Caleb Landry-Jones impressionnant dans «DogMan», le nouveau Luc Besson

Certains n’ont pas besoin d’un excellent film pour impressionner. Ce que l’acteur Caleb Landry-Jones (‘Get Out’, ‘Three Billboards’) montre dans le rôle de Douglas, homme étrange et tourmenté, ami des chiens, dans le drame de Luc Besson ‘DogMan’, est tout bonnement mémorable. Metro a rencontré l’acteur texan au Festival de Venise.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 5 min.

Votre personnage, Douglas, est cloué à un fauteuil roulant et a, pour seuls amis, une meute de chiens. Est-il exact que le rôle vous intéressait du fait qu’il vous permettait de travailler avec de vrais chiens, plutôt qu’avec des effets spéciaux?

Caleb Landry-Jones: «Ce n’est pas la seule raison, mais cela a certainement joué. Je n’ai rien contre les effets spéciaux. J’ai déjà travaillé de cette manière aussi [dans ‘X-Men: First Class’, p.ex., rn]. Mais si je dois jouer avec des animaux, c’est tout simplement beaucoup plus facile pour moi s’ils sont vraiment là. J’ai aussi eu du plaisir à travailler avec eux. En réalité, j’ai trouvé ça plus agréable qu’avec des acteurs humains.» (rires)

Votre personnage ne vit vraiment que lorsqu’il est avec ses chiens ou lorsqu’il se déguise et chante en play-back sur scène. Comment interprétez-vous cet amour de la scène?

«Douglas est quelqu’un qui n’a jamais connu l’amour. Sa mère l’a abandonné et son père l’enfermait avec les chiens. Ce n’est que le jour où il a rencontré une prof d’art dramatique à l’école, que sa vie a changé. Elle lui a fait comprendre qu’en tant qu’acteur, il pouvait être n’importe qui. Mais là aussi, ça tourne mal, car il tombe amoureux d’elle et s’imagine qu’elle pourrait aussi avoir des sentiments pour lui, même s’ils ne pourront jamais coucher ensemble. Lorsqu’il comprend la vérité, il refoule ces sentiments romantiques et les canalise dans ses performances sur scène.»

La manière dont Douglas se réfugie dans ses personnages est-elle reconnaissable pour vous? Faites-vous pareil, parfois?

«La raison pour laquelle j’ai quitté le Texas pour m’installer à Los Angeles, c’est parce que je pensais qu’il y avait une place pour moi là-bas. J’étais assez naïf et ignorant pour penser que je serais un acteur formidable. Un des meilleurs même. Idiot que j’étais. (rires) En vieillissant, mon regard a changé. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin d’être le meilleur. J’essaie tout simplement de faire mon job du mieux possible.»

En tirez-vous autant de satisfaction que Douglas?

«Je n’y pense pas vraiment. J’ai certainement du plaisir à travailler. Le cinéma est mon obsession. C’est l’endroit où, enfant, j’allais pour m’évader. Mais cela vaut certainement aussi pour la musique que je fais, mes dessins et mes photos. Mais ça, ce sont des choses que je peux faire seul. Le cinéma est, par définition, un travail de groupe. Vous construisez ensemble une montagne. Chacun est aussi important et vous avez besoin les uns des autres. Je trouve cela très beau, et c’est une chose que je ne comprends pas encore totalement. Mais je sais que c’est mon job d’être, au mieux de mes capacités, une pièce spécifique dans ce grand puzzle.»

Connaissiez-vous les films de Luc Besson avant d’entamer ‘Dogman’?

«J’en avais déjà vu beaucoup, oui. Pas tous, mais suffisamment pour reconnaître son style et son ton. Il m’a certainement influencé quand j’étais plus jeune. Je savais aussi qu’il n’avait pas peur de faire ce qu’il avait en tête, et c’est une qualité que j’admire énormément chez les artistes. J’espère faire pareil aussi. J’étais donc assez impressionné quand j’ai appris qu’il voulait me rencontrer. Je me suis dit ‘OK Caleb, fait en sorte d’arriver à l’heure et sois toi-même!’.» (rires)

L’expérience sur le tournage a-t-elle confirmé l’impression que vous aviez de lui?

«Je n’ai jamais vu quelqu’un réaliser avec autant d’aisance. C’était comme s’il sortait chaque jour un tour de passe-passe de sa manche. Il faisait, chaque jour, quelque chose qui me semblait dingue, mais il essayait et réussissait. J’ai déjà travaillé avec un tas de réalisateurs, et je pense que la plupart auraient déjà abandonné après une semaine avec ce film. Mais Luc sait comment maîtriser le chaos d’une manière qui ne paraît pas du tout chaotique. Au contraire, il fait en sorte que vous en puisiez de l’énergie.»

‘Dogman’ sort en salles aujourd’hui.

REVIEW

Lorsque Luc Besson devait inventer un prénom pour son personnage dans son nouveau film ‘DogMan’, l’histoire d’un garçon enfermé avec les chiens par sa famille sadique, il opta pour ‘Douglas’. Ou plutôt: Doug. ‘Doug’/‘dog’. Cela en dit long. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de la formidable subtilité avec laquelle Besson raconte son histoire. Comme à son habitude, il construit son intrigue autour d’une accroche déjà utilisée par d’innombrables autres films, et les péripéties qu’il imagine vous prennent rarement ou jamais à contre-pied. Mais le film a néanmoins un énorme atout dans sa manche: Caleb Landry-Jones. L’acteur a cette capacité de vous faire oublier le style narratif émoussé de Besson et de vous scotcher. Pathétique, mais quand même sensible, inquiétant mais quand même humain, amer mais quand même romantique, l’interprétation compte autant de nuances qu’un arc-en-ciel.

2/5

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