Barbie fait son cinéma: sept anecdotes sur le film de l’été!

Barbie débarque au cinéma et on ne parle que d’elle! Avec les stars Margot Robbie et Ryan Gosling en tête d’affiche, le choix d’une réalisatrice qu’on n’attendait pas, et une campagne de marketing virale, les étoiles se sont alignées pour que la poupée Mattel domine l’été. Tout n’était pourtant pas joué d’avance, loin de là!

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 7 min.

1.

Elle n’en est pas à son coup d’essai

Créée en 1959 aux États-Unis et vendue à plus d’un milliard d’exemplaires depuis, la poupée Barbie a naturellement fini par allumer les sirènes d’Hollywood. Elle n’en est d’ailleurs pas à son premier film, et compte déjà 37 aventures animées sorties entre 2001 et aujourd’hui, la dernière en date étant ‘Barbie: Skipper et la grande aventure de baby-sitting’. Des films très lucratifs mais cantonnés aux rayons DVD des supermarchés et aux chaînes télé diffusant des dessins animés en boucle. Barbie marque pourtant le cœur des cinéphiles à deux reprises dans la saga ‘Toy Story’ de Pixar. Absente du premier film car Mattel craignait qu’il soit un échec, la blonde platine ravit les spectateurs en hôtesse un peu trop enthousiaste dans ‘Toy Story 2’. Et vole presque la vedette à Woody et Buzz dans le troisième volet, le plus acclamé par la critique à ce jour.

2.

10 ans de développement!

L’idée d’un film Barbie en prises de vue réelles émerge en 2009 lorsque Mattel signe un partenariat avec Universal Studios. Le projet tombe à l’eau et renaît en 2014 avec Sony. C’est là que commence un jeu de poupées russes pour choisir ses artisans, devant comme derrière la caméra. Une première scénariste est choisie, bientôt rejointe par Diablo Cody, oscarisée pour l’écriture du film ‘Juno’. L’humoriste Amy Schumer, connue pour dézinguer les archétypes de minceur et de politesse féminines, est choisie pour interpréter la poupée en 2016. Un second signe que Sony prend le film très au sérieux et compte l’inscrire dans un cadre féministe, alors que la poupée a souvent été critiquée pour ses standards de beauté inaccessibles et sa sagesse conservatrice. Coup de théâtre en 2017, Amy Schumer quitte le projet. La sortie de l’actrice est bientôt suivie de celle de Diablo Cody, qui affirme aujourd’hui avoir «merdé» à une époque où la représentation critique mais positive d’un personnage de bimbo était encore difficile à vendre. Qu’à cela ne tienne, Anne Hathaway est choisie pour porter le film, qui tombe une nouvelle fois à l’eau en 2018 et passe de Sony à Warner Bros. C’est là que Margot Robbie arrive enfin dans le mix…

3.

Unusual suspects

Lorsque le nom de Robbie est annoncé, le monde entier semble s’accorder pour dire que c’est le choix idéal. Elle a le physique de la poupée mais bénéficie d’une légitimité d’actrice en béton, surtout après avoir vu sa cote monter grâce au ‘Loup de Wall Street’, ‘Suicide Squad’ et ‘Moi, Tonya’. Un nom qui surprend tout le monde par contre, c’est celui de Greta Gerwig, la cinéaste choisie pour réaliser le film. Associée au cinéma indépendant, on la remarque d’abord comme actrice dans les films de Noah Baumbach (‘Greenberg’, ‘Frances Ha’, ‘Mistress America’). Elle frappe ensuite très fort en 2017 en réalisant son premier film ‘Ladybird’, et confirme l’essai avec ‘Little Women’ deux ans plus tard. Avec sa légitimité auprès de la critique comme de l’académie des Oscars, Gerwig est dans la place! Elle entraîne même Baumbach avec elle dans le projet Barbie en tant que coscénariste. Celui qu’on décrit généralement comme le chef de file des cinéastes intellos et new-yorkais s’apprête donc àvoir la vie en rose. À ce stade, la curiosité des cinéphiles est scellée. Mais la hype annonçant un véritable raz-de-marée au box-office pour le film Barbie ne se confirme qu’en 2021, lorsque Ryan Gosling et son sourire Colgate sont choisis pour tenir le rôle de Ken.

4.

