Metro était dans les coulisses du nouveau spectacle du Cirque du Soleil
Des hommes portant des pulls en laine scandinaves font une bataille de boules de neige avec le public. Un peu plus loin, des violonistes jouent un air joyeux, une patineuse tombe à la façon d’un clown et des hockeyeurs sur glace présentent leurs premiers tours. Dans quelques instants, le spectacle va commencer, mais le Cirque du Soleil nous donne déjà un premier aperçu de ce qui va suivre sur la grande patinoire devant nous: pitrerie burlesque, une bande-son explosive et des cascades qui défient la pesanteur.
CRYSTAL est le premier spectacle sur la glace pour le Cirque du Soleil, qui crée depuis plus de 35 ans des spectacles complets pour des milliers de spectateurs dans le monde entier. Tout tourne cette fois autour du personnage qui a aussi donné son nom au show, Crystal, une marginale qui essaie grâce à son imagination de se libérer des structures pesantes de la société. Pendant les deux heures que dure le show, elle se fraye un chemin en patinant entre ses parents sévères, les donneurs de leçons à l’école et les entreprises kafkaïennes, vers sa propre forme d’expression. Bien entendu, l’histoire reste surtout un prétexte pour effectuer des numéros insensés, comme du freestyle extrême en patinage sur glace et des voltiges incroyablement souples aux sangles aériennes.
Bien que tout le spectacle se déroule cette fois sur la glace, nous ne pouvons que conclure après le show que le Cirque – à juste titre – continue de s’en tenir à sa formule traditionnelle de numéros fous qui seraient systématiquement étiquetés en ligne de « don’t try this at home». Chaque fois que nous voyons les patins aux lames aiguisées aux pieds des artistes, nous ne pouvons nous empêcher de nous demander comment le casting – qui n’est pas nécessairement composé de patineurs professionnels – gère-t-il cela? Et en quoi est-ce différent de jouer un spectacle sur la glace?
Christine Achampong, senior publicist pour le Cirque, répond à ces questions avec une visite guidée. «Bien sûr, la glace a ses propres défis», nous explique-t-elle en backstage. «Tous nos costumes doivent être adaptés à la glace, des combinaisons rembourrées aux épaules aux gants à l’adhérence renforcée. Et notre antenne médicale doit faire le plein de pansements, parce qu’il y a beaucoup de coupures.»
Tandis que Christine nous guide dans les allées derrière la scène, nous comprenons vite que la glace n’est qu’une préoccupation parmi d’autres pour la production quotidienne. Christine nous montre par exemple une vingtaine de perruques qui constituent à elles seules un job à temps plein: quotidiennement, une coiffeuse lave, coiffe et tresse chaque perruque, une tâche à forte intensité de main-d’œuvre qui prend 8 à 14 heures par jour. Quatre couturières s’occupent jour et nuit à réparer l’une des 4 à 5.000 pièces de costume.
Sans compter l’acheminement de tout le personnel: «Nous sommes 93 au total, 44 artistes et 49 collaborateurs. Nous voyageons tous ensemble de ville en ville, avec 21 camions de 14 mètres de long, transportant 428 coffres. On y trouve entre autres les 261 éléments du mur qui constitue notre décor», explique fièrement Christine.
L’Anversoise de 27 ans, Amber Van Wijk, est l’une de ces artistes. Elle tourne avec le Cirque depuis 2011. D’abord pour les shows Varekai et Paramour, mais depuis 2018 – comme l’indique son C.V. – aussi comme «trapéziste», «équilibriste» et «coach d’artiste» pour CRYSTAL. «Mes compétences en patinage sur glace n’étaient pas super au départ, vraiment pas», dit-elle en riant. «Mais après trois mois d’entraînement j’étais capable de suivre le rythme. En tant qu’acrobate, je dois surtout maîtriser les bases.»
Même si elle admet qu’elle a dû s’adapter à la glace. «Nos chaussures ont par exemple des crampons aux semelles pour éviter de glisser. Toutes les figures doivent être ajustées en conséquence. De plus, nous travaillons dans le froid: nous devons nous échauffer bien plus longtemps, car les blessures se produisent plus vite.» La glace est-elle plus dangereuse? «Non. Glace ou béton: l’une et l’autre sont aussi durs. L’avantage de la glace est que vous glissez au lieu de chuter. C’est un peu moins douloureux. Mais l’objectif principal reste de ne pas tomber!»
Néanmoins, il y a bien tous les jours quelqu’un qui se blesse, sans nécessairement tomber: «Aujourd’hui, par exemple, une artiste s’est réveillée avec une douleur à une hanche et nous avons décidé de la mettre au repos. Elle ne fera pas le show aujourd’hui, mais nous avons l’habitude de ce genre d’adaptation. Tout le monde connaît deux rôles, si bien que nous pouvons facilement remplacer. The show must go on.»
Le job d’Amber est sans conteste intensif, mais c’est ce qui lui plaît. «Pendant la pandémie de coronavirus, je suis restée deux ans à la maison, mais cette vie était trop calme pour moi. L’adrénaline est devenue ma norme.» Elle est néanmoins contente de revenir quelques jours chez elle en février pour un match à domicile en quelque sorte au Sportpaleis. «C’est la première fois que je joue dans ma ville. Je suis très impatiente. Les amis, la famille et les grands-parents qui n’avaient pas pu me suivre dans mes déplacements ont maintenant l’opportunité de venir me voir. C’est chouette qu’ils puissent découvrir ce pour quoi j’ai travaillé tellement dur depuis 10 ans.»
«Cirque du Soleil: CRYSTAL» sera au Palais 12 à Bruxelles du 9 au 12 février et au Sportpaleis à Anvers du 17 au 19 février.
Les billets sont en vente via Palais12 et Sportpaleis.be