Le réalisateur de ‘Rogue One’ croit en l’I.A. : «Je pense que l’IA sera comme l’apparition de l’électricité ou d’internet»

Dans l’aventure de science-fiction ‘The Creator’, la moitié de l’humanité est engagée dans un combat mortel contre l’intelligence artificielle. Et l’autre moitié? Elle est persuadée que les robots peuvent réellement améliorer la vie. Une conviction que partage aussi le réalisateur Gareth Edwards (‘Godzilla’, ‘Rogue One: A Star Wars Story’).

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 4 min.

Gareth Edwards : «J’ai eu l’idée de ‘The Creator’ en 2018. À ce moment-là, l’intelligence artificielle était encore un peu comme les voitures volantes ou vivre sur la Lune. J’allais peut-être pouvoir le vivre, peut-être pas. Entre-temps, nous assistons à une énorme accélération dans ce domaine. De manière générale, je pense que l’I.A. sera comme n’importe quel saut technologique, à comparer avec l’apparition de l’électricité ou des ordinateurs ou de l’internet. L’I.A. va changer notre monde.»

Comprenez-vous les gens qui en ont peur?

«Nous allons devoir nous adapter, et ce ne sera pas toujours facile. Mais une fois que les choses se seront tassées, nous en serons contents, à mon avis. L’I.A. est un outil si puissant, et les côtés positifs dépasseront les inconvénients. Même si je dis ça, bien sûr, pour que mes paroles soient enregistrées. Si les robots prennent quand même le pouvoir, ils sauront que je suis de leur côté. Cela me permettra d’éviter l’esclavage, contrairement au reste de l’humanité.» (rires)

Dans le film, qui se passe dans une cinquantaine d’années, on en arrive à un conflit entre l’Amérique, qui veut éradiquer toute I.A., et la Nouvelle-Asie, où les robots sont les bienvenus. D’où vous est venue l’idée de l’opposition Est-Ouest?

«J’ai essayé diverses possibilités, avec l’Europe et l’Amérique du Sud aussi. Mais ceci me semblait la manière la plus simple et la plus évidente de diviser le monde en deux camps. Enfant, j’ai fait un voyage en Asie, et j’ai été très impressionné. On y voit, plus que n’importe où dans le monde, le passé lointain côtoyer le futur lointain. Surtout dans des villes comme Hong-Kong, Bangkok ou Tokyo. Vous êtes dans une métropole qui fait penser à des films comme ‘Blade Runner’, mais si vous prenez une ruelle transversale, vous vous retrouvez devant un petit temple et un moine bouddhiste. J’adore ces contrastes extrêmes.»

Pourquoi la science-fiction est-elle si satisfaisante pour vous?

«Je dois toujours penser à ‘Twilight Zone’, la série originale du début des années 1960. Ce que ces histoires font tellement bien, c’est de remettre en question votre vision de la vie. Il s’agit à chaque fois de personnes qui vivent une vie tout à fait normale, jusqu’à ce qu’un seul élément soit complètement chamboulé. Vous réalisez tout d’un coup que tout ce dont vous étiez convaincu n’est quand même pas si fiable, et cela vous pousse à réfléchir. C’est pour moi le meilleur de la science-fiction. Ce que j’ai essayé dans ‘The Creator’, c’est d’utiliser l’I.A. comme métaphore pour désigner les gens qui sont différents de nous.»

Il s’agit aussi d’un homme qui se voit contraint de prendre une enfant sous son aile. Quelle est l’importance de ce noyau émotionnel dans un film de science-fiction?

«Vous savez, le film qui m’a probablement le plus profondément touché quand j’étais enfant, c’est ‘E.T.’ de Steven Spielberg. Je voulais absolument le voir parce que je m’intéressais aux aliens et aux vaisseaux spatiaux. Et aux VTT BMX. (rires) Mais à la fin, je pleurais, car j’étais si ému par ce que les personnages vivaient entre eux. C’est mon objectif avec chaque film que je fais. Vous ne le dites pas tout haut, bien sûr, car vous ne voulez pas échouer, mais si vous ne parvenez pas à tirer une petite larme chez certaines personnes, vous n’utilisez pas le pouvoir du cinéma comme il se doit. Quand vous faites un film, c’est pour toucher les gens émotionnellement.»

‘The Creator’ sort en salles aujourd’hui.

REVIEW

De ‘Terminator’ à ‘The Matrix’, les histoires montrant l’intelligence artificielle mener l’humanité à sa perte ne manquent pas. Cela semble aussi le point de départ de ‘The Creator’. Le film commence en effet au milieu du 21e siècle par une explosion atomique à Los Angeles qui coûte la vie à un million de personnes. La faute de l’IA, s’écrie le gouvernement américain. Il fait donc tout ce qu’il peut pour arrêter la nouvelle technologie, grâce surtout à une base aérienne militaire gigantesque, Nomad. À l’autre bout du monde, en Nouvelle-Asie, on reste cependant convaincu que l’homme et l’IA peuvent coexister en paix. ‘The Creator’ puise beaucoup d’énergie dans le futur crédible que brosse le réalisateur britannique Gareth Edwards (‘Godzilla’, ‘Rogue One’). L’histoire d’un soldat (John David Washington) qui doit s’occuper à contrecœur d’une enfant extraordinaire, fascine elle aussi. Mais, on a le sentiment qu’il s’agit au fond d’un film de quatre heures compressé en un peu plus de deux heures. Avec pour conséquence que les personnages finissent par faire des choses qu’on ne comprend (ou croit) absolument pas et que toute forme de suspense disparaît complètement.

2/5

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