Bienvenue dans le métaverse, avec Løyd

Il y a quelques jours, Løyd devenait le premier artiste belge à se produire dans le métaverse Decentraland, une plate-forme de réalité virtuelle 3D décentralisée. Le DJ bruxellois revient sur cette expérience et sur cette nouvelle pratique qui pourrait bientôt s’inscrire dans notre quotidien.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 4 min.

Durant les confinements, les artistes ont multiplié les performances en live sur les réseaux sociaux, afin de garder un lien fort avec leur communauté, même en étant privés de concerts. L’envie de partager avec son public a fini par aller plus loin, lorsque des artistes comme Travis Scott et Ariana Grande se sont produits dans le jeu vidéo Fortnite, devant des dizaines de millions de participants. Se produire dans un univers virtuel, soit un métaverse, c’est d’ailleurs une nouvelle pratique qui commence à se populariser.

Pour faire bref, un métaverse est un monde virtuel qui est facilité par l’utilisation de la Réalité Virtuelle (VR), ou la Réalité Augmentée (VA). Dans ce dernier, où l’immersion prend une place centrale, on peut vivre une série d’expériences sociales, que cela soit faire son shopping, rencontrer des amis virtuellement, ou même assister à un concert.

Une grande première belge

Løyd était d’ailleurs le premier Belge à se produire dans Decentraland, un métaverse, il y a quelques jours: «À l’origine, je m’intéressais à l’univers des NFT et j’ai intégré cette communauté qui discute beaucoup sur Twitter ou sur Discord. J’ai montré ce que je faisais sur ces canaux et le membre d’un collectif appelé les «Rocking Uniquhornes» m’a contacté pour savoir si j’étais intéressé de jouer en live dans leur night-club, qui se trouve dans Decentraland.»

Rapidement, le producteur s’est donc attelé à créer un DJ set spécialement taillé pour Decentraland, ce qui n’a pas été une mince affaire: «Ça a nécessité pas mal de préparation, d’abord au niveau du set que j’allais présenter. Il a aussi fallu apprendre certaines choses d’un point de vue technique, pour que les flux musical et vidéo soient diffusés dans Decentraland. Petit détail amusant: j’ai également dû me créer un avatar dans le métaverse parce qu’il arrive que les fans aiment faire des selfies avec l’artiste lors d’un concert.»

Bientôt dans nos habitudes?

Le soir-même, l’artiste s’est filmé entouré de plusieurs amis pendant qu’il jouait, histoire de donner de la substance à son concert virtuel, qui a notamment été rediffusé sur Twitch par un internaute. Løyd explique avoir beaucoup apprécié l’expérience, qui ne remplacera toutefois jamais un concert réel. Et la question de savoir si cela va se populariser, il répond: «Ça rentrera sans doute dans les mœurs, mais cela prendra sans doute du temps. Proposer une expérience immersive au public, c’est l’avenir du divertissement et au plus les technologies auront évolué, au plus l’expérience sera intéressante et puissante.»

«Joypark», un album dystopique

Vous aviez déjà créé un univers fictif pour votre premier album, et vous remettez ça avec «Joypark», qui nous embarque dans un parc d’attractions obscur. Pourquoi recréer ce type de dystopies?

«J’aime le concept de dystopie (il s’agit d’un récit fictionnel utopique, dont le contrôle nous échappe et qui vire au cauchemar, NDLR) car ça me permet de créer un univers tant au niveau sonore que visuel. J’essaie que l’esthétique de mon projet soit le miroir de ma musique. Je trouve qu’un projet doit être transversal et les sujets que j’aborde s’inscrivent dans cette dystopie. Le fait de recréer un univers fictif me permet d’aborder des sujets parfois cyniques et satiriques, sans être trop proche de la réalité.»

Vous abordez effectivement des sujets forts comme les violences policières. C’est pourtant quelque chose que l’on n’a pas l’habitude de voir en musique électronique…

«Je trouve souvent que dans la musique électronique actuelle, c’est trop gnan-gnan et trop aseptisé, ce qui ne me plaît déjà pas. Mais en plus, parfois cela manque même de réelles intentions artistiques. Je n’ai aucun problème avec la musique plus légère, qui est indispensable, mais c’est dommage quand il n’y a pas de projet artistique derrière. Personnellement, j’ai besoin que l’art me secoue et qu’il remette en question certaines choses dans la société.»

En deux albums, vous avez déjà imposé une «patte» Loyd assez forte. Est-ce quelque chose que vous gardez à l’esprit lorsque vous composez?

«Lorsque je compose un album, je ne regarde pas ce que j’ai pu faire par le passé parce que je veux que chacun d’entre eux ait une identité qui lui est propre. Mais ‘Joypark’ est d’une certaine manière le second enfant turbulent de la famille. C’est un sprint très court qui va à l’essentiel, et dont on sort un petit peu le souffle coupé. Le troisième volet sortira de ce que j’ai pu faire jusqu’à maintenant…»

Le DJ belge Løyd sera en concert:

18/03/22 @ Entrepôt – Arlon

24/03/22 @ Reflektor – Liège

02/04/22 @ Belvédère – Namur

21/10/2022 @ Cirque Royal (club) – Bruxelles