Mickey 3D: «Je suis un peu moins jeune, rebelle et donneur de leçons»

par
Laura
Temps de lecture 4 min.

Après sept ans d'absence, Mickaël Furnon revient sur le devant de la scène accompagné de nouveaux musiciens. Devenu célèbre grâce à son titre «Respire» sorti en 2003, il dévoile aujourd'hui son nouvel album «Sebolavy».

Vous avez sorti votre dernier album il y a sept ans. Où étiez-vous passé?

Mickaël Furnon: "J'étais chez moi et j'écrivais des chansons, je les enregistrais mais je n'étais pas content. Entretemps, je me suis un peu arrêté pour écrire pour les autres comme Vanessa Paradis, ZAZ… Et puis après j'ai essayé de changer ma façon de travailler et j'ai fait appel à un copain musicien toulousain, Thierry Bon. On a fait une vingtaine de chansons ensemble, j'en ai gardé quatre ou cinq pour le disque. Cela m'a remis le pied à l'étrier."

C'était difficile de faire quelque chose qui vous convienne?

"C'est surtout difficile de ne pas réécrire les mêmes chansons. Il y avait une période où j'avais du mal à me supporter. Il faut laisser passer ce stade où on a un peu l'impression de tourner en rond, de ne pas amener de l'eau au moulin."

Dans cet album vous rendez hommage à Sophie Scholl et au groupe de jeunes résistants allemands Die Weiss Rose.

"C'est une histoire que je ne connaissais pas. Je l'ai trouvé tellement forte qu'elle m'a inspiré une chanson. Elle est née d'elle-même et c'est un peu cette chanson qui m'a ouvert les portes de ce disque. C'est pour cela que je l'ai mise au début."

Vous abordez également d'autres thèmes de société comme le chômage, le Front national…

"Je le fais un peu comme un observateur. J'ai dépassé la quarantaine, je travaille différemment maintenant. Je suis un peu moins jeune, rebelle et donneur de leçons. Je me place plus en observateur avec un peu moins de jugements et ça me va bien."

C'est donc plus un constat que vous faites?

"Oui, même si parfois je donne des petites piques parce que j'aime bien. Cela fait partie de ma personnalité. Dans la chanson ‘C'est beau la vie', où je regarde cette jeunesse qui va voter extrême droite, je suis inquiet et je me pose des questions. Je me demande pourquoi ils font ça. Je ne peux pas m'empêcher de les traiter d'abrutis parce que j'ai l'impression qu'ils manquent un peu de culture historique."

Ce sont aussi des piques que vous lancez dans «François sous la pluie»?

"Non, c'est une chanson qui n'est ni gentille ni méchante. C'est une chanson de ce monsieur qui, le jour de son investiture, s'est retrouvé sous la pluie sur les Champs-Élysées. J'ai l'impression que le nuage l'a suivi jusqu'à aujourd'hui. Et puis d'un autre côté je n'arrive pas à le détester. Donc cette chanson elle est un peu comme ça. Il y a un petit côté pathétique mais pas détestable."

Après «Respire» vous abordez une fois de plus le thème de l'écologie dans «Après le grand canyon». Vous souhaitiez éveiller les consciences?

"Je pense qu'au niveau citoyen les choses ont évolué mais ce n'est pas le truc qui détruit le plus la planète. On a l'impression qu'il y a tellement de thune en jeu qu'ils ne pourront jamais faire du bien à la planète, qu'on va la détruire jusqu'à qu'il ne reste plus rien. Après je ne suis pas un militant le bras levé, je suis comme tout le monde. Quant à ‘Respire', c'était une chanson parmi d'autres. C'était juste une chanson citoyenne et c'est celle-là qui a marché. Si ça a éveillé des consciences tant mieux."

On ressent une certaine mélancolie, nostalgie voire même de la tristesse dans vos chansons. Vous en avez conscience?

"Moi non mais je commence à avoir conscience que c'est l'image que je donne. Peut-être que c'est ma façon de chanter, de m'exprimer parce que des fois j'ai l'impression de faire une chanson comique et on me dit qu'elle est déprimante (rire)."

Vous avez testé votre tournée chez vous, pourquoi?

"Je fais toujours ça. On commence par jouer au théâtre de ma petite ville de Montbrison et après on joue devant les gens du patelin. Cela permet de jouer devant des personnes qui nous connaissent. Si c'est catastrophique ça ne sort pas de la ville. On a également beaucoup travaillé parce que je ne joue pas avec des musiciens professionnels, c'est toujours avec des copains."

Les copains du groupe ont quelque peu changé

"Oui, c'est un peu comme la vie, des fois les couples se font et se défont et c'est pareil dans la musique."

"Sebolavy", Mickey 3D (Warner Music)

Difficile d'oublier «Respire», l'incontournable succès de Mickey 3D sorti en 2003. Pour son retour, Mickaël Furnon et ses nouveaux copains font dans la nostalgie sans vraiment marquer les esprits. On retiendra cependant le bel hommage à la jeune résistante allemande Sophie Scholl dans «Rose Blanche». 2/5