Yellowstraps sort son premier album: «Je me suis toujours considéré comme un chimiste»

Après de nombreuses années à considérer la musique comme un hobby, les Belges de Yellowstraps décident en 2019 de se consacrer à leur passion. Depuis, l’un des deux frères Murenzi a quitté le navire, laissant Yvan comme seul capitaine de l’embarcation. En route vers de nouveaux horizons, le paquebot Yellowstraps ne risque pas de croiser un iceberg sur sa route avec son très réussi «Tentacle», un album qui sent bon le groove.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 5 min.

YellowStraps démarre officiellement en 2013 avec votre frère alors que vous vivez dans le Brabant wallon. Est-ce que ça a toujours été une évidence que vous fassiez de la musique ensemble?

Yellowstraps : «Ça n’a pas spécialement été une évidence. Lorsqu’on a découvert la musique ensemble, mon frère s’est mis à la guitare mais je détestais ça. On a commencé en faisant des covers, et puis on s’est un jour lancés dans les compos. Après deux ou trois morceaux, on a compris que c’est ce qu’on voulait faire et on a lancé le groupe ensemble. C’était une époque où, à l’école, des groupes se formaient dans tous les sens et nous n’avons pas fait exception.»

Au début de votre carrière en 2014, vous remportez en Flandre une distinction d’artiste le plus prometteur de l’année, comment cela a impacté votre carrière?

«C’était une belle reconnaissance de savoir que ce que l’on proposait aux gens plaisait. Pendant des années, on a considéré la musique comme un hobby et c’était gratifiant de voir qu’un loisir comme celui-là pouvait rencontrer son public. Ce n’est qu’en 2019, soit des années plus tard, qu’on a décidé d’y aller à fond et de se professionnaliser dans ce milieu On s’est dit qu’on n’avait pas le choix, que si on ne montait pas dans le train de la hype belge (Roméo, Angèle, Stromae, etc.) maintenant, ce serait jamais.»

Mais peu de temps après, votre frère décide de quitter le projet…

«Comme je le disais, ce projet a pendant longtemps été un hobby, une passion. Lorsqu’on a décidé d’essayer de vivre de notre musique, il y a tout un tas de choses qui sont venues avec comme la promo, la gestion des réseaux sociaux, etc. Mon frère s’est moins retrouvé là-dedans, il y avait un trop gros gap alors qu’il préférait le côté spontané de la musique, et moins tout le reste.»

Pensez-vous qu’il pourrait éprouver des regrets, si vous devenez une star par exemple?

«(rires) Non je ne pense pas, sa décision a été mûrement réfléchie. Le pire, c’est que je pense qu’il n’aurait pas aimé ça, le côté vedette. Cela dit moi non plus, paradoxalement. J’ai envie que mon projet explose et que ma musique soit écoutée partout, mais ce côté star me fait un peu peur, j’ai envie que ma petite vie continue tranquillement. Sortir avec une perruque et des lunettes de soleil, très peu pour moi.»

Cela a-t-il changé beaucoup de choses de vous retrouver seul?

«J’avais envie de garder le même ADN musical, tout en proposant quelque chose de neuf. Dans un premier temps, je sentais que je reproduisais un peu ce qui avait été fait par le passé donc j’ai pris du recul. J’ai commencé les cours de chant et ça m’a poussé à plus assumer ma voix, à la mettre en avant. Je me suis également beaucoup remis à la prod’ et à ajouter des effets de voix, et là j’ai vu un vrai changement. J’ai réussi à être plus créatif et à explorer des horizons différents. Je me suis toujours considéré comme un chimiste dans un laboratoire.»

Dans votre laboratoire, on repère énormément d’influences, sans pouvoir précisément mettre de noms dessus…

«C’est tout le but de ce projet, multiplier les influences pour créer un son qui me correspond. Cela se fait petit à petit, c’est un travail minutieux. Lorsqu’on me dit que ma musique ressemble à X ou Y artiste, je le prends parfois un peu mal parce que cela veut dire que ma chanson ne m’appartient pas totalement. Le fait de ne pas savoir à qui relier ma musique, cela veut dire qu’elle a une identité qui lui est propre.»

Sur votre album «Tentacle», vous évoquez principalement les relations amoureuses, vis-à-vis desquelles vous semblez apaisé. Que s’est-il passé?

«Ma vision des choses a pas mal évolué entre le premier EP en 2018, le second en 2020, et cet album, mais je vois les choses comme un triptyque. J’ai d’abord fait l’expérience de mes premières désillusions amoureuses, et j’ai donc déversé ma haine dans la musique, ce qui a été thérapeutique. Ensuite, je me suis posé beaucoup plus de questions et l’EP a été une série de réflexions que je me faisais. Dans ‘Tentacle‘, je conclus que les relations amoureuses, ça peut craindre, mais que c’est comme ça (rires).»

En quelques lignes

Yvan de Yellowstraps se décrit comme un chimiste, et on peut dire qu’il a de quoi faire pâlir Walter White. Le fait d’avoir perdu son frangin au sein du groupe a sans doute libéré l’artiste, qui s’est laissé aller à des explorations nous emmenant dans son univers à la fois aérien et très terre à terre. Naviguant entre ces deux pôles durant tout « Tentacle », le chanteur fait résonner en nous des choses nouvelles, nous permettant d’explorer avec lui des territoires inconnus.

L’album «Tentacle» est disponible sur toutes les plateformes de streaming.