Olivia Colman fait son retour dans «Empire of Light» de Sam Mendes: «J’ai dit oui avant de lire le scénario»

Certains acteurs deviennent mondialement célèbres dans leur enfance, Olivia Colman n’a vraiment percé que passé 40 ans, avec la série policière ‘Broadchurch’ et ‘The Crown’. Depuis son Oscar pour ‘The Favourite’, on ne l’arrête plus. Dans l’intimiste ‘Empire of Light’ de Sam Mendes, l’actrice britannique montre une fois encore son immense talent, dans le rôle d’une femme solitaire atteinte de bipolarité.

par
RN
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Qu’est-ce qui vous a attiré exactement dans ‘Empire of Light’?

Olivia Colman : «J’ai dit oui avant même d’avoir lu le scénario. Quand Sam Mendes vous demande, vous ne refusez pas. Et quand je l’ai lu finalement, j’étais super heureuse. Je n’ai jamais joué quelqu’un comme Hilary, j’avais donc un peu peur, et je trouve ça toujours excitant. Surtout le fait qu’elle vit, en tant que femme de mon âge, une aventure avec un homme plus jeune me rendait nerveuse. Mais quand j’ai rencontré Micheal [Ward, son partenaire à l’écran, NDLR], j’ai été tout de suite rassurée. Il gérait ça avec beaucoup plus de maturité que moi.» (rires)

C’est une histoire très émouvante. Quelles leçons de vie en tirez-vous?

«Que les barrières érigées par les autres ne comptent pas. Âge, couleur de peau, origines, tout cela n’a pas d’importance. Le film nous montre aussi la manière dont nous traitons les gens qui souffrent d’un trouble psychique. Comment nous prenons soin d’eux. Cette histoire parle de deux personnes qui se voient pour ce qu’elles sont et qui s’aident mutuellement avec leurs problèmes.»

Les collègues dans le film forment une sorte de famille. Avez-vous déjà vécu ça dans votre travail?

«En fait, cela arrive avec quasi tous les films dans lesquels je joue. Vous apprenez à bien vous connaître et durant quelques semaines ou mois, vous devenez une famille temporaire. Quand j’étais plus jeune, j’avais du mal avec ça. Je voulais que ce groupe reste ensemble. Maintenant j’ai compris que les gens qui vous sont vraiment chers ne vous quittent jamais. Vous n’avez peut-être pas de contacts pendant quelques années, mais quand vous vous revoyez, ça colle comme avant.»

Le film est au fond une ode au pouvoir nostalgique du cinéma. Vous souvenez-vous de l’endroit où vous avez vu votre premier film?

«J’ai grandi à Norfolk, et nous allions toujours au cinéma à Norwich, où il y avait plusieurs cinémas: l’Odeon, le Prince of Wales Cinema et l’Arts Cinema. Ce dernier, je l’ai surtout découvert quand j’étais adolescente, et cet endroit a changé ma vie. Je me sentais très cool, car j’allais voir des films d’Art et d’Essai. J’y ai découvert un style narratif qui était totalement nouveau pour moi.»

Quels films de votre enfance vous sont le plus restés?

«J’allais souvent loger chez des copines, et nous adorions regarder des films qui font peur. Alors que je ne supporte toujours pas ça. (rires) Lorsque cela a été mon tour de les inviter, j’ai demandé à ma mère si elle voulait louer un film vraiment effrayant. Chez mes copines, nous avions vu des choses comme ‘A Nightmare on Elm Street’, et je voulais être aussi cool qu’elles. Et quel film ma mère m’a rapporté de la vidéothèque? ‘A Christmas Carol’! En se justifiant d’un ‘Il y a quand même des fantômes dedans?’ (rires) Alors, j’ai dit à tout le monde que la vidéothèque était fermée. Je ne m’étais jamais sentie aussi gênée.»

Y a-t-il des films spécifiques qui vous ont poussée à devenir actrice?

«Le film qui m’a le plus marquée dans ce sens, c’était ‘Breaking the Waves’ de Lars von Trier. J’ai vu ce film à Bristol quand j’étais à l’école de théâtre. Je ne savais pas ce que je voyais. Je ne veux plus jamais revoir ce film tant il est intense. Je compatissais tant avec Emily Watson. J’étais estomaquée. À ce moment-là, j’ai su ‘Je veux faire ce qu’elle fait’.»

Et vers quel film vous tournez-vous quand vous avez besoin de réconfort?

«J’aime les films pour enfants. Si j’ai besoin d’un peu de réconfort, je peux regarder ‘Paddington’ toute la journée. Je ne peux pas me passer d’un happy end. Les films pour enfants vous brisent toujours le cœur à un moment donné. Prenez ‘Toy Story 3’: les larmes aux yeux. (rires) C’est d’ailleurs terrible à dire, mais le plus réconfortant pour moi, c’est un film que je regarde chez moi. Petite couverture, tasse de thé, film pour enfant. J’adore.»

En quelques lignes

Un cinéma est toujours un lieu magique, a fortiori les vieux cinémas en bord de mer, tels le cinéma ‘Empire’ où se passe le drame romantique ‘Empire of Light’. Non pas que la gérante Hilary (Olivia Colman) en soit consciente. Elle traîne sa solitude dans sa routine quotidienne. Des contacts avec les collègues, elle n’en a pratiquement pas, hormis les assauts de son patron (Colin Firth). Jusqu’au jour où arrive le jeune et enthousiaste Stephen (Micheal Ward). À la surprise d’Hilary, ils se trouvent, chacun avec ses problèmes: Stephen en tant qu’homme noir dans une Angleterre raciste, Hilary souffrant de trouble bipolaire. Mais leur bonheur naissant est de courte durée. ‘Empire of Light’ n’est peut-être pas en soi un spectacle fracassant, mais il faut avoir un coeur de pierre pour ne pas se laisser embarquer par les deux protagonistes. Colman est – comment pourrait-il en être autrement – époustouflante dans le rôle principal, mais à ses côtés personne ne détonne non plus.

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