Jeremstar se fait justice lui-même dans son livre : «J’ai le sentiment d’avoir créé des monstres»

Elle est lointaine l’époque où Jeremstar accueillait des stars de téléréalité dans une baignoire pour des interviews sans filtres. Depuis, le Français a été victime de cyberharcèlement, au point de penser au pire. Embourbé dans des déboires judiciaires depuis huit ans, l’entrepreneur aux multiples casquettes veut désormais se faire justice lui-même avec son livre «Survivant des réseaux sociaux».

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 4 min.

Pourquoi étiez-vous attiré par le milieu de la téléréalité dans votre jeunesse?

«Je suis un enfant de la téléréalité car j’ai grandi en v oyant ces programmes. Quand j’étais plus jeune, ça m’a intéressé de comprendre comment des personnes sans talent enfermées dans une maison pouvaient devenir célèbres du jour au lendemain. Je me suis dit ‘Pourquoi pas moi’? Et j’ai lié ça à ma passion pour les médias.»

Cela veut dire que vous vous projetiez du côté des candidats à l’origine?

«Oui, c’était mon envie pendant longtemps mais je me suis rendu compte que j’étais mieux du côté lanceur d’alerte et décrypteur de la téléréalité. À force de fréquenter des personnes de ce milieu-là, j’ai vu des choses graves et j’ai eu envie de les dénoncer. Malheureusement, je trouve que c’est de plus en plus trash et que le harcèlement et le sexisme sont de plus en plus d’actualité. Pour moi, ça représente désormais un danger chez les jeunes.»

La célébrité a-t-elle eu un impact sur votre entourage?

«C’est sûr que j’ai dû faire un grand nettoyage autour de moi parce que je me rendais compte que certains n’étaient pas proches de moi pour les bonnes raisons. Aujourd’hui, je me sens beaucoup mieux entouré car je vois qui est resté sincère avec moi. Malgré cela, je reste très seul dans ma vie et c’est sûr que tout ce qui est arrivé a perverti mes relations de façon générale. Parfois je me dis que j’ai 2,2 millions de personnes qui me suivent, mais que malgré cela je ressens souvent du vide. Je suis victime de solitude à plusieurs.»

Dans votre livre, vous évoquez un rouage judiciaire particulièrement usant. Pourquoi continuez-vous à vous tourner vers elle?

«Je me le demande. Avant de me lancer dans des procédures judiciaires pour faire condamner mes cyberagresseurs, je savais que cela me coûterait de l’argent, mais pas à ce point. On en est à 200.000 euros de frais de justice à l’heure actuelle. Si j’avais su que cela me coûterait autant de temps, d’énergie et d’argent, peut-être que je n’aurais rien fait de tout ça. Mais maintenant que c’est fait, j’irai jusqu’au bout car c’est aussi un combat que je mène pour les autres, pour lutter contre le cyberharcèlement de façon plus large.»

Sortez-vous ce livre pour vous réhabiliter auprès du grand public, pour vous faire justice vous-même?

«C’est un objet précieux qui ne peut pas être sali. Sur les réseaux sociaux, les gens peuvent venir pourrir ce que tu partages mais ce livre restera immaculé. Il s’agit de ma vérité et elle ne peut pas être chahutée. Les écrits restent. J’ai toujours dit que je réglerais mes histoires avec les tribunaux compétents et certainement pas avec celui des réseaux sociaux. Je n’ajoute pas de la boue à la boue.»

Avez-vous le sentiment que certaines personnes sont paumées dans le monde des réseaux sociaux, coincés entre téléréalité et influenceurs?

«Totalement, et j’y ai d’ailleurs parfois contribué. On est face à une génération qui a voulu faire la même chose que moi mais en beaucoup plus trash. J’ai le sentiment d’avoir créé des monstres et j’ai déjà fait mon mea culpa à ce propos. Quand je me suis rendu compte de cela, j’ai essayé de prendre le pli inverse pour essayer d’aider les jeunes à utiliser les réseaux sociaux de façon positive.»

Depuis toujours, vous vous faites appeler Jeremstar. Aujourd’hui, peut-on dire que cette star, cette étoile, brille moins qu’avant?

«C’est une étoile qui brille toujours plus. On a failli l’éteindre mais désormais elle brille encore plus fort et elle rayonne avec plus de valeurs. Au final, je sais bien que je ne suis pas une star, mais je me considère maintenant plus comme un communiquant au service de belles choses.»

EN QUELQUES LIGNES

Dans «Survivant des réseaux sociaux», Jeremstar raconte la difficulté de se faire reconnaître comme victime lorsqu’on a subi du cyberharcèlement sur les réseaux sociaux. L’ancien trublion du web a pris du recul sur ce qu’il a pu faire par le passé et souhaite désormais tirer de son combat du positif, et faire des réseaux sociaux un endroit plus sain. Au travers de son récit, on réalise la lenteur du système judiciaire et l’impact que cela peut avoir sur la santé mentale.

«Survivant des réseaux sociaux», éditions Hugo Document, 216 pages, 16,95€, est disponible dans toutes les librairies et en ligne.

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