Un casting étoilé

Depuis, chaque annonce de production, chaque photo volée par un paparazzi, chaque anecdote de tournage fait le tour du monde à la vitesse d’un avion Barbie supersonique, témoignant d’une stratégie marketing parfaitement calibrée. Et confirmant la place et le potentiel infini de Barbie dans la pop culture. Le casting et le buzz s’étoffent rapidement avec l’inclusion de Helen Mirren (‘The Queen’), Michael Cera (‘Scott Pilgrim’), America Ferrera (‘Ugly Betty’), Kate McKinnon (‘Saturday Night Live’) Emma Mackey et Ncuti Gatwa (tous deux vus dans ‘Sex Education’), Nicola Coughlin (‘La Chronique des Bridgerton’), et même la chanteuse Dua Lipa, qui signe bien sûr le single officiel du film (‘Dance the night away’). Deux ans plus tard, le film a vidé la Californie de ses réserves de peinture rose et l’attente des fans est à son comble. En ce jour de sortie mondiale, on annonce déjà un box-office américain à près de 100 millions de dollars pour la première semaine de la poupée sur le grand écran. Mieux que ‘Mission: Impossible’ et ‘Indiana Jones 5’, et sans doute que ‘Oppenheimer’ de Christopher Nolan (‘Inception’), le seul cinéaste osant affronter Barbie dans les sorties ciné de la semaine. Qui l’eut cru? Pas grand monde. Qui le verra pour le croire? Presque tout le monde!

5.

La promo du film brouillée par la grève des acteurs à Hollywood

Pas de Barbie ni de Ken sur le tapis rouge des avant-premières? Ce jeudi 14 juillet, une grève des acteurs de cinéma et de télévision américains a été annoncée par la présidente du syndicat SAG-AFTRA Fran Drescher (‘Une nounou d’enfer’). Une action empêchant les membres du syndicat de passer des castings, de tourner des films, mais aussi de participer à leur promotion en donnant des interviews ou en se rendant aux projections. Et un combat pour obliger les plateformes numériques à rejoindre les standards des gros studios en matière de droits d’auteur, et pour protéger le droit à l’image des acteurs face à la multiplication des logiciels d’intelligence artificielle dans l’industrie. Un mouvement soutenu directement par Margot Robbie, qui a affirmé qu’elle était elle-même membre de SAG-AFTRA et qu’elle soutenait fermement tous les syndicats. Le choc s’est ressenti alors que la machine marketing de Barbie battait son plein jusque samedi, entre autres grâce aux passages très remarqués de l’actrice et de sa garde-robe inspirée de la ligne de jouets sur le tapis rouge des avant-premières.

6.

Toy (Movie) Story

Barbie n’est pas le premier jouet à avoir droit aux honneurs du grand écran, loin de là! En soi, la formule est évidente: tabler sur une communauté de fans déjà attentive via la vente de jouets afin d’assurer le succès commercial d’un film avant même de lancer sa production. Et vendre un paquet de nouveaux jouets au passage si possible! Certains s’y risquent dans les années 80, notamment les ‘Maîtres de l’univers’ de Mattel avec Dolph Lundgren et une jeune Courteney Cox, mais se soldent généralement par un flop. Il faut attendre la révolution des effets numériques pour que la machine s’active vraiment dans les années 2000. ‘Transformers’ lace les festivités en 2007 et ramassera plus de cinq milliards de dollars au box-office mondial en six films. Il est bientôt suivi par ‘G.I. Joe’ et ‘Battleship’, qui ne convainquent pas autant. C’est surtout ‘The Lego Movie’ qui confirme le mouvement, prouvant qu’une franchise peut être construite sur une ligne de jouets sans fondation narrative préexistante. À quoi s’attendre maintenant? Si ‘Barbie’ confirme le succès qu’on lui prête déjà, ce sera la course au jouet à Hollywood. Mattel est déjà sur le coup et aligne ses autres produits pour suivre le pas. Un film ‘Polly Pockets’ est ainsi en cours d’écriture par Lena Dunham (‘Girls’). Les jouets remplaceront-ils les superhéros fatigués de Marvel dans le jeu des franchises? C’est possible, même si on se demande bien à quoi pourra ressembler le film ‘Uno’ (déjà en pré-production)!

7.

Une affiche française à double sens

Les traductions de films rament parfois pour conserver le sens d’un jeu de mot original. Mais parfois, l’humour surgit dans la deuxième langue, comme le prouve l’affiche française du film ‘Barbie’. Alors que la version en anglais annonçait sagement ‘She’s everything’ au-dessus des épaules de Barbie, et ‘He’s just Ken’ au-dessus de celles de son acolyte, le double sens du mot ‘Ken’ fait sourire la France entière depuis quelques semaines. ‘Elle peut tout faire’ et ‘Lui, c’est juste Ken’… Deux phrases a priori anodines mais plutôt piquantes si on les lit rapidement, et si on se souvient que ‘ken’ signifie ‘niquer’ en verlan. La blague a vite été reprise (et traduite) sur la toile, amplifiant le buzz déjà énorme autour du film. Les porte-parole français du film ont affirmé que le jeu de mot était non-calculé mais qu’ils se réjouissaient du grand intérêt suscité par le film. Coup de génie ou cadeau du ciel? Décidément ce film ‘Barbie’ a tout pour faire parler de lui!

‘Barbie’ sort en salles aujourd’hui.

Retrouvez toute l’actu sur Metrotime.be