«Une vie démente» et «Un monde», grands gagnants des Magritte du cinéma
«Une vie démente» d’Ann Sirot et Raphaël Balboni et «Un monde» de Laura Wandel, deux premiers longs métrages, ressortent grands gagnants samedi de la 11e cérémonie des Magritte du cinéma, avec sept prix chacun.
«Une vie démente» d’Ann Sirot et Raphaël Balboni a été désigné samedi «Meilleur film» face à «Adoration» de Fabrice du Welz, «Filles de joie» de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich, «Les intranquilles» de Joachim Lafosse et au premier film «Un monde» de Laura Wandel.
Au cours de la soirée, le long métrage s’est par ailleurs distingué dans les sections «Meilleur scénario original ou adaptation», «Meilleure actrice» (Jo Deseure), «Meilleur acteur» (Jean Le Peltier), «Meilleur acteur dans un second rôle» (Gilles Remiche), «Meilleurs décors» et «Meilleurs costumes».
«C’est étonnant cette situation où ce sont finalement les premiers films qui se retrouvent à être le plus récompensés. C’est très encourageant de nous donner, à nous qui débutons dans le long format, cette place-là», a réagi Ann Sirot à l’issue de la cérémonie. «C’est important d’être mis en avant par ses confrères, par les gens qui comme nous travaillent à faire exister des films.»
«On est très surpris mais très contents. On est très heureux pour les interprètes du film car ils ont énormément contribué au projet», a renchéri son comparse Raphaël Balboni.
«Une vie démente» offre un regard nuancé sur la maladie d’Alzheimer. «Ce qui est peut-être inhabituel dans ’Une vie démente’, c’est l’angle, c’est de parler avec humour d’une situation très grave, de donner ce regard-là sur la maladie, à la fois chargé de tristesse mais aussi de toute la richesse qu’il y a à vivre là-dedans», a encore estimé Ann Sirot.
Sept prix également pour «Un monde»
De son côté, Laura Wandel a elle aussi raflé sept trophées avec «Un monde», qui avait déjà marqué les esprits sur la Croisette lors du dernier Festival de Cannes.
Les jeunes acteurs Maya Vanderbeque et Günter Duret, qui crèvent l’écran dans cette production, ont respectivement été sacrés Meilleurs espoirs féminin et masculin. Agée de 11 ans, Maya Vanderbeque interprète le rôle de Nora, une fillette qui, désemparée, découvre que son grand frère Abel (Günter Duret) est victime de harcèlement scolaire. Sur scène, les deux acteurs ont remercié Laura Wandel et l’équipe du film pour leur accompagnement durant la réalisation du long métrage.
Au cours de la soirée, «Un monde» a également été récompensé des Magritte du «Meilleur premier film», de la «Meilleure réalisation», de la «Meilleure actrice dans un second rôle» (Laura Verlinden), du «Meilleur son» et du «Meilleur montage».
«On fait une seule fois un premier film dans sa vie et je n’aurais pas cru que ce film aurait eu un tel parcours», a déclaré Laura Wandel, rendant hommage dans son discours à la réalisatrice Chantal Akerman, décédée en 2015 et qui lui avait donné envie de faire du cinéma.
«Je partage ces Magritte avec toute mon équipe que je remercie chaleureusement pour sa ténacité et son travail mais aussi de se battre au quotidien pour un cinéma qui nous est cher», a encore souligné la jeune cinéaste, remerciant au passage ses comédiens Maya Vanderbeke «pour avoir donné toute sa force à ce film» et Günter Duret «pour son courage et son endurance».
La suite du palmarès
Pour le reste du palmarès, «Titane» de Julia Ducournau a été sacré «Meilleur film étranger en coproduction» et «La civil» de Teodora Ana Mihai «Meilleur film flamand».
Côté court métrage, «Sprötch» de Xavier Seron s’est imposé en fiction, «On est pas près d’être des super héros» de Lia Bertels en animation et «Mother’s» d’Hippolyte Leibovici en documentaire.
En ce qui concerne les documentaires long format, c’est «Petit samedi» de Paloma Sermon-Daï, qui est reparti avec les félicitations.
Un Magritte d’honneur a en outre été remis à titre posthume par Jane Birkin à la cinéaste Marion Hänsel. La chanteuse et comédienne anglaise, naturalisée française, avait campé en 1985 l’héroïne de «Dust», qui avait valu à Marion Hänsel le Lion d’Argent à la Mostra de Venise.
En raison des mesures sanitaires, seuls les nommés des 22 catégories récompensées ont participé au show, présidé cette année par le cinéaste belge Thierry Michel, fer de lance du cinéma documentaire en Belgique.
La mise en scène de la soirée avait, elle, été confiée à Nathalie Uffner, directrice du Théâtre de la Toison d’Or, entourée de Myriam Leroy et Sébastien Ministru pour l’écriture et la scénarisation.
A l’animation, on retrouvait pour la première fois une troupe de cinq comédiens et stand uppers composée de Laurence Bibot (mère de la chanteuse Angèle), Dena, Ingrid Heiderscheidt, Achille Ridolfi et Bwanga Pilipili. Des drag queens ont également apporté leur touche de bonne humeur à la soirée.