Diane Kruger perd le contrôle dans ‘Visions’ : «Je me suis un peu battue contre la nudité»

Diane Kruger bascule dans la paranoïa pour ‘Visions’, le nouveau thriller du réalisateur Yann Gozlan (‘Boîte noire’). Aux côtés de Mathieu Kassovitz, l’actrice de ‘Troie’ et ‘Inglorious Basterds’ y canalise le glamour des plus grandes héroïnes hitchcockiennes, ainsi que leur goût du twist… Rencontre!

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

Peut-on parler d’un thriller hitchcockien selon vous?

Diane Kruger : «Je ne sais pas si le résultat est hitchcockien mais je sais que Yann (Gozlan, le réalisateur, ndlr) s’en est inspiré, oui. Par exemple, l’image est très soignée pour que l’histoire se déroule dans un cadre parfait. Un souci du détail qui nous iconise, nous les acteurs, à l’écran. Et qui peut faire penser à Hitchcock. D’ailleurs ‘Fenêtre sur cour’ est mon thriller favori.»

Vous êtes-vous inspirée des héroïnes de ses films pour jouer Estelle?

«Non. Justement, je n’ai pas cherché à représenter une figure mais une simple femme dans son quotidien. Une femme très moderne cela dit. Elle mène bien sa barque dans sa vie professionnelle de pilote de long-courriers. Tout tient grâce à sa grande maîtrise des éléments qui l’entourent, notamment son couple. Jusqu’à ce que tout bascule lorsqu’elle retrouve Ana, son premier grand amour joué par Marta Nieto.»

Le film assume son esthétique sexy. C’était prévu dès le début?

«Yann voulait que l’écran resplendisse, en contraste avec l’ombre qui trouble l’âme de son héroïne. On la voit dans sa maison presque trop parfaite avec toutes ces couleurs ensoleillées. On a tourné dans le Sud et ça se voit. Quant aux scènes de sexe, elles sont très belles mais je me suis un peu battue contre la nudité. Le voyeurisme est un thème du film mais je ne voulais pas tomber dans l’écueil de la démonstration littérale. Je voulais qu’on essaie d’être plus sensuels que ça.»

Le symbole de l’œil et de son iris revient en boucle. Pourquoi?

«Pour évoquer ce voyeurisme justement. Plus précisément, la sensation d’être observée et d’avoir sans cesse quelqu’un au-dessous ou derrière vous, en train de s’assurer que vous ne faites pas trop de conneries.»

Estelle est bisexuelle. Vous n’avez jamais fui les personnages queers, comme dans ’Les adieux à la reine’ ou plus récemment dans la série ’Swimming with Sharks’…

«Vous savez, je pense que ma génération a échappé à toute réticence que d’autres acteurs avant nous auraient pu avoir. J’ai grandi avec ça de façon assez naturelle. Ça a toujours été un non-sujet pour moi en tout cas. Il y a 20 ans, je me demandais peut-être si la visibilité d’un tel rôle pouvait faire bouger les choses. Mais là, avec ‘Visions’, je ne me suis même pas posé la question.»

Mathieu Kassovitz vous décrit comme un ’rêve de femme’ dans le film. Ce n’est pas fatigant de jouer des rôles de femmes canalisant tant d’attention? On pense aussi à Hélène dans ’Troie’, à la femme fatale de ’Marlowe’…

«En vieillissant, ça a de moins en moins d’importance à mes yeux. C’est donc de plus en plus facile quelque part (rires) ! Mais blague à part, on n’a pas mal taquiné Yann avec cette phrase pendant le tournage. Elle est tellement too much! Qui parle comme ça? Mais Yann a tenu.»

Vous êtes aussi l’égérie de plusieurs grandes marques. Ça aussi, ça devient plus facile avec les années?

«Je l’ai toujours vécu comme une chance énorme. Je pense qu’aujourd’hui, c’est essentiel même. Parce que je ne pourrais pas vivre en me contentant des films d’auteurs dans lesquels je tourne, croyez-moi. Heureusement que la mode est là pour soutenir tout ça. Et ça se renforce! Par exemple, je viens de tourner dans un film de David Cronenberg produit par Yves Saint-Laurent. Chanel produit beaucoup de longs-métrages aussi. Pensez à Audrey Hepburn et Givenchy… Le cinéma et la mode, finalement, ont toujours été liés.»

D’ailleurs racontez-nous, que pouvons-nous attendre de ’The Shrouds’, ce film tourné avec David Cronenberg?

«Globalement, c’est l’histoire de la vie de David, déclinée en plusieurs réalités. Vincent Cassel joue son alter ego et moi je joue sa femme, sa sœur et un troisième personnage. C’est tout ce que je peux vous raconter pour le moment…»

‘Visions’ sort en salles ce mercredi.

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