« Serre-moi fort » de Mathieu Amalric : «Le film se passe entièrement dans l’imagination d’une femme»
On le connaît surtout pour ses rôles dans ‘Le Grand Bain’, James Bond, ou ‘Le Bureau des légendes’, mais Mathieu Amalric s’amuse tout autant derrière la caméra. Son nouveau long-métrage en tant que réalisateur dessine un trauma amoureux en forme de puzzle, et été présenté à Cannes en juillet dernier… près de deux ans après avoir été bouclé!
Ça y est, votre film sort enfin. Soulagé?
Mathieu Amalric: «Oh oui! Quand un film reste si longtemps sur une étagère, tu passes à autre chose. Bon, parfois tu y reviens pour changer deux ou trois choses au montage, histoire de vérifier que le bébé est encore vivant (
Ça vous arrive souvent de fantasmer d’autres réalités à partir d’un événement précis?
«On le fait tous, non? Surtout après une séparation! Parler aux absents, s’inventer des dialogues entiers, je le fais, oui. C’est pour ça qu’un nerf a été touché quand j’ai lu la pièce (de Claudine Galéa, NdlR). J’étais dans un train, et j’ai pleuré comme un bébé.»
D’où vient la forme kaléidoscopique du récit?
«Dans ce film, il y a de l’imagination comme du réel. Immédiatement, je me suis dit qu’il faudrait qu’il n’y ait pas de frontière entre les deux, ni esthétique, ni narrative. Ça peut engendrer une séparation amoureuse. Il n’y a plus de temporalité, on est en petits morceaux.»
Comment avez-vous choisi le comédien belge Arieh Worthalter?
«Arieh, c’est un animal sauvage, comme Vicky, sa partenaire dans le film. C’est le genre de gars qui marche beaucoup, qui peut disparaître deux ans dans la nature, et changer d’état. Je suis ravi du résultat. Et pourtant, si on fait gaffe, ils n’ont que très peu de scènes ensemble. Mais on les sent connectés pendant tout le film.»
La musique a une place importante dans votre filmographie…
«Oui, j’ai fait du piano lorsque j’étais enfant. Je fais du cinéma parce que je n’ai pas pu devenir musicien. Je ne suis pas le seul d’ailleurs. Le cinéma, c’est un art impur qui accueille des gens ayant raté autre chose. Et c’est très bien comme ça!»