Idris Elba opposé à un sadique dans «Luther: Le Soleil Déchu» sur Netflix
Après cinqsaisons, John Luther, l’imposant et irréductible enquêteur londonien, spécialiste des psychopathes, a enfin droit à son propre film. Dans ‘Le Soleil Déchu’ (‘The Fallen Sun’), il traque un certain David Robey, un homme au projet diabolique et meurtrier. Metro a rencontré les deux acteurs principaux, Idris Elba (‘The Wire’, ‘Thor’) et Andy Serkis (‘Le Seigneur des Anneaux’).
Idris, cela fait déjà près de 15 ans que vous jouez le personnage de John Luther. Comment a-t-il évolué?
Idris Elba: «C’est toujours le défi. Des personnages comme John Luther, que vous revoyez dans une histoire tous les x temps, restent les mêmes à première vue. Il est difficile aussi de montrer qu’il évolue en tant que personne, car il ne peut pas trop changer non plus. Vous devez donner au public ce qu’il aime. Je pense que John est toujours aussi acharné, mais qu’il est devenu en même temps plus sensible. Dans le passé, il s’agissait du Bien contre le Mal et il voulait absolument tout résoudre. Maintenant, son moteur c’est davantage cette sensibilité. Il est plus ouvert à la douleur et au chagrin des autres.»
Dans cette histoire, il traque un sinistre et fascinant personnage, David Robey. Pourquoi est-il le parfait adversaire pour John Luther?
Andy Serkis: «Il m’intrigue car je n’arrivais pas si facilement à le définir. Il manipule tout le monde, mais il recherche en même temps le contact humain. Pour moi, c’est un personnage profondément solitaire qui ne sait pas comment se comporter avec les autres. Donc, il les observe et tente de les imiter. Il est absolument convaincu d’avoir raison, mais cela vaut bien sûr aussi pour tous les bons psychopathes. Il pense révéler l’hypocrisie de notre société – et celle aussi de quelqu’un comme John Luther. Son raisonnement, c’est que les gens ont tous profondément en eux un côté monstrueux, et que nous devons le laisser s’exprimer. Ce n’est pas un hasard s’il utilise justement l’internet, car nos petits côtés sombres y émergent sans filtre.»
Elba: «C’est au fond une âme très abîmée qui manque d’assurance. Il a dû encaisser une série de traumatismes, et à un moment donné il s’est brisé. Il en est resté une personne fragile et malveillante qui ne pense plus qu’à faire du mal aux autres.»
Croyez-vous que des gens puissent être mauvais par nature?
Serkis: «Selon moi, non. Cela dépend toujours de ce que vous vivez dans votre vie. Beaucoup de gens ne sont pas capables de se contenir et de ne faire du mal à personne, mais je ne vois pas cela comme de la malignité pure.»
Elba: «C’est un fait. Certaines personnes prennent constamment des décisions qui ne sont bonnes pour personne, y compris pour eux-mêmes. Mais leurs intentions n’en sont pas moins intègres pour autant. L’idée du Mal Absolu en revanche est un bon sujet pour les films de fiction. En tant que spectateur, vous avez du mal à cerner quelqu’un comme David Robey, et cela le rend d’autant plus effrayant.»
Il s’inscrit dans une longue liste de psychopathes mémorables. Vous êtes-vous inspiré de quelqu’un, Andy?
Serkis: «Avec l’auteur Neil Cross, j’ai discuté entre autres de Buffalo Bill du ‘Silence des Agneaux’. Mais mon personnage est tout de même assez unique, je pense. Le plan de David ne le concerne pas seulement lui. Il crée un monde qui est très réel, tangible et possible, et où nous sommes tous complices. L’horreur de cette histoire, c’est nous-mêmes en fait.»
Idris, John Luther a-t-il des qualités que vous aimeriez avoir vous-même?
Elba: «J’aime sa conviction. J’aimerais bien être un peu plus comme ça. Je parviens à mes fins certes, mais Luther ne laisse rien ni personne l’arrêter. Et il n’est pas susceptible. Je ne suis pas rancunier moi-même, mais lui se fiche vraiment totalement de ce que vous pensez de lui.»
Et quel trait de caractère avez-vous en commun avec Luther?
Elba: «La patience. En tant qu’enquêteur, vous arrivez toujours après coup. Et si vous ne pouvez avoir de la patience, vous perdez pied. Je ne suis pas policier, mais quand je construis un personnage, écris une chanson ou crée autre chose, je dois moi aussi pouvoir être patient. Il m’est impossible sans ça d’arriver au niveau que je veux atteindre.»
‘Luther: The Fallen Sun’ est disponible sur Netflix à partir du vendredi 10 mars.
Qu’est-ce qu’on a pensé de «Luther: Le Soleil Déchu»?
Que faut-il pour créer un bon ‘serial killer thriller’? Avec un protagoniste attrayant et un antagoniste fascinant, on va déjà loin. Le long-métrage qui prolonge la série ‘Luther’ de la BBC, remplit bien ces deux conditions. L’enquêteur John Luther est toujours, après cinq saisons télé, un homme plein de contradictions, qui est assez sensible pour pénétrer l’esprit de ses cibles, mais qui ne respecte pas toujours la loi à la lettre. ‘Le Soleil Déchu’ l’oppose à un sadique qui veut prouver que la moralité est hypocrite. Et l’Internet – le dark web – est l’endroit idéal pour le montrer. Les acteurs principaux Idris Elba et Andy Serkis en font un jeu du chat et de la souris palpitant et les créateurs y ajoutent quelques scènes d’action impressionnantes (Picadilly Circus!). Dommage que le film flirte parfois avec les limites de la crédibilité, notamment lors du dénouement dans le Grand Nord. 3/5
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