Amir: «C'est le reflet du grand plaisir qu'on a d'aller en studio. Lorsque l'on est en période de création, on a beaucoup de choses à dire et de mélodies à partager. On s'est dit qu'on ne pouvait pas se séparer de ces 19 chansons et je suis fier parce qu'elles racontent une histoire généreuse, variée et éclectique. C'est le reflet de ce que je suis: un mélange d'ethnies et de cultures musicales, la somme de beaucoup de choses au final, et j'en suis très fier.»
«Oui, c'est mon identité musicale. Cela ne se voyait peut-être pas trop par le passé parce que j'essayais de me focaliser sur de la pop française, mais sur cet album, j'ai puisé dans mes racines et dans ce qui me berçait dans ma jeunesse. Même quand des styles musicaux sont radicalement différents, il est possible, grâce à un prisme très personnel, de créer des chimères très personnelles qui sont les nôtres.»
«Je dirais plutôt qu'il est moins pudique car j'y raconte mon intimité avec moins de filtres et moins de freins. Ce n'est pas spécialement facile pour moi de partager ce que j'ai sur le cur et j'ai toujours le besoin de me protéger derrière une histoire qui relève de la fiction, ou a minima ne pas trop en dire. Mais je pense que c'est l'évolution de ma relation avec le public qui m'a permis d'être plus à l'aise à ce niveau-là.»
«Très honnêtement, cela a peut-être surpris tout le monde parce que je me montre sous une nouvelle lumière, mais mes proches et, d'après ce ce que je peux lire sur les réseaux sociaux, et mon public sont contents que je sois allé plus loin. Ils estiment que c'est mon meilleur album jusqu'à présent et cela me touche beaucoup de l'entendre.»
«Évidemment, parce que quand on est dans un échange avec les réseaux et les médias, on a moins de temps de regarder ce qui se passe à l'intérieur et on se préoccupe beaucoup plus de la surface, l'extérieur prend le dessus. J'avais besoin de prendre un break pour mille raisons et il m'a permis de creuser, de réfléchir, d'analyser, de décortiquer. J'ai remarqué que j'avais un noyau intérieur d'émotions que je n'avais jamais mis en avant. J'ai laissé quelque chose stagner et c'est quand j'ai mis de côté l'aspect public et que j'ai été seul face à moi-même, que j'ai été le plus inspiré. J'ai dû affronter mes faiblesses, j'ai dû me réconcilier avec et parfois les résoudre, mais cela a été une démarche très saine.»
«Exactement. J'aurais pu l'appeler «Racines», ou «Bases», mais dans ce mot, ce qui me plaisait, c'est qu'au-delà de la première lecture qui explique clairement que je me suis ressourcé, il y a également une seconde lecture qui dit «retour aux sources», et c'est vrai que mon enfance ainsi que ma vie banale avant de connaître la notoriété, sont très présentes sur l'album. Tous mes souvenirs de jeunesse sont ressortis et c'est magique de pouvoir se raconter ainsi, comme personne d'autre ne peut le faire.»
«Celui qui me catapulte vers mon enfance avant toutes choses, c'est mon fils. Il le fait sans parler, avec un regard. Le voir découvrir ce monde me renvoie à des souvenirs lointains que j'avais égarés. Je partage son innocence, sa naïveté en le voyant évoluer et en repartant, de mon côté, dans mes délires d'enfance. C'est étonnant de voir à quel point un petit être humain est capable d'insuffler quelque chose dans la création artistique et même dans la personne que je suis devenu depuis qu'il est là.»
«C'est tout l'exercice! Cette chanson a été un défi car ce sont des choses intimes, mais cela a aussi été difficile d'écrire à quelqu'un qui ne parle pas notre langage. Ce dialogue est donc intégralement non-verbal et il faut faire comprendre des émotions et leur intensité sans mettre des mots dessus. J'ai mis énormément de temps à trouver les mots: cela a été une des premières chansons que nous avons écrite, et c'est certainement la dernière à avoir été finie car il y a eu un doute qui subsistait tout le long du processus. C'est déstabilisant mais je ne me voyais pas sortir cet album sans aborder ce chapitre de ma vie, qui a été le plus bouleversant de tous. Cette chanson me plaît, m'émeut, puis je sais qu'il la comprendra un jour et cela lui donnera une deuxième fraîcheur.»
