Une leçon d’optimisme avec Clovis Cornillac dans «Les Têtes givrées»: «C’est un devoir social»
Et si l’optimisme déplaçait des montagnes? Clovis Cornillac essaie d’en convaincre ses élèves jugés ‘en difficulté’ dans ’Les Têtes givrées’, la comédie feel-good et enneigée qui donne envie de croire à un futur meilleur!
Le film suit votre rencontre avec des ados peu sensibles au travail scolaire classique. Le tournage a-t-il été aussi agité que vos aventures à l’écran?
Votre personnage n’hésite pas à aller au clash avec ses élèves, à les secouer…
«Parce qu’on les a enfermés dans une mentalité d’échec. Ils sont persuadés que ce qu’ils font de mieux, c’est rater. Si j’y pense, tous mes potes qui sont allés en prison y sont aussi arrivés parce qu’on leur avait annoncé qu’ils risquaient d’y finir. C’est aussi simple que ça. Il y a une notion de responsabilité bien sûr, mais beaucoup de gens passent par la violence pour exister, pour sortir de l’invisibilité. Ce n’est pas la bonne façon, mais c’est bien réel. Et dans le film, mon personnage est d’autant plus décidé à sortir ses élèves de leur discours blasé parce qu’il a ses propres angles morts. Sans trop en dévoiler, disons qu’il porte un drame qui l’empêche de se soucier de son propre bien-être. Il place donc toute son énergie dans cette classe de bras cassés.»
Il y a un vrai plaidoyer pour l’optimisme dans le film. C’est important de muscler ce sentiment parfois snobé?
«Je pense que faire quelque chose pour ceux qui nous suivront, ça remonte moral. Et prendre soin de notre humeur, c’est utile au-delà de notre individualité. C’est même un devoir social. En revanche, c’est vrai que c’est complexe d’être optimiste ces temps-ci. C’est assez tristement associé à une forme de bêtise. On parle souvent d’imbéciles heureux, non? Pourtant, réussir un ’happy end’ à la fin d’un film, ce n’est pas le choix de la facilité, bien au contraire! L’évolution positive des élèves qu’on montre à l’écran n’est pas fantasmée. Quand on dit à un ado soi-disant perdu d’avance qu’il a tout en main pour réussir, ça change tout. Ce n’est pas du langage de bisounours.»
Il y a deux jeunes acteurs belges dans la classe du film…
«Oui, Matteo Salamone (vu dans ’Mon Ket’, ndlr) et Louis Durant (vu dans ’Ma Reum’, ndlr)! Ils sont tous les deux très chouettes et je pense qu’ils sont partis pour durer. Ce n’est pas très étonnant parce que, il faut le souligner, les acteurs belges sont souvent remarquables. Et remarqués! Ce qui est dingue c’est que depuis quelques années, le milieu du cinéma belge est tellement apprécié que ça devient difficile de les engager. Là je parle aussi des équipes techniques, qui font le travail avec beaucoup de sérieux mais sans se prendre eux-mêmes au sérieux. La demande est telle qu’il faut s’y prendre à temps maintenant pour travailler avec les Belges. Franchement, c’est la grande classe!»
Qui est votre prof préféré au cinéma?
«Le réalisateur pensait beaucoup à Robin Williams du ‘Cercle des poètes disparus’ en écrivant le film. Mais j’ai envie de répondre James Stewart dans ’La Corde’ d’Alfred Hitchcock. Ça, c’est un prof de cinéma que j’aime beaucoup.»
Le tournage a-t-il respecté la démarche écologique défendue par le film?
«On a essayé de faire attention à tous les niveaux. Moi j’adore le vélo, donc pas de bagnole pour mes déplacements. Ça, c’était facile à respecter. Après, la cantine était bio et zéro déchet. Le matériel de déco a été recyclé. Les costumes étaient locaux, le maquillage bio, les lampes de basse consommation. On a fait le maximum. À la fin, on a réalisé un bilan carbone du film et le producteur a payé une compensation pour aller au bout de la démarche. On n’est pas parfaits, mais au moins on s’est mis en mouvement.»
‘Les Têtes givrées’ sort en salles le 15 mars.