Louane de retour au cinéma dans Marie-Line et son juge : «Je n’ai aucun problème à ouvrir ma gueule»
De retour au cinéma dans ‘Marie-Line et son juge’ et sur scène pour la tournée du ‘Club des sentiments’, Louane se porte mieux que jamais. De passage à Bruxelles, elle fait le point avec nous sur dix ans de célébrité. Et nous parle de son soutien du public LGBTQIA+, de la fin des ‘vieux mecs’ dans son entourage, et du moment où sa peur s’est envolée.
'Marie-Line et son juge’ suit une jeune femme résignée par une vie dure, mais retrouvant l’énergie au contact d’un juge incarné par Michel Blanc. Pourquoi ce rôle, alors qu’on vous en propose sans doute plein?
Louane: «L’émotion et les valeurs. Dès que j’ai lu le scénario, ça m’a touchée. Puis on m’a dit que Michel Blanc jouerait dedans. J’ai trouvé l’idée de ce duo cinématographique hyper intéressante, alors que ce n’était pas une évidence quand même. Et ma façon de réfléchir se retrouve dans le film. Il est ancré dans la société d’aujourd’hui, il est drôle mais reste très réaliste. Tout ce qu’on voit à l’écran, la dureté du quotidien comme le besoin de sortir la tête de l’eau par soi-même, on peut le voir dans la vraie vie. Et puis il y a cette rencontre qui mélange les classes sociales et les générations, où chacun apprend de l’autre. Ça me donne de l’espoir et il nous en faut dans notre société.»
Le film met l’accent sur la chance d’être en position d’aider les autres quand on a du pouvoir. Ça vous parle?
«Je pense que si j’arrive à aider à travers mes chansons, je serai la plus heureuse du monde. Et bien sûr, je soutiens des combats importants comme celui contre le harcèlement. Et je m’engage évidemment. Parler du cancer du sein, aider les enfants dans les hôpitaux, c’est très important pour moi. Quand je peux aider, je finis par enfin me sentir utile quelque part. Si je peux mettre la main à la pâte, je suis là! Et si je peux utiliser ma plateforme pour le faire, tant mieux!»
Justement, votre chanson ’On était beau’ s’est retrouvée sur la bande originale de la série ’Heartstopper’, qui parle d’homophobie et de harcèlement…
«C’est dingue, non? Je suis hyper fière qu’ils aient choisi ce morceau-là, c’est tellement stylé! Je suis fière du message qu’elle peut véhiculer dans la série. Je pense que, de base, je porte les valeurs qu’elle défend. C’est chiant parce que ce qu’elle raconte, pour moi, c’est du bon sens. Quand je me retrouve face à des gens pour qui ce n’est pas du tout le cas, ça me casse en deux. Je suis peut-être un peu trop utopiste. C’est tellement important de s’aimer, d’aimer les gens, de pas avoir de barrières.»
Vous en croisez beaucoup des gens qui ne partagent pas vos valeurs?
«Dans mon travail, pas tant que ça. Ou alors, c’est des vieux mecs. Je crois que je suis arrivée à un stade dans ma vie où, si vieux mec il y a, moi il n’y a plus (rires). Toute mon équipe est très jeune. C’est con mais ça joue vachement, on ne va pas se mentir. Ça a beaucoup changé dans le monde de la musique. Il y a de moins en moins de place pour les gens toxiques dans la pop mainstream. Maintenant, quand il se passe un truc, on parle. Les gens qui ont pu être méprisants, ou parfois pire, n’ont plus autant la possibilité de le faire. Je me sens vachement plus safe aujourd’hui qu’il y a dix ans. Je fais aussi partie des gens qui n’ont aucun problème à ouvrir leur gueule. C’est une force que je n’imaginais pas avoir plus jeune.»
Ça a été difficile au départ?
«Plus jeune, j’avais peur de parler. Mais aujourd’hui, je m’en fous. Récemment, mon mec a eu un vilain problème d’oreille et un article a titré ’Louane: son compagnon handicapé’. Le drama, quoi! C’est déjà bizarre pour mon mec, soit, mais ce n’est surtout pas cool pour toutes les personnes qui ont vraiment un handicap. Ce genre de chose, en vrai, ça ne me blesse plus. Et si c’est plus grave et que je veux m’exprimer, eh bien je prends mon téléphone, j’ouvre Instagram, je fais un live et je dis ce qui vient de se passer en racontant ma vérité. Vous écoutez si vous voulez mais moi je sais où je suis. À partir du moment où j’ai compris ça, j’ai réalisé que j’avais plus peur.»
‘Marie-Line et son juge’ sort aujourd’hui en salles.
Notre critique de ‘Marie-Line et son juge’ :
Si Louane trouvait sa voix dans ‘La famille Bélier’ (rôle qui lui a valu le César du meilleur espoir féminin en 2015), elle n’a pas peur de l’ouvrir dans le rôle de Marie-Line, une jeune femme certaine que des mots comme ‘la chance, ça se provoque’ sont des phrases de riches. Jusqu’à ce qu’un juge aigri (Michel Blanc) ne lui fasse une proposition. Il paie l’amende salée qu’il lui a collée au tribunal, et elle devient sa chauffeuse pour un mois. Deal! Le coup du duo que tout oppose (âge, classe sociale) mais finissant par s’élever mutuellement, on connaît déjà (‘Le brio’, ‘Haute couture’). Mais la photo contrastée entre la grisaille du Havre et les costumes flashys de l’héroïne aux cheveux rose évoque la douceur du cinéma britannique. Et l’alchimie entre Louane et Michel Blanc attendrit, surtout quand ils s’envoient des vannes piquantes lors des scènes de bagnole. Mais la direction d’acteurs sent tout de même le mode auto, et la fin se perd un peu dans un long détour dramatique, plombant un peu ce film franchement sympa. 2/5