Une Keira Knightley intrépide lancée à la poursuite de l’«Étrangleur de Boston»

Encore un rôle rétro pour Keira Knightley, mais loin des corsets et des salons de thé! Direction Boston dans les années 60 pour un thriller journalistique sur l’étrangleur de Boston et ses féminicides glaçants. Une enquête levant le voile sur la misogynie rampante de l’American Way of Life, ainsi que sur la corruption flagrante de toute une administration.

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 4 min.

Connaissiez-vous l’affaire de l’étrangleur de Boston avant d’entamer le tournage du film?

Keira Knightley : «J’avais déjà entendu ce surnom qui lui a été attribué par les journalistes que nous jouons dans le film. Mais je n’avais aucune idée de qui il avait tué, ni de l’impact que ses crimes avaient eu sur la ville de Boston dans sa totalité. J’ai donc approché l’affaire à travers le magnifique scénario que Matt (Ruskin, le réalisateur, ndlr) avait écrit. Il m’a impressionné avec l’originalité de son approche. On suit la série de meurtres ayant terrorisé toute la côte Est des États-Unis, mais à travers le point de vue de deux femmes journalistes. Deux nanas qui ont bossé dur pour révéler les failles des systèmes policier, judiciaire et politique. Et qui ont tristement été invisibilisées avec le temps. On se souvient du tueur, mais pas d’elles. J’ai trouvé ça très intrigant.»

Quel écho leur enquête renvoie-t-elle à notre époque?

«Je pense que le film est une déclaration d’admiration au journalisme d’investigation porté par les femmes. Et qu’il démontre de façon limpide l’importance de placer des femmes à des positions de pouvoir. Que tout peut changer quand on demande aux femmes de raconter une histoire, d’être en charge d’un récit. Sans ces deux femmes, les pièces du puzzle n’auraient jamais été rassemblées dans l’affaire de l’étrangleur de Boston. Ni par les autorités, ni par les hommes dans leur salle de rédaction.»

Le film est-il à charge contre les journalistes de la gent masculine?

«Pas vraiment… mais un tout petit peu quand même (rires). Aucun d’entre eux ne voulait voir l’enquête reculer, ça va de soi. Mais leurs expériences de vie ne les ont pas menés à questionner les événements de la même façon. Personne dans l’équipe chargée de couvrir ces attaques, celle des crimes et faits divers, ne voit l’histoire plus grande cachée derrière les meurtres. Le film ne se gêne donc pas pour souligner l’importance d’inclure une perspective féminine dans le travail de reportage et d’investigation.»

Vous enquêtez aux côtés de Carrie Coon (vue dans ‘Gone Girl’, ndlr). Une belle rencontre?

«Sans blague! Grâce à cette histoire importante que nous portions sur nos épaules, et par la force des choses aussi puisqu’on avait de nombreuses scènes en duo. Le truc en plus, c’est que Carrie a comme moi deux jeunes enfants. Ça peut sembler anodin mais c’est extrêmement confortable d’arriver sur un plateau avec des cernes sous les yeux, et de se trouver face à une femme dont le regard exprime de la compréhension avant tout. Un jour, par exemple, je devais tourner une scène où je tape à la machine à écrire. J’arrive sur le plateau et réalise que je n’ai pas pensé à apprendre comment faire. J’ai regardé Carrie avec panique, et elle m’a simplement dit: ‘T’inquiète, tu as deux enfants, c’est normal’! Il y a quelques années, avant d’avoir mes filles, j’aurais eu tout le loisir de me former aux gestes. Aujourd’hui, je me prépare moins pour un rôle, c’est comme ça. Je choisis un scénario sur base de sa qualité et je croise les doigts pour que mon instinct soit le bon.»

Vous n’avez pas l’accent de Boston dans le film. Pourquoi?

«Boston est connue pour son gros accent, c’est vrai. Celui que Matt Damon et Ben Affleck ont dans ‘Will Hunting’, c’est bien de ça qu’on parle? Figurez-vous que Carrie et moi avons demandé au réalisateur de nous laisser tenter de l’utiliser. On lui disait: ‘Allez, on essaie! Juste une fois, une toute petite fois pour voir si ça prend’ (rires)! Mais cet accent si connu au cinéma n’est pas si répandu que ça dans la ville, et n’est finalement propre qu’à une certaine partie de ses habitants. Matt ne voulait pas tomber dans la caricature, et je respecte ce choix.»

‘Boston Strangler’ sort sur Disney+ le 17 mars.

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