Benjamin Lavernhe sous la cape de l’abbé Pierre : «Il était dépassé par sa célébrité»
Pourquoi sortir un film sur l'abbé Pierre aujourd'hui ?
«Ça raconte le destin de cet abbé dépassé par sa célébrité. Son ambition était immense, et il avait peur que ce soit de l'orgueil. Mais ce poids, c'était son destin. Il avait le pouvoir d'ouvrir les cœurs et de bouleverser les foules par ses prises de paroles. C'était un communicant hallucinant avec un charme fou. Ça lui permettait de passer son message et, par son ultra-sensibilité et son empathie, de toucher les gens. D'où son regard interrogateur sur l'affiche. Il semble questionner la présence de la foule tout en l'invitant à rejoindre son combat. Comme si l'armée était en marche et qu'il nous demandait ce qu'on attentait pour le suivre.»
«Justement, l'abbé Pierre n'était pas dans le rang. Ce n'était pas un bon petit soldat et c'est ce qui faisait sa grande liberté. Il ne prenait pas des positions radicales pour faire chier le monde mais pour éveiller des consciences civiques. Il a donc parlé de l'homosexualité, du mariage des prêtres, de la question du désir et la souffrance de ne pas connaître la tendresse d'une femme tout au long de sa vie. Il a sans doute fait beaucoup de bien à de nombreux pratiquants en attente d'une parole décomplexée et salutaire. Personnellement, je trouve ce côté iconoclaste et indomptable merveilleux.»
« Je mesure vingt centimètres de plus que l'abbé Pierre! J'étais catastrophé au départ, je cherchais constamment à cacher mes jambes.Mais Frédéric (Tellier, le réalisateur, ndlr) m'a rassuré en me rappelant que mes émotions servaient de vecteur aux spectateurs, pas le reste. Et que si on s'enfonçait trop dans le mimétisme, on risquait même de dénoncer l'artifice. J'ai donc cherché à évoquer sa silhouette, son style, son énergie, sa voix et son phrasé. Une fois lancé j'ai réussi à m'éclater, même en vieillard de 94 ans.»
« Ce qui est drôle, c'est que j'ai joué ces rôles à la suite l'un de l'autre. Je n'ai eu qu’un week-end pour passer d’Emmaüs à la cour du roi. Il y a sans doute une peu de mon abbé Pierre dans ce rôle de valet. Même si c’était une autre ambiance quand même. En costume face à Johnny Depp dans la galerie des Glaces, avec le soleil couchant sur tout Versailles, on a vite l'impression d'être en dehors de la vraie vie.»
«Alors ça, ce n’est pas à moi d’en juger... Mais ça me va (rires)!»
‘L’abbé Pierre’ sort en salles aujourd’hui.
Malgré sa foi, le jeune abbé Pierre (Benjamin Lavernhe) met du temps à trouver un sens à l’appel qu’il sent brûler en lui. Sa rencontre avec Lucie Coutaz (Emmanuelle Bercot) et leur travail pour venir en aide aux plus démunis serviront d’écrin à son accomplissement. Un an après ‘Simone – Le voyage du siècle’, un nouveau drame français sur une figure marquante du vingtième siècle vient titiller notre goût du biopic. Et raviver son travers habituel, la condensation d’innombrables événements en moins de deux heures. Au-delà de son penchant pour l’exhaustivité, ‘L’abbé Pierre’ n’a pas peur de sortir les violons et se prend un peu les pattes dans son premier degré. Les blasés rouleront des yeux, mais les plus curieux apprécieront l’exploration biographique d’aspects moins connus de la vie de l’homme sous la cape. En premier plan, son lien indéfectible avec la fidèle Lucie Coutaz, jouée par Emmanuelle Bercot. Connue pour ses penchants mélodramatiques, l’actrice de ‘Mon roi’ tire son épingle du jeu dans un récit pêchant par excès de classicisme.
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