Faut-il aller voir «Une année difficile»? «Quelques vannes de Cohen surprennent mais la plupart des gags tombent à plat»
Après les succès de ‘Intouchables’, ‘Le sens de la fête’ et ‘Hors Normes’, le duo de réalisateurs français Nakache et Toledano signe une nouvelle comédie! Dans ‘Une année difficile’, Pio Marmaï et Jonathan Cohen s’infiltrent dans un groupe d’activistes écologistes pour échapper à leur surendettement. De passage à Bruxelles, Olivier Nakache s’est confié à Metro sur les défis et les rencontres improbables d’un tournage épique.
Comment allier votre sens de l’optimisme avec la gravité des sujets comme le surendettement et l’urgence climatique?
Olivier Nakache : «C’est vrai que ce sont des hypersujets. Nous, on s’est jamais dit qu’on allait faire un film sur l’écologie. Ce n’est pas un documentaire ou un tract. Ce n’est pas un film militant non plus. Au départ, on voulait prendre notre époque en flagrant délit. Pour nous, ce qui la résume bien, ce sont les ‘plus’ qui rencontrent les ‘moins’. Dans le film, il y a d’un côté des gens surendettés qui veulent vivre avec plus mais qui se retrouvent dans une spirale infernale. De l’autre, ceux qui se disent qu’on peut vivre mieux en ayant moins, et que les objets qu’on possède vont finir par nous posséder. Un jour on est tombés sur des images d’émeutes lors des Black Fridays. Ça nous a donné une envie assez basique de plonger nos acteurs dedans. On a donc décidé d’aller à la rencontre de ceux qui bloquent les magasins et de ceux qui veulent y rentrer. C’est parti comme ça. Avec derrière l’idée qu’inculquer de l’optimisme, ce n’est pas de l’utopie. C’est juste l’huile dont on a besoin.»
Vous avez rencontré des activistes de la décroissance comme ceux du groupe que Pio Marmaï et Jonathan Cohen rejoignent dans le film?
«Bien sûr, ils sont dans le film! On s’est intéressé à un mouvement non-violent qui s’appelle Extinction Rebellion. Ils travaillent par groupes locaux et on a rencontré certains de leurs membres à Paris. On a été à leurs réunions, à leurs débats, à leurs actions pour nourrir notre scénario et, surtout, ne pas trahir une vérité.»
Comment ça s’est passé?
«Instantanément, on nous a demandés quels étaient nos pseudos, exactement comme dans le film. Moi j’ai choisi Chips! En fait, ils utilisent tous un pseudo pour qu’on soit dénué de tout préjugé quand on arrive dans le groupe. Un prénom, ça peut être indicatif de plein de choses dans nos imaginaires. Le pseudo ne te qualifie pas, tu prends ce que tu veux. Jaune, Croco, Mangue, on a tout entendu. Et puis ça crée du lien au sein du groupe. Un sentiment d’appartenance.»
Comment canaliser des ténors de l’humour comme Jonathan Cohen ou Pio Marmaï?
«On est très précis dans l’écriture mais quand on a Omar Sy, Jean-Pierre Bacri ou Jonathan Cohen sur un plateau, ce serait fou de se priver de leur inventivité. Ils ont cette richesse très rare. Nous, on la stimule pour qu’ils nous donnent des pépites qu’on n’aurait pas pu inventer. Jonathan, qui est lui-même auteur, c’est un gars qui fulmine d’idées. Par exemple, la scène devant le juge pour obtenir son effacement de dette, on l’a complètement réinventée pendant le tournage. On sentait qu’elle manquait de jus alors on a chargé Jonathan. Et puis boum, il est parti dans un festival d’angoisse et d’anxiété. On lui a ouvert la porte en quelque sorte. Avec un acteur, faut surtout pas cloisonner.»
Beaucoup de scènes ont lieu dans des lieux publics fort chargés, comme l’aéroport Paris-Charles de Gaulle. Sans mauvais jeu de mot, le tournage n’a pas été trop difficile?
«C’était un tournage joyeux mais éprouvant! Obtenir les permis, c’est une galère. On a de la chance que les gens soient bienveillants avec nous. Montrer Paris vide a nécessité plusieurs jours de tournage entre cinq et sept heures du matin, avec des bloqueurs pour caler les rues un peu partout! Il y avait beaucoup de scènes de nuit aussi. On était en décalage constant. Il a fallu tenir le rythme. C’était dur mais on a fini le marathon!»
Alors verdict?
Albert (Pio Marmaï) et Bruno (Jonathan Cohen) sont surendettés et fraternisent au cours d’une réunion d’un groupe écologiste. Ils étaient venus boire une bière gratuite mais l’enthousiasme des activistes les force à rallier leurs rangs. À moins que ce ne soit l’occasion de se faire un peu de pognon? On a connu le duo derrière des comédies à succès comme ‘Hors Normes’ ou ‘Intouchables’ plus inspiré. La formule est pourtant la même. Prendre un sujet de société sérieux et décider d’en rire avec des comédiens populaires, en emballant le tout avec un montage léché et une musique entêtante. Ce qui manque, c’est un scénario cohérent. Quelques vannes de Cohen surprennent mais la plupart des gags tombent à plat. Et surtout, la majorité des pistes narratives ne sont jamais résolues. Albert et Bruno parviennent-ils à effacer leur dette? La cause écolo du groupe qu’ils infiltrent les atteint-elle à un instant? Who cares, apparemment! Plus triste, le personnage d’activiste de Noémie Merlant est réduit à celui de nana à pécho avant la fin. Tout simplement désolant.
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