«Oui et non. La chanson n'a forcément pas été écrite dans le prisme d'une crise sanitaire, puisque c'était en décembre 2019. Je voulais, en toute simplicité, prendre du plaisir avec le public sur scène, durant laquelle on se lève et on partage un moment intense. On a fini l'album au mois de mars, et on a dû le reporter à plusieurs reprises, ce qui nous a permis de le remettre en question et de l'améliorer. Cette évolution nous a conduits à se diriger vers le titre La fête', pour casser l'oppression dont on était victimes, pour passer à autre chose et profiter de l'été, sans que cela soit anxiogène. À l'époque, j'ai eu peur de me faire remballer et je me suis demandé si je pouvais l'oser. Mais force est de constater, quelques mois plus tard, que la chanson a rempli sa mission: on a réussi à rassembler et c'est tout ce que l'on espérait.»
«C'est un moment que je suis loin d'être seul à avoir vécu, puisque je suis une personne parmi des millions à avoir demandé la main de sa compagne. Une personne qui s'est mise à genoux et qui a laissé la personne en face d'elle décider de son destin. C'est une situation assez injuste et pas équilibrée, mais on veut tous la vivre. Se faire violence de la sorte, c'est se prouver qu'on est prêt à tout pour l'amour qui nous attend. J'ai toujours voulu consacrer une chanson à ce moment-là, parce qu'il m'a fait beaucoup plus peur qu'un stade rempli, un micro à la main. Je me rappelle avoir atteint un vrai sommet de stress, mais chacun est conditionné pour certaines choses et moins pour d'autres, c'est certain.»
«C'était voulu parce que je suis croyant, mais aussi parce que l'on est tous croyants et qu'on a tous quelque chose à quoi se rattacher. Cette chanson ne parle pas spécialement de ma confession ou de ma foi, ni de celles des deux personnes qui m'ont aidé à l'écrire. D'ailleurs, il y a un juif, un musulman et un catholique qui ont co-écrit ce texte, c'est ce qui le rend si beau. On s'est rejoints autour d'une idée qui est universelle, qui est celle de l'espoir. Il y a donc une notion spirituelle, mais aussi et surtout humaine.»
«Cette chanson est à la fois utile et inutile. D'un côté, je voulais montrer au public ma reconnaissance de cette histoire folle qui a bouleversé ma vie et que je lui dois à plein d'égards. Je voulais lui dire que s'il m'arrive de ne pas être à la hauteur de ce qu'il m'apporte, c'est vraiment involontaire. D'un autre côté, c'est inutile parce que c'est moi qui cherchais à idéaliser une situation en me disant qu'une chanson va réparer toutes les déceptions que j'ai causées. C'est totalement imaginaire et je pense que le public est conscient du fait que ces déceptions font partie du jeu. Mais cette chanson a besoin d'exister car elle soulève un certain dialogue, un échange avec les fans. C'est chouette de se dire que l'on a une relation suffisamment forte pour que l'artiste s'excuse de ce genre de choses, infimes par rapport à l'intensité de ce que l'on peut vivre ensemble. Ces détails montrent bien que l'on est tous des êtres humains et que ce qui arrive dans nos interactions au quotidien arrive aussi dans une relation avec un artiste.»
«Il y a également le titre Daphné', qui parle d'une de mes fans. À l'origine, il s'agissait d'un tweet que j'ai gardé pendant deux ans dans mon téléphone. Dans celui-ci, une internaute s'en voulait d'aimer aussi si fort un artiste, en l'occurrence moi. Je suis retombé dessus durant la période d'écriture de l'album et j'ai décidé de lui dédier une chanson. Je me suis dit qu'elle n'avait pas à avoir honte de trouver de la force et de l'inspiration dans l'art de quelqu'un. Je voulais lui dire que c'était son droit et que c'était magnifique.»
Amir sera en concert à Forest National le 18 mars 2021.