L’ancienne chanteuse de The Dø Olivia Merilahti revient en solo avec «Prudence», pour des débuts très réussis
De passage à Bruxelles pour un concert lors des «Nuits Botanique», Olivia Merilahti a profité de l’occasion pour promouvoir son nouveau projet en solitaire, Prudence. Sorte d’alter ego, ce personnage de science-fiction est un nouveau laboratoire pour la jeune femme, qui avait envie d’explorer un univers plus mainstream après dix années intenses au sein de The Dø.
Cela fait déjà plus de six ans que l’aventure The Dø a été mise entre parenthèses, qu’est-ce qui a provoqué ce break et pourquoi était-il indispensable?
Vous avez travaillé sur plusieurs projets, mais dans l’ombre. Est-ce que ça vous a fait du bien?
«J’ai bien aimé mais, surtout, j’en avais besoin. On sortait d’une tournée particulièrement intense et j’ai eu envie de fuir Paris et de me replier sur moi. Pendant longtemps, je ne voulais plus entendre parler de la scène. Après une grosse cuite, tu ne veux plus boire d’alcool et j’étais dans le même état d’esprit. Je me suis longtemps demandé si je ne préférais pas rester dans l’ombre, mais la chanson et la scène m’ont rattrapée.»
Outre la musique, le projet de Prudence repose sur tout un univers. Est-ce pour cette raison que cela a pris du temps à émerger?
«D’une part, je me suis mise au vert volontairement. J’avais envie de m’occuper de ma vie privée puisque je suis notamment devenue maman. Après cela, je m’y suis remise sérieusement et l’idée était de développer toutes les idées visuelles que je ne pouvais pas exploiter avec The Dø, car l’identité du groupe ne m’appartenait pas complètement. Créer tout cela, c’était une part importante, mais surtout stimulante et nouvelle.»
Ce projet se base sur Prudence, une superhéroïne. Que pouvez-vous dire d’elle?
«À l’origine, ma réflexion s’est basée sur une héroïne qui vient d’un autre monde et qui dispose de superpouvoirs qu’on développe en fonction des clips. Cette superhéroïne protège Olivia et lui donne de la force, c’est mon alter ego. J’avais besoin de fantasmer sur un personnage qui n’est pas réel et l’univers qui l’entoure.»
Est-ce qu’on peut dire qu’il s’agit d’un projet féministe?
«Il est féministe parce que c’est une histoire d’émancipation. J’aurais pu rester dans ma zone de confort avec The Dø, mais j’ai voulu croire en moi et en mes idées, malgré ma timidité. J’ai été facilement sous emprise, même au sein de The Dø, donc ça a été une libération. Il est aussi féministe parce que j’ai œuvré pour que mon équipe technique ne soit composée que de filles, qui sont formidables.»
On vous retrouve dans un registre de pop mainstream. Est-ce vrai de dire que c’est parfois beaucoup plus sophistiqué musicalement qu’il n’y paraît?
«On ne dirait pas, pourtant c’est hyper dur! C’est facile de cracher sur ce registre, mais on adore tous cela et il y a des idées très poussées au niveau du son. Ces morceaux, je les ai faits par pur plaisir et je ne voulais pas trop les intellectualiser. Cela dit, j’ai tenté de faire du mainstream, mais je me suis fait rattraper par mon ADN indé, ce qui se ressent beaucoup tout au long de l’album.»
«Beginnings» raconte la genèse d’une superhéroïne, que racontera la suite?
«C’est beaucoup trop tôt pour en parler, mais maintenant je pense que Prudence va passer aux choses sérieuses, même si elles l’étaient déjà. Je vais sûrement me radicaliser et la musique va s’écarter du mainstream, tout simplement.»
Vous retrouvez enfin votre public après une longue absence. Est-ce que vous ressentiez de l’appréhension? Quels sont vos premiers ressentis en ce début de tournée?
«Avant, j’avais beaucoup le trac et il ne me lâchait pas. Maintenant, avec tout ce que j’ai vécu, je sens que je suis plus dans le plaisir et je relativise pas mal. La crise de la Covid-19 a aussi redonné du sens au fait de donner au public. Cette envie de partager a fini par prendre beaucoup plus de place que ma petite peur personnelle.»