Roscoe sort «Folds», un album qui respire la maturité: «On veut toujours arriver à un consensus à la belge»

Les Liégeois de Roscoe avaient séduit par le passé avec leurs deux premiers albums, ils en remettent une couche avec «Folds». En concert au Botanique, le groupe s’est livré au jeu des interviews et c’est avec le chanteur Pierre Dumoulin et le claviériste Manu Delcourt que Metro a échangé durant une demi-heure pour aborder le parcours du groupe, ainsi que pour discuter de leur troisième bébé.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 4 min.

Depuis que vous défendez l’album, vous semblez particulièrement relax alors que ça peut être des périodes stressantes. D’où vient cette sérénité?

Pierre Dumoulin: «C’est l’expérience et le fait d’en être au troisième album. Dans la logique des choses, c’est le moins stressant car on s’est déjà présentés et on a déjà eu la pression de devoir confirmer. Ici on arrive en tongs et on aborde la sortie en se disant que tout ce qui arrive, c’est du bonus.»

Pourquoi avez-vous pris autant de temps avant de faire votre retour sur les devants la scène?

Pierre: «On avait un peu fait le tour de ce qu’on voulait faire après le deuxième album. On s’est demandés si on avait encore des choses à raconter. En plus de cela, on a dépensé beaucoup d’énergie pour le groupe entre 2012 et 2017, donc il y avait une envie de se poser et d’aller voir ailleurs. On a attendu d’avoir à nouveau quelque chose à raconter pour se retrouver»

Manu Delcourt: «La perception du temps qui s’est passé est forcément faussée par la Covid-19, parce qu’on avait recommencé à bosser deux ans après le début de notre pause. Mais ça nous a aussi aidés à nous ressouder, parce qu’on s’est confinés en studio. Ça nous a donné une chance de beaucoup retravailler nos chansons, ce qui a bénéficié à notre musique.»

Avez-vous pensé à ne jamais revenir?

Pierre: «Personnellement, j’y ai pensé mais ça ne concerne que moi. Je me suis demandé si on allait retrouver la synergie qu’on avait pu avoir par le passé. La gestion d’un groupe au quotidien à cinq, c’est très énergivore et on est sur tous les fronts. Au final, la musique a été plus forte et on a commencé à se revoir.»

Manu: «Et heureusement, parce que ce n’est vraiment pas une bonne raison d’arrêter…»

Peut-on parler de musique contemplative pour qualifier votre style?

Manu: Oui, ça a toujours été ancré dans l’identité du groupe, on essaie de faire quelque chose de très visuel avec du son. C’est aussi une musique très horizontale, qui s’étirent. Ce sont au final des couches qui s’empilent les unes sur les autres.»

Pierre: «Moi je vois notre musique comme un road trip (rires).»

Chacun d’entre vous est arrivé en studio en présentant deux morceaux aux autres membres du groupe. Préserver cet équilibre est indispensable?

Pierre: «Chez nous c’est essentiel, et c’est aussi ce qui peut rendre le processus créatif lent et complexe. Sur chaque morceau, on veut toujours arriver à un consensus à la belge, et comme dans l’administration belge, cela peut prendre du temps. Tout le monde s’implique sur chacun des morceaux.»

Manu: «Tout se fait très naturellement et on tombe souvent très vite d’accord. Il y a rarement des oppositions, aussi parce qu’on est potes avant tout. Roscoe, c’est quelque chose de très confortable pour nous, très familial.»

Quand on sait que vous avez attendu sept ans avant de revenir, c’est sans doute prématuré comme question. Savez-vous déjà ce dont vous avez envie pour la suite?

Pierre: «On n’en a pas encore parlé entre nous, mais j’ai personnellement envie de relancer quelque chose très vite. J’ai remis le doigt dans l’engrenage, maintenant je n’ai plus envie de le retirer. Cela ne doit pas être un album tout de suite, mais pourquoi pas quelques inédits.»

Manu: «On pourrait également sans lancer dans quelque chose de plus conséquent, à savoir une BO de film. On a l’impression de déjà le faire et ça ne changerait pas beaucoup notre façon de travailler, du coup je suis curieux de découvrir ce monde-là. Avis aux amateurs…»

Roscoe sera en concert:

18/06 à la Fête de la Musique (Marchin)

20/07 aux Francofolies (Spa)

En quelques lignes

Il n’y a pas d’autres termes que le voyage pour décrire «Folds», qui est une expérience à part entière. Les membres de Roscoe se connaissent de mieux en mieux musicalement et une identité artistique forte se dégage de l’album. Reste à dire que le disque s’écoute sans modération et que les Liégeois méritent amplement d’être (re)découverts sur scène lors de leurs prochaines représentations. 4/5