«Un crime inconcevable»: la réalisatrice Alice Diop à propos de «Saint Omer»
Grand Prix au Festival de Venise, Grand Prix au Film Fest Gent, candidat français aux Oscars, tout s’accélère pour la réalisatrice Alice Diop. Et dire que ‘Saint Omer’ n’est que son premier long-métrage de fiction, après deux documentaires. Mais il faut dire que cette histoire d’une écrivaine, Rama, qui assiste au procès d’une jeune mère qui a causé la mort de son enfant, prend à la gorge.
À quoi exactement le titre ‘Saint Omer’ fait-il référence?
‘Saint Omer’ parle en grande partie de relations mère-fille, et de l’expérience de femmes noires en Europe. En tant qu’homme blanc, j’avais parfois le sentiment de ne pas tout comprendre. Est-ce normal?
«Vous savez, je suis persuadée que vous avez compris bien plus que vous ne le pensez. Je n’aime pas les films qui prémâchent tout et prennent le spectateur par la main. Je préfère laisser la liberté au public. Aucune interprétation n’est plus juste ou plus valable qu’une autre. En tant qu’homme belge, vous verrez d’autres choses. En parlant avec des spectateurs, je continue d’ailleurs de découvrir constamment de nouvelles choses sur mon film, sur l’accusée, Fabienne Kabou, sur mes sentiments envers elle et sur la société dans laquelle je vis.»
Quelle est l’importance de l’infanticide dans le film?
«Ce n’est pas ce qui m’intéressait. J’étais principalement captivée par la complexité de cette femme sur le banc des accusés. Je n’arrivais pas à la cerner. Cela m’inspirait de créer un personnage principal fictif qui a plus de substance que la plupart des femmes noires que l’on voit à l’écran. Rama enseigne à l’université, est névrosée, et lutte contre des choses que les femmes de toutes les couleurs de peau peuvent reconnaître. C’est ma manière de montrer qu’un personnage noir peut être aussi universel que n’importe quel autre.»
‘Saint Omer’ sort en salles le mercredi 30 novembre.
Synopsis
Comment une jeune mère peut-elle se résoudre à tuer son bébé? Et pourquoi dit-elle au tribunal qu’elle n’est pas responsable? Ce ne sont que quelques-unes des questions profondes que la réalisatrice Alice Diop aborde dans son premier film de fiction, le remarquable ‘Saint Omer’. Un film pas facile, du fait qu’il invite à chercher soi-même des réponses. Mais la mise en scène précise et sobre vous aspire tout de même dans l’histoire. Tout comme l’interprétation insondable et donc terrifiante de Guslagie Malanda sur le banc des accusés.