‘Le syndrome des amours passées’ : et si vous deviez recoucher avec tous vos ex?

Avec la comédie ‘Le syndrome des amours passées’, le duo de cinéastes belges Ann Sirot et Raphaël Balboni (‘Une vie démente’) s’amuse à questionner le couple et nous tend un miroir: sommes-nous prêts à envoyer nos préconceptions romantiques en l’air?

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

D’où vous est venue l’idée d’un homme et d’une femme en couple, mais amenés à devoir recoucher avec leurs ex?

Ann Sirot: «C’était surtout une idée de comédie. On voulait mettre ce couple dans une situation fictionnelle absurde et servant de prétexte pour adresser la question de la sexualité, parler de désir et d’éventuelle jalousie dans le couple comme en dehors.»

Quid de la distinction pas évidente entre le couple et la famille?

Raphaël Balboni: «On l’a naturellement incluse dans le film parce que nous-mêmes nous interrogeons sur ces notions.»

Ann: «On nous a parfois dit qu’on devait être vigilant à ce que le public se souvienne que nos personnages se lancent dans cette drôle de démarche pour parvenir à avoir un enfant. C’est vrai qu’il y a des moments entiers du film où on n’en parle plus. Et justement, on trouve que le couple et la famille sont deux thématiques bien séparées.»

Comment le public a-t-il réagi lors des premières projections?

Raphaël: «Ce qui est étonnant, c’est que ça parle aux gens à des endroits très différents. Par exemple, une femme est venue nous dire qu’elle aimait voir des personnages hétéros et cisgenres si différents des archétypes, et qu’elle se sentait moins jugée de l’être après avoir vu le film (rires). Le même soir, quelqu’un d’autre nous a dit qu’il s’agissait d’un film anti-boomer. On ne l’avait pas vraiment envisagé comme tel.»

On a tout de même l’impression que le film invite à tourner une page…

Ann: «Ah dans ce sens-là, oui! Il invite à passer à autre chose.»

Raphaël: «On voit bien que ça crée des discussions entre les gens. Ils parlent de leur couple, de leurs ex. On sent qu’ils réfléchissent et ça fait vraiment plaisir.»

Avez-vous repris votre technique de direction d’acteur habituelle?

Ann: «Oui, on écrit les scènes sans fixer les dialogues. On prend du temps de répétition en amont avec les acteurs pour qu’ils vivent les scènes plusieurs fois, et qu’ils trouvent leurs mots en direct pour exprimer la situation. On les dirige mais on les laisse avoir leurs conversations. C’est différent pour eux parce qu’ils n’ont pas de texte à apprendre mais ça leur demande beaucoup de présence et de concentration. Disons qu’ils arrivent préparés, mais pas de la même manière.»

Le tournage a assumé une démarche écologique. Comment vous y êtes-vous pris?

Raphaël: «Tout a été tourné à Anderlecht pour réduire les transports et les chargements de camions. Le chef déco nous demandé quel type de point central on cherchait et on lui a dit qu’un immeuble comme le sien nous permettrait de créer plein de décors à la même adresse. Il nous a dit qu’il avait de supers voisins, et on est partis de là. Au bout du compte, notre régisseur était hyper fier de n’avoir fait qu’un seul plein dans son camion (rires)! Au-delà de la démarche écologique, c’était un gain de temps et d’argent très bénéfique.»

Les scènes d’amour sont très fantaisistes et très différentes les unes des autres. Qu’est-ce qui vous a inspirés?

Raphaël: «On a tout de suite eu l’idée d’amener la sensualité et la volupté de manière plus interne qu’explicite. Puis les inspirations ont surgi. Comme les images du photographe Jimmy De Sana par exemple. Ou le travail de Simon Loiseau, un artiste à qui on a emprunté une chambre à air en caoutchouc pour imaginer une des scènes d’amour. On a aussi bossé avec le chorégraphe Denis Robert pour faire bouger les corps. En gros, on cherchait des idées drôles et ludiques. Au final, c’est surtout la danse, le théâtre et les plasticiens qui nous inspirent. Dans nos dossiers de demande d’aides, on met rarement des références cinématographiques.»

‘Le syndrome des amours passées’ sort en salles ce mercredi.