Mostra de Venise 2023: Voici notre liste de prix, 100% subjective

Comme chaque année, Metro était à la Mostra de Venise et vous délivre sa propre liste de prix, parfaitement subjective.

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

Le jury de Damien Chazelle (La La Land) a tranché! C’est le réjouissant ‘Poor Things’ de Yorgos Lanthimos, une comédie aussi grinçante qu’euphorisante avec Emma Stone, qui gagne le Lion d’Or au Festival de Venise. Un palmarès sans grande surprise et faisant la part belle à deux films très différents sur des parcours de réfugiés (la candeur émouvante de ’Io Capitano’ et l’horreur glaçante de ’Green Border').

Prix de l’Audace: Emma Stone

La rousse la plus célèbre d’Hollywood retrouve son réalisateur de ‘The Favourite’ pour l’euphorique ‘Poor Things’. Stone y étale tout son talent dans le rôle d’une femme défunte réveillée par la transplantation d’un nouveau cerveau, passant en vitesse accélérée de l’enfance à la maturité, et déjouant les desseins machistes des hommes autour d’elle grâce à sa candeur et son appétit pour la vie. Avec un timing comique d’une précision folle et une assurance désarmante dans de nombreuses scènes de sexe fantaisistes, l’actrice de ‘La La Land’ tient là son meilleur rôle à ce jour.

Prix de l’Applaudimètre: Hit Man

Ce thriller romantique de Richard Linklater (‘Boyhood’) sur un prof de philo jouant les faux tueurs à gages pour la police a collecté quelques-unes des meilleures notes de journalistes, fait rare pour un titre hors compétition. Il faut dire que les comédies marchent toujours bien en festival. Peu nombreuses, elles offrent une poche d’air fort appréciée entre les titres plus dramatiques de la compétition. Mais ‘Hit Man’ a vraiment surpris le public, riant à gorge déployée et défonçant l’applaudimètre à multiples reprises pendant la projection.

Prix du Comeback: Michael Fassbender

On ne l’avait plus vu sur les écrans depuis ’X-Men: Dark Phoenix’ en 2019, le héros de ’Shame’ et de ’Prometheus’ réussit son comeback avec ’The Killer’ de David Fincher, dans le rôle d’un tueur à gages traqué par ses propres employeurs. Le talent comme le physique de Fassbender sont examinés à la loupe dans cet exercice de style un peu creux mais virtuose et terriblement amusant. Avec en bonus la géniale Tilda Swinton dans le rôle d’une tueuse baptisée ’Le Coton-tige’.

Prix du Feu de paille: Les biopics Ferrarri, Maestro et Priscilla

Les films les plus attendus ont finalement fait le bruit d’un pétard mouillé. Le biopic d’Enzo Ferrari avec Adam Driver et Penelope Cruz a diverti sans laisser de traces de pneu nulle part. Celui du compositeur Leonard Bernstein réalisé par Bradley Cooper a poliment ému mais sans sortir du moule à Oscars. Et le récit de la jeunesse de Priscilla Presley a été salué comme un retour à l’ambition formelle pour Sofia Coppola ('Marie-Antoinette'), mais pas vriament celle de fond. La cinéaste abonnée aux jeunes filles mélancoliques errant dans une cage dorée semble en effet décidée à raconter la même histoire de film en film. Ce qui n’a pas empêché son actrice, la jeune Cailee Spaeny vue dans la série ’Mare of Easttown’, de repartir avec le prix d’interprétation féminine, qu’on aurait préféré voir entre les mains de Jessica Chastain pour ’Memory’.

Prix de la Pépite: Vampire humaniste cherche suicidaire consentant

C’est souvent en dehors de la compétition officielle qu’on tombe sur les meilleures surprises, comme ce ‘Vampire humaniste’ au joli titre à rallonge. L’histoire d’une vampire adolescente refusant de tuer pour se nourrir de sang, ce teen movie québécois a charmé les foules en abordant des thèmes comme le suicide, la marginalité et l’euthanasie avec un humour pince-sans-rire et beaucoup de tendresse. Au point d’emporter le premier prix de sa section, celle des Giornate Degli Autori.

Prix de l’Incruste: l’Intelligence artificielle

On savait que la grève des acteurs américains et leurs demandes de protection contractuelle contre les dérives de l’intelligence artificielle allaient faire jaser sur le tapis rouge, mais le débat a débordé bien au-delà. Dans le très beau film de science-fiction ’La Bête’ de Bertrand Bonello par exemple, sorte de ’Matrix’ version cinéma d’auteur, dans lequel Léa Seydoux parcourt ses vies antérieures pour qu’une IA la purge de ses affects. Et dans l’élégant discours de Peter Sarsgaard, prix d’interprétation masculine pour l’émouvant ’Memory’, partageant son inquiétude avec des touches de poésie humaniste.

Prix Noir-Jaune-Rouge: Quitter la nuitet Holly

Belgium, two points! Deux films ont fait briller nos Belges couleurs à la Mostra. ’Quitter la nuit’ de Delphine Girard, prolongation de son court-métrage nommé aux Oscars en 2020, a largement convaincu avec son récit croisé d’individus marqués par une agression sexuelle. Au point d’emporter le prix du public des Giornate Degli Autori. Et si ’Holly’ de Fien Troch ('Home’) n’a pas été récompensé par le jury de la compétition officielle, sa jeune actrice Cathalina Geeraerts s’est vu remettre le Bisatto d’or de la meilleure interprétation par un jury de journalistes indépendants.

Les prix officiels:

Lion d’or: ‘Poor Things’ de Yorgos Lanthimos

Lion d’argent – Grand Prix du Jury: ‘Evil Does Not Exist’ de Ryusuke Hamaguchi

Lion d’argent du meilleur réalisateur: Matteo Garrone pour ‘Io Capitano’

Coupe Volpi de la meilleure actrice: Cailee Spaeny pour ‘Priscilla’

Coupe Volpi du meilleur acteur: Peter Sarsgaard pour ‘Memory’

Prix du meilleur scénario: Guillermo Calderón et Pablo Larraín pour ‘El Conde’

Prix du meilleur espoir: Seydou Sarr pour ‘Io Capitano’

Prix spécial du Jury: ‘Green Border’ de Agniezska Holland

Prix Orizzontidu meilleur film: ‘Explanation for Everything’ de Gábor Reisz

Prix du meilleur premier film: ‘Love Is a Gun’ de Lee Hong-Chi

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