Rencontre avec Philippe Lacheau pour Super-héros malgrè lui: «Comme tous les enfants, j’ai rêvé d’être un super-héros»

Dans «Super-héros malgrè lui», Philippe Lacheau parodie Marvel et consorts. Rencontre avec le réalisateur et comédien qui «a grandi avec l’irrévérence de l’humour Canal+».

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

Après Nicky Larson, le réalisateur et comédien Philippe Lacheau (‘Babysitting’, ‘Alibi.com’) s’attaque à un autre monstre de la pop culture, les films de super-héros! Sans rien perdre de son humour potache et régressif habituel! Entre souvenirs d’enfance devant Canal+ et une cinéphilie sans limites, Philippe nous dévoile la formule Lacheau.

Depuis quand vous intéressez-vous aux super-héros?

Philippe Lacheau : «Enfant, comme tous les gosses, j’ai rêvé d’être un super-héros. Dans ma génération, ça a commencé pour pas mal de monde avec le film ’Superman’. Celui de Richard Donner avec Christopher Reeves, le tout premier. Et là depuis vingt ans, je découvre avec pas mal d’appétit tous ces blockbusters qui nous tombent dessus. Le premier ’Spider-Man’ a vingt ans déjà quand même. C’est chaud, hein? J’ai donc suivi tous ces films, dont certains que j’ai adorés, d’autres moins. [Marque un temps] Il y en a beaucoup là quand même ces jours-ci, peut-être trop. Quoique non, même dans l’overdose, ils arrivent à renouveler le genre. Regardez ’Joker’, c’est un film d’auteur! On ne se contente plus uniquement du grand spectacle des ’Avengers’ ou du dernier ’Spider-Man’, que j’ai adoré.»

Et comment avez-vous choisi ce sujet pour votre nouvelle comédie?

«À la première réunion, on n’a même pas parlé de super-héros pour l’histoire. Le sujet qui nous branchait, c’était la perte de mémoire. J’avais revu ’La Mémoire dans la peau’ avec Matt Damon, et je me suis dit qu’il y avait un potentiel comique énorme dans la perte de mémoire. Très vite, avec les copains, on s’est dit que ce serait plus fou, et plus drôle, qu’il tourne dans un film de super-héros. Une espèce de ’Batman’ à la française, médiocrement rebaptisé ‘Badman’ pour l’occasion (rires).»

Parlez-nous de la scène du faux baiser renversé de Spider-Man…

«Quand on a choisi le sujet, on a énuméré tous les films qui existent, toutes les scènes les plus cultes, pour voir comment s’amuser avec. Très vite, la scène du baiser de ’Spider-Man’ s’est imposée comme une évidence. On s’est rendus compte que c’était le moment le plus référencé, et le plus iconique du genre. Tout le monde la connaît!»

Le film ne se gêne pas pour se moquer gentiment du cinéma français…

«Il n’y a rien à critiquer, on part juste d’un constat pour s’amuser un peu: les blockbusters américains ont parfois des budgets de 300 millions de dollars, ce qu’on n’a pas du tout en France. Et c’est normal d’ailleurs, c’est pas le même marché. Faut faire avec les moyens du bord, même si nous on s’estime gâtés. Franchement, on peut faire des films en dormant sur nos deux oreilles, c’est de la chance ça! Et on ne se refuse pas grand-chose, comme des scènes d’action et un certain sens du spectacle. On a la chance d’avoir ces moyens-là. Pour autant, on reste des nains par rapport aux grosses machines américaines. On n’a pas forcément leur argent, mais on a des idées, et c’est le principal.»

Le héros du film rêve de tourner avec Alain Belmont, présenté comme une star incontournable du cinéma français. Qui serait votre Belmont à vous?

«Il y en a plein! Je sais qu’il est presque de ma génération, mais j’ai envie de dire Jean Dujardin. Je suis extrêmement admiratif de ce qu’il fait. Et Alain Chabat bien sûr!»

L’humour des Nuls et de Canal+ en général vous a marqué dans votre enfance?

«Ah certainement! C’était un humour plus irrévérencieux que ce qu’on voit aujourd’hui. J’ai l’impression qu’à l’époque il y avait Les Inconnus sur la télé publique, et qu’ils plaisaient à tout le monde. Et puis il y avait cet humour Canal+, beaucoup plus clivant. Il y avait plus de gros mots, de vannes en dessous de la ceinture. Et encore, ça changeait souvent, il y a eu plusieurs étapes avec Les Nuls, Groland, Jamel Debbouze, Omar et Fred, les Robins des Bois… Mais toujours avec cette touche de subversion.»

Quel est votre super-héros préféré?

«Pour moi c’est Kylian Mbappé! Et plus sérieusement… Deadpool (incarné par Ryan Reynolds au cinéma, NDLR). Il est drôle, trash et subversif, tout ce que j’aime.»

Notre critique de «Super-héros malgré lui»

Cédric (Philippe Lacheau) rêve d’être un acteur célèbre et de rendre son père commissaire de police (Jean-Hugues Anglade) fier de lui. Découvert par une productrice vénale (Chantal Ladesou, du bonheur en barre), il se retrouve en tête d’affiche de ‘Badman’, le premier super-héros français. Un accident de bagnole dans la ‘Badmobile’ plus tard, Cédric perd la mémoire et se prend soudain pour un vrai justicier. Au point de se fritter avec la mafia, la vraie, et de finir suspect numéro dans l’enquête de son paternel. Comme quoi, l’absence de pouvoir n’efface pas toutes nos responsabilités… L’humour potache, on aime ou on n’aime pas! Mais Philippe Lacheau a beau s’entêter à nous servir des blagues de cour de récré, il a le talent de les réaliser avec un véritable œil de cinéaste, écartant ses longs-métrages du piège du film à sketches (coucou ‘Scary Movie’). Malheureusement, après son adaptation réussie de ‘Nicky Larson’, ce nouvel opus dégaine des blagues trop inégales. Au final, un constat: Lacheau a beau favoriser les blagues de sexe, c’est quand il s’en éloigne qu’il nous convainc le plus. (si) 2/5