Le tant attendu retour de Brendan Fraser se fait dans «The Whale»: «Ce film peut sauver des vies»
Il y a 20 ans, Brendan Fraser était omniprésent dans les médias et cinémas, grâce notamment à l’immense succès de ‘La Momie’. Après 2010, on ne l’a plus beaucoup vu. Aujourd’hui, nous pouvons cependant parler d’un comeback remarquable, car son interprétation dans ‘The Whale’ ne laisse personne indifférent et a fait de lui un favori aux Oscars. Il y joue un homme qui tente d’oublier son chagrin en se goinfrant.
Charlie, votre personnage, est étonnant, et pas seulement du fait qu’il pèse 270kilos. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce rôle?
Brendan Fraser : «Le film est basé sur une pièce de théâtre de Sam Hunter. Ce texte déjà, est magnifique. C’était en outre l’occasion pour moi de travailler avec un réalisateur comme Darren Aronofsky, que j’admire déjà depuis ‘Requiem for a Dream’. J’avais très envie aussi d’incarner ce personnage dans toute sa complexité. Comme vous le dites, Charlie a plus à offrir que juste ce corps énorme. C’est un père, un professeur et une âme sensible avec des talents et des défauts. Et il sait qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps.»
Charlie a une fille. Votre propre expérience de père vous a-t-elle servi?
«Je sais à quel point on aime ses enfants. C’est pourquoi il est si triste aussi que Charlie ait quand-même abandonné sa fille quand elle n’avait que 8ans. Mais il l’avait fait parce qu’il était tombé désespérément amoureux et ne voulait pas renoncer à ce bonheur. Le conflit entre sa passion et ses sentiments de père était l’une des raisons pour lesquelles je ressentais beaucoup d’empathie pour lui.»
‘The Whale’ est critiqué parce que vous portez ce qu’on appelle un ‘fat suit’ pour paraître beaucoup plus gros que vous ne l’êtes, alors que le rôle aurait pu être confié à un acteur vraiment obèse. Que répondez-vous?
«Je peux seulement dire que nous avons abordé Charlie avec le plus grand respect. Nous voulions procéder de la manière la plus authentique possible. Je sais très bien que ce genre d’artifice a surtout été utilisé dans le passé pour se moquer de personnes grosses ou d’en faire des monstres. Nous avons voulu montrer qu’il est possible aussi de faire autrement, avec compassion, compréhension et le sens des responsabilités. C’est pourquoi nous avons travaillé aussi avec l’Obesity Action Coalition, une association qui représente des milliers de personnes obèses. Ils nous ont énormément aidés à faire de Charlie une vraie personne.»
Comprenez-vous ces critiques?
«J’invite ces personnes à venir voir le film. C’est trop facile de porter un jugement sur une chose que vous n’avez pas vue. Prenez le titre. On pourrait croire que ‘The Whale’ est une mauvaise plaisanterie ou une insulte, mais en réalité, il se réfère à ‘Moby Dick’, le livre de Herman Melville. Il s’agit de la baleine métaphorique que nous poursuivons tous dans notre vie. Le film vous invite à accompagner Charlie dans sa quête de pardon et de délivrance.»
A un moment donné, dans un accès de désespoir, Charlie s’empiffre de pizzas. Comment prépare-t-on ce genre de scène choquante?
«Vous devez savoir que Charlie est accro, en fait. Cela fait longtemps que manger, pour lui, ce n’est plus se nourrir, mais un moyen d’alimenter le système de récompense dans son cerveau. Il ne mange pas parce qu’il y prend du plaisir, mais surtout parce qu’il est rempli de tristesse à cause des choix qu’il a faits dans sa vie. C’est en effet choquant à voir. Ce n’est jamais agréable de regarder quelqu’un qui se fait du mal intentionnellement. Mais cela suscite chez vous beaucoup d’empathie pour lui.»
Etes-vous très heureux de vous retrouver ainsi en pleine lumière?
«Honnêtement? C’est secondaire. Je suis surtout très heureux d’avoir pu jouer dans un film comme celui-ci. Nous espérons vraiment que ‘The Whale’ puisse changer le regard du public sur des gens comme Charlie. Cela ne m’étonnerait même pas que ce film puisse sauver des vies. Je le pense vraiment.»
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