Fumera-t-on toujours des cigarettes dans dix ans ?

Se dirige-t-on vers un monde sans tabac ? Gouvernements et sociétés de l'industrie du tabac comme Philip Morris ont multiplié cette année les annonces et les mesures contre la cigarette. A mesure que le regard de la société évolue sur ce sujet, il entrainera peut-être dans quelques années la désuétude de la cigarette qui cause la mort de 8 millions de personnes dans le monde chaque année.

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ETX Daily Up
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Comme chaque 1er novembre depuis 2016, Santé Publique France lance sa campagne Mois Sans Tabac. Un défi qui invite les Français à arrêter de fumer pendant un mois. En 2020, 125.000 fumeurs se sont inscrits à cette opération, alors que le contexte de crise sanitaire n'était pas aussi favorable qu'en 2021. Mais arrêter complètement, combien seraient prêts à s'y frotter ? En 2018, "près de 43,6% des fumeurs déclarent que les augmentations des taxes les motivent à arrêter de fumer. Et parmi les anciens fumeurs quotidiens, 39,8 % affirment même que ce motif a été une motivation à leur arrêt du tabagisme", rapporte Santé Publique France dans un rapport datant d'octobre 2020.

Outre le prix, si l'image sociale renvoyée par la cigarette changeait, que se passerait-il ? Certains signaux faibles laissent imaginer que la cigarette pourrait disparaître de nos modes de vie dans les prochaines années. Et si doucement, on se dirigeait vers un monde sans tabac ?

Une génération sans tabac d'ici 2025 ?

C'est la voie vers laquelle la Nouvelle-Zélande souhaite se diriger. En avril 2021, le gouvernement mettait en ligne une consultation citoyenne pour que le pays se détache de sa consommation de tabac d'ici 2025. Près de 5.100 personnes ont participé entre le 15 avril et le 31 mai 2021. Les résultats sont en cours d'analyse et devraient déboucher sur un rapport proposant des lignes directrices. L'idée de la Nouvelle-Zélande serait d'interdire la vente de cigarettes à toutes les personnes nées à partir du 1er janvier 2004, et de créer ainsi d'ici 2025 toute une nouvelle génération de non fumeurs, ou du moins avoir moins de 5% de fumeurs.

Plus récemment - et plus étonnant : Jacek Olczak, le patron de Philip Morris annonçait en juillet dernier dans une interview au Sunday Telegraph vouloir d'un monde sans tabac d'ici 2030. "Nous pouvons désormais envisager un monde sans cigarettes. Et plus tôt cela se produira, mieux ce sera pour tout le monde". Le lendemain dans une nouvelle interview, donnée au Mail on Sunday, le PDG disait vouloir arrêter de vendre du tabac au Royaume-Uni et que celui-ci allait "disparaître" d'ici "dix ans maximum" dans le pays.

Même effet d'annonce au Japon quelques mois plus tôt. Jacek Olczak annonce que le groupe Philip Morris allait retirer du marché nippon les cigarettes d'ici 10 à 15 ans. Il confiait au média Nikkei Asia : "Si vous aviez un effort coordonné entre les différents ministères au Japon - y compris les ministères de la santé et de l'industrie - je pense que vous pourriez faire du Japon un pays sans fumée d'ici 10 ans".

Ces interventions médiatiques ont été jugées hypocrites par certaines associations anti-tabac. Car si Philip Morris, groupe derrière les marques Malboro, L&M, Philip Morris ou Chesterfield, semble vouloir tourner la page du tabac, l'entreprise investit depuis quelques années à coup de plusieurs milliards de dollars dans la recherche d'alternatives au tabac à fumer. Le géant a racheté des firmes spécialisées dans les inhalateurs médicaux, en particulier contre l'asthme, ou Fertin Pharma, fabricant de substituts à la nicotine. Philip Morris a également lancé iQos, un dispositif de chauffe de tabac, concurrent de la cigarette électronique. Nouvel objectif de l'entreprise : réaliser 50% de ses bénéfices avec des produits sans tabac à fumer d'ici 2025.