Pinocchio’, avec la quête du père, la foire, la baleine. Une source d’inspiration pour vous?

Grimmová: «Non, c’est le hasard. Mais ce n’est pas grave non plus de travailler avec des clichés. Cela rend l’histoire compréhensible pour un jeune public. Et cela lui permet de s’intéresser davantage à des thèmes plus profonds.»

Au festival ANIMA, ‘Même les souris vont au paradis’ fait partie d’un focus sur le foisonnement de l’animation tchèque. Comment expliquez-vous ce renouveau?

Bubenícek: «De 1945 à la fin des années 1980, notre industrie de l’animation a reçu énormément de soutien de l’État. Cela a attiré beaucoup de talents et fait notre réputation au niveau international. Après la chute du Mur, tous les grands studios se sont effondrés, mais nous avions toujours dix écoles d’animation, dont sortaient chaque année quelque 130 nouveaux réalisateurs. Vers 2010, la situation s’est à nouveau améliorée, car le Fonds national pour le cinéma a repris ses financements. Et une nouvelle génération de producteurs qui voulaient faire des longs-métrages plutôt que quelques courts-métrages est arrivée. Nous devons toujours travailler avec des budgets minimes, mais grâce aux nouvelles technologies numériques, nous y arrivons.»

‘Même les souris vont au paradis’ est programmé au festival ANIMA 2022 et sera disponible en VOD dès le 5 avril.