«La Main», le film d’horreur le plus flippant de la rentrée: «C’est complètement dingue ce qui se passe aujourd’hui avec ce film»
Imaginez-vous. Vous avez 30 ans et vous vous êtes fait connaître avec des vidéos sur YouTube. Vous faites le projet de tourner un long-métrage. On vous invite au célèbre festival Sundance. Et la société américaine A24 (‘Hereditary’, ‘Everything Everywhere All at Once’) est d’accord de soutenir votre film dans le monde entier. C’est exactement ce qui est arrivé aux jumeaux australiens Danny et Michael Philippou avec leur film d’horreur ‘La Main’ (‘Talk to Me’). Ils n’arrivent toujours pas à y croire, déclare Danny.
Danny Philippou: «C’est comme un rêve, énorme et complètement surréel. À Sundance, nous pleurions tout le temps de bonheur. Avant d’entamer cette aventure, on nous avait dit que 80% de tous les films australiens n’étaient pas rentables et qu’il y avait de grandes chances que personne ne vienne voir ‘La Main’. C’est complètement dingue ce qui se passe aujourd’hui avec ce film.»
‘La Main’ parle d’adolescents qui s’amusent à évoquer des esprits avec une main embaumée. D’où vient l’idée?
«À 16 ans, j’ai eu un grave accident de la circulation. J’avais le crâne fissuré et la colonne vertébrale brisée. À l’hôpital, je n’arrêtais pas de trembler, et les médecins ne comprenaient pas pourquoi. Ils m’ont rajouté des couvertures, ont mis le chauffage au maximum, mais rien ne parvenait à me réchauffer. Ce n’est que lorsque ma sœur est venue me voir à l’hôpital et m’a pris la main, que ça s’est arrêté. C’était comme si le seul fait d’être touché par quelqu’un qui m’aimait, m’avait donné la force de sortir de mon état de choc. Ce moment, je ne l’ai jamais oublié, et quand j’ai écrit ‘La Main’, j’y ai tout de suite pensé.»
Les scènes où les personnages se retrouvent possédés, sont assez effrayantes. Quelle a été votre approche?
«Le point de départ était de relier ces moments aux personnages. Les esprits se sentent attirés par les émotions et les pensées des jeunes qui les évoquent. Chaque esprit correspond donc au personnage en question. Nous voulions en même temps montrer cette possession à travers le maquillage. On peut voir jusqu’où quelqu’un est possédé à son aspect physique. Lors de cette première séance, cela change constamment. On peut voir la montée en puissance.»
Avez-vous dû chercher longtemps les bons effets spéciaux?
«Pas trop. Nous savions que nous voulions tout faire concrètement, sans avoir recours à des images de synthèse. Pour cette scène avec l’œil, nous avons par exemple construit un visage par-dessus celui de l’acteur. Nous avons surtout recherché des moments qui faisaient vrai et réaliste et pas trop gratuit. Des moments qui correspondent bien aux personnages. Sans pour autant tourner la tête quand cela devient violent.»
Les vidéos sur votre chaîne YouTube RackaRacka sont follement féroces. Comment en êtes-vous arrivé à un film horrifique relativement retenu comme ‘La Main’?
(rires) «C’était notre but, dès le départ, de faire quelque chose qui serait indépendant de notre chaîne YouTube. Les films que nous aimons sont, en général, complètement différents de ces vidéos aussi. Cette chaîne YouTube est pour nous comme le terrain de jeu où nous pouvons essayer des choses en tant que réalisateurs, des petits tests pour un public spécifique. Ce style extrême et exagéré était aussi la manière idéale d’apprendre le métier et d’utiliser concrètement le maquillage, les cascades, les effets spéciaux et le son.»
Allez-vous continuer cette chaîne YouTube?
«Je pense que nous posterons de nouvelles choses de temps à autre. Nous ne voulons pas abandonner notre chaleureuse et fidèle fan base. Mais le cinéma et la télé sont quand même notre but principal désormais.»
Une suite de ‘La Main’ est-elle envisageable?
«Pour ce film, nous avons élaboré toute une mythologie. D’où vient la main? Qui l’a déjà eue en sa possession? Qui sont les esprits? Ce genre de choses. En écrivant ce scénario, des scènes pour une suite me sont venues spontanément aussi. Si on nous donne la chance de faire ‘La Main 2’, nous ne la laisserons certainement pas passer.»
‘La Main’ (‘Talk to Me’) sort en salles le mercredi 30 août, mais des avant-premières sont prévues dès ce week-end.
Notre critique de «La Main»:
Le film d’horreur australien ‘La Main’ (‘Talk to Me’) commence par une petite fête qui dérape sérieusement – et où les personnes présentes préfèrent filmer la violence avec leur smartphone plutôt que d’intervenir. La scène d’intro très dure résume déjà à peu près l’ambiance et l’ambition de cette étonnante première réalisation. Les frères Philippou racontent avec beaucoup d’assurance l’histoire d’une ‘party drug’ d’un nouveau genre: une main embaumée qui, grâce à un rituel, permet d’entrer en contact avec des esprits, au hasard. Une sorte de roulette surnaturelle, un super trip, paraît-il. Mais le petit jeu, évidemment, est bien plus dangereux que prévu. ‘La Main’ tire sa force d’un concept solide comme le roc, d’une mise en scène réfléchie et d’acteurs très convaincants. Et mêmesi au finalledénouement tient à peine la route et quecertains personnages font des choses insensées, ce n’est même pas si grave. 3/5