«Les parents voulaient savoir où on se trouvait, tout le temps» : «Petites», le docu choc sur l’affaire Dutroux, vue par les enfants de l’époque
Le dimanche 20 octobre 1996, la «Marche blanche» contre la violence faite aux enfants rassemblait 300.000 personnes à Bruxelles. À la veille des 25 ans de cette grande manifestation, La Trois diffuse un documentaire inédit. «Petites» décrit comment les enfants de l’époque ont vécu l’affaire Dutroux.
Le film, signé Pauline Beugnies, commence par l’image d’une cassette vidéo que l’on enfonce dans un magnétoscope. Quelques instants plus tard, on redécouvre des images que l’on avait presqu’oubliées. Celles du portrait-robot de Julie et Mélissa, des parents des enfants kidnappés devant les caméras, de Sabine et Laetitia sortant saines et sauves, en pleurs, de la cache. Entre ces images fortes que l’on connaît tous, viennent se glisser d’autres images d’archives qui, elles, nous sont totalement inconnues. Ce sont des enfants anonymes qui jouent dans leurs jardins ou à une fête d’anniversaire. Sur ces images, on entend des témoignages d’adultes mais qui étaient enfants à l’époque des drames. Ils avaient entre 6 et 17 ans. On ne verra pas leurs visages. Ils expriment, chacun à leur tour, comment les événements qui se sont déroulés en 1995-1996 les ont profondément marqués.
«Traumatisme médiatique»
Ce qui revient le plus souvent dans les témoignages, c’est le souvenir qu’ont ces personnes de soudainement ne plus pouvoir aller jouer dehors et de voir le comportement de leurs parents changer. «Les parents voulaient savoir où on se trouvait, tout le temps». Cette génération d’enfants devenus adultes questionne le rôle de leurs parents à l’époque. Devaient-ils leur montrer toutes ces images à la télé?, Pourquoi ne les ont-ils pas davantage protégés? Le documentaire ne pointe pourtant pas la responsabilité des parents mais plutôt celle des médias, qui ont tout montré. Les images des JT, consommées sans explication des adultes, sans débat, ont façonné durablement la vision du monde de ces enfants.
Le tabou de la pédocriminalité
Au-delà du rôle des médias, Pauline Beugnies met en lumière le tabou qui règne encore en maître autour de la pédocriminalité. «On culpabilise encore les victimes, dénonce la réalisatrice. C’est une parole qui n’est pas du tout normalisée. On nous a tout balancé à la figure, on a vu des témoignages au JT qu’on regardait en famille où l’on parlait des sévices sexuels dans le détail mais aujourd’hui la parole d’une victime est toujours inaudible», ajoute-t-elle.
Si «Petites» nous replonge dans ce passé tragique, le documentaire questionne surtout notre présent, en ouvrant le débat: «Les choses ont-elles réellement changé»?
«Petites», le 19 octobre sur La Trois à 20h35 (déconseillé aux moins de 16 ans)