Virginie Efira, nonne lesbienne mystique dans «Benedetta»: «les scènes de sexe n’étaient pas du tout sexy»
Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec Paul Verhoeven?
Virginie Efira: «Oui, très bien. Il y a quelques années, mon agent m’a appelée en me demandant si je voulais auditionner pour son film ’Elle’. J’étais ravie de le rencontrer, surtout que je parle ‘een beetje Nederlands’ (Paul Verhoeven est Hollandais, NDLR)! J’ai donc passé l’audition, et il m’a prise. C’était juste dix jours de tournage, mais c’était très intéressant. Par contre je n’aurais jamais imaginé qu’il me proposerait derrière un rôle principal!»
‘Benedetta’ raconte l’histoire vraie de Benedetta Carlini, nonne mystique du XVIIème siècle qui fut jugée pour ‘sapphisme’. Certaines scènes sont d’ailleurs assez osées. Pensez-vous que le film peut choquer?
«J’ai parlé avec des gens élevés dans la religion chrétienne qui n’ont pas été choqués par le film, parce qu’ils ont bien vu que l’histoire est racontée par le prisme de Benedetta. Le film ne critique jamais la foi, mais le pouvoir politique, et religieux. Les scènes de sexe, j’ai trouvé qu’elles n’étaient pas du tout sexy. Mon personnage est plus erratique qu’érotique! Je pense que ça peut être choquant si on raconte juste quelques scènes sans avoir vu le film entier.»
Auriez-vous accepté le rôle avec un(e) autre cinéaste?
«Bonne question. J’ai dit oui à Paul sans même lire le scénario, parce que je voulais travailler avec lui. J’ai vu quasiment tous ses films, je suis une grande fan. Donc quelqu’un d’autre, je ne sais pas – et pas seulement à cause des scènes de nu, car l’ensemble du projet est quand même spécial. Peu de cinéastes s’intéressent à ce langage-là du corps.»
On ne dirait pas comme ça mais ‘Benedetta’ est aussi un film drôle!
«Absolument! Il y a souvent de l’ironie dans les films de Verhoeven. Ça permet de parler de choses profondes sans se prendre trop au sérieux.»
Pour vous quel est l’aspect le plus intéressant du film?
«Difficile de choisir un seul. D’abord il y a la force de la croyance. Je crois qu’il y a quelque chose de plus grand que nous, et que l’art est une forme de transcendance: ça donne du sens à l’existence. Ensuite, il y a l’idée du corps triomphant, ce corps qu’on voudrait nier mais qui existera toujours. Une autre question intéressante du film c’est: à qui appartient le corps des femmes?»