‘Indiana Jones 5’ : Harrison Ford évoque son âge, Spielberg et les nazis

On entend déjà la musique! L’archéologue préféré des cinéphiles reprend du service pour un cinquième film, réalisé par James Mangold (‘Walk the Line’) et une fois de plus porté par Harrison Ford. L’acteur habitué aux franchises increvables (‘Star Wars’, ‘Blade Runner’) y joue un Indy résolument plus âgé, ce qui n’est pas pour lui déplaire.

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

Pourquoi avoir décidé de revenir pour une cinquième aventure?

Harrison Ford : «Ce cinquième film dépasse le récit d’aventure car il se penche sur la vie entière du personnage. J’ai passé 40 ans avec ce gars, et je voulais le voir affronter le défi du vieillissement. Au début de l’histoire, on est à New York en 1969. Le grand aventurier de jadis a été réduit à son boulot de prof, et il n’est clairement pas sur la même longueur d’ondes que ses jeunes étudiants.»

L’âge d’Indiana est d’ailleurs au centre de l’histoire…

«C’est plutôt rare dans les gros divertissements. C’est ironique aussi puisque le film s’ouvre sur la fameuse scène d’action dans laquelle j’ai été rajeuni numériquement. Mais cette scène située en 1945 n’a pas été écrite pour le simple plaisir de la nostalgie. L’idée est de commencer le film dans un monde où la ligne entre les bons et les méchants est très claire. Et je pense qu’on peut tous s’accorder pour dire que les nazis ne sont pas des gens charmants, non (rires)? Quand le film se poursuit à la fin des années 60, le monde n’est plus aussi noir et blanc et Indy est clairement largué. Son meilleur ami Marcus n’est plus là, sa femme l’a quitté, son fils est mort, le rock’n’roll débarque, on envoie des gens sur la Lune, et la realpolitik redistribue l’ordre mondial. On est en plein dans les nuances de gris. Peut-être pas 50, mais une bonne douzaine (rires). Et la jeunesse de cette époque avance sans compas moral clair.»

Une jeunesse incarnée par Helena, la filleule d’Indiana Jones jouée par Phoebe Waller-Bridge?

«Elle est sensationnelle, vous ne trouvez pas? Helena représente cette nouvelle réalité, et la façon dont son personnage évolue résume à lui seul ce que le film tente de raconter. Elle a grandi sans repères clairs et se fiche de l’héroïsme d’Indiana. Le lien qu’elle a avec lui est une des relations les plus profondes des cinq films, de la même importance pour lui que celle avec Marion (l’épouse d’Indiana, jouée par Kerry Allen dans le premier film, ndlr). Phoebe a assuré, c’est une actrice unique. Je pourrais l’encenser pendant des heures, mais son talent parle pour elle dans le film.»

Steven Spielberg n’a pas réalisé cet épisode. Avez-vous discuté avec lui avant d’accepter le rôle?

«Steven et moi avons une superbe relation. Par essence, c’est quelqu’un d’élégant et de généreux, qui a montré son enthousiasme pour ce cinquième film sans qu’on lui demande. Il reste producteur après tout. Et puis ses empreintes sont un peu partout sur le film. L’ADN d’Indiana Jones est respecté à la lettre. Et tout ce qu’on a créé avec James (Mangold, le réalisateur, ndlr) n’est qu’une réaction, ou la continuité en tout cas, des fondations posées par Steven.»

Le méchant du film, un nazi, affirme que l’Ouest n’a pas gagné la seconde guerre mondiale. Selon lui, c’est Hitler qui l’a perdue. Qu’est-ce que ça vous évoque?

«La réponse courte est que le personnage de Mads (Mikkelsen, vu dans ‘Casino Royale’, ndlr) estime sincèrement qu’Adolf Hitler a raté son coup et qu’il aurait fait mieux. Mais le vrai sujet, et on en a pas mal parlé avec James, c’est que tant Indiana que moi avons vu des choses dans notre vie qu’on ne parvient pas à expliquer. Je ne sais pourquoi on tolère l’état actuel du monde. Pourquoi sommes-nous si réactifs aux discours polarisants? Alors qu’on sait très bien que si on cesse de se rassembler, c’est la fuite en avant. Saisissons-nous, embrassons-nous, parlons-nous. Et allons au cinéma, bon sang, ça réchauffe les âmes! Une expérience commune de deux heures dans le noir, ça ne peut faire de mal à personne (rires)!»

INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE

Il paraît que les héros ne meurent jamais… Indiana Jones (Harrison Ford), le fameux archéologue au lasso, n’a pourtant plus trop la forme quand sa filleule Helena (Phoebe Waller-Bridge) se présente à lui pour trouver un cadran construit par Archimède en personne. Manque de bol, un nazi mégalo (Mads Mikkelsen) est aussi dans la course, provoquant une chasse au trésor pleine d’action, et confrontant Indy à ses fantasmes d’archéologue. Plus réussi que le quatrième film de la saga, ce cinquième volet offre une jolie conclusion thématique au personnage d’Indy, mais risque de ne plaire qu’aux fans les plus sentimentaux du héros. Et de totalement s’aliéner le jeune public, sans doute non familier avec son parcours. Les scènes d’action envoient pourtant du lourd, et Phoebe Waller-Bridge (connue pour la série ‘Fleabag’) apporte le piment comique qu’on attend d’elle. Dommage que la quête pour le cadran d’Archimède avance si linéairement, oubliant d’offrir aux spectateurs le plaisir de résoudre l’énigme en même temps que les protagonistes.

3/5

‘Indiana Jones et le cadran de la destinée’ sort ce mercredi en salles.

Retrouvez toute l’actu sur Metrotime.be