La voyance, une thérapie ?
Peut-on considérer la voyance comme une thérapie?
«Certaines personnes qui viennent me voir la considèrent comme une thérapie, oui. On me dit parfois qu'on préfère venir me voir que d'aller consulter un psychiatre (rires). Les gens viennent en général quand ils ont des problèmes. On n'est jamais venus à une consultation seulement pour voir ma tronche (rires). Il y a, dans tous les cas, une recherche de réponses à certaines questions.»
Vient-on vous voir avec des questions précises?
«Pas forcément. Pour certains, on développe les choses ensemble. Mais ils ont quand même toujours un domaine qui les chiffonne plus qu'un autre. D'habitude, c'est l'amour qui est la priorité. Mais depuis la crise sanitaire, on me parle plus souvent du travail.»
Beaucoup de personnes qui viennent consulter chez vous ont plus peur aujourd'hui de se retrouver sans travail ou sans moyen financier?
«Exactement. Beaucoup se demandent s'ils ne vont pas perdre leur boulot.»
Avec la crise sanitaire, l'amour viendrait donc en second plan?
«Non, je ne pense pas quand même. Mais le travail fait vivre. L'amour aussi, d'une certaine manière. Mais on a beau avoir un bel amour, si on n'a pas de pognon Par ailleurs, que s'est-il passé durant le premier confinement? Le taux de violences conjugales a explosé. Les divorcent ont également augmenté. Les gens ne se supportaient plus. L'amour fait partie des préoccupations, c'est sûr. Mais aujourd'hui, le travail passe au premier plan.»
Vous arrive-t-il de vous autocensurer? De ne pas divulguer ce que vous voyez dans les cartes?
«Je n'ai pas le droit de garder des informations pour moi. Si on vient chez moi, c'est qu'on recherche des réponses, quelles qu'elles soient. Même quand je vois une banqueroute quelque part, je pense que la personne peut toujours s'en sortir. Bien entendu, il y a des choses plus compliquées. Après, je ne dis pas à la personne devant moi qu'elle va mourir la semaine prochaine! Je dis que je vois un soulagement. Après, elle prend le soulagement comme elle l'entend. C'est une question très compliquée C'est difficile de dire ça à quelqu'un. Mais heureusement, c'est très rare.»
Pensez-vous que les personnes qui vous consultent modifient leurs comportements et changent ainsi leur destin?
«Les choses qui sont écrites sont écrites. Même si on peut un peu les contourner, elles reviennent automatiquement. Et puis, quand il y a une heure de fin, il faut se dire que l'heure est là, c'est le destin, c'est la vie. C'est ça, le chemin de vie: on pousse le premier cri à la maternité et on rend le dernier soupir quand on meurt. Ces heures-là sont écrites.»
Connaissez-vous votre propre destin?
«Je ne vois rien pour moi. Ce sont les cordonniers les plus mal chaussés!»
Mais quand vous vous tirez les cartes, vous voyez bien les combinaisons.
«On ne peut pas être objectif sur soi-même. C'est impossible!»
Comment faites-vous alors avec l'objectivité quand ce sont vos proches qui vous demandent une consultation?
«C'est très compliqué. C'est pour ça que j'essaie d'éviter ça au maximum. Ça arrive que quand je dîne avec des amis, je jette mon dévolu sur quelqu'un. Mais c'est en général le moins proche de moi. On est parfois dans des situations dingues!»
Vos dîners doivent être folkloriques!
«C'est le cas de le dire(rires)! Mais des fois, c'est très compliqué. En plus, quand je commence, on n'arrive pas à m'arrêter et parfois, je me dis: Mais pourquoi tu as dit ça!'.»
Tous les voyants exercent-ils la voyance de la même manière?
«Non. Dans la voyance, il y a des numérologues, des tarologues, les cartomanciens, les médiums Je suis médium à la base, mais je prends toujours un support pour confirmer ce que je dis. C'est important! Je dis les choses comme elles sont.»
Vous voyez les choses sur les deux prochaines années. Pourquoi deux ans?
«C'est une question d'expérience. Depuis le temps que je fais de la voyance, je me suis rendu compte que ce que je voyais se déroulait dans les deux ans. C'est impossible de voir ce qu'il va se passer dans 10, 15, 20 ans! Vous imaginez Avec déjà tout ce que je vois quand je me balade dans la rue, toutes les têtes , si en plus je devais voir dans un futur lointain »
Vous voyez des choses dans la rue que d'autres ne voient pas?
«Je vois les gens. Parfois, ils sont calfeutrés, donc ça va. Mais il y a beaucoup de personnes pour lesquelles je vois tout. Cela peut être beaucoup de choses. Un cur, par exemple. Cela veut dire que cette personne est bien dans sa vie personnelle. Je peux aussi voir un cercueil sur la tête de quelqu'un. Un jour j'ai interpellé une dame à un abri de bus en lui demandant si elle connaissait une Catherine. Elle était surprise de ma question. Mais elle m'a répondu qu'en effet, Catherine est sa mère décédée une semaine auparavant. Aujourd'hui, elle vient me voir en tant que cliente.»
Vous côtoyez-vous entre médiums?
«Non, c'est un milieu tellement ingrat Personnellement, cela ne me dérangerait pas du tout. Je n'ai pas beaucoup d'amis et je n'en veux pas beaucoup. Les voyants entre eux ne s'aiment pas, ne se supportent pas. Moi je m'en fous, je suis neutre. Que l'on m'aime ou pas, ça ne change rien.»
Comment peut-on reconnaître un charlatan?
«Il faut, dans un premier temps, regarder depuis quand il exerce la voyance. Il n'existe pas de manuel du voyant qui nous permettrait de dire si l'un ou l'autre est nul ou pas. Mais ça se sent. Il faut aussi que le voyant ait l'air sûr de lui. S'il essaie de vous faire payer des activités qui vont vous coûter la peau des fesses, vous avez tout compris. Et il y en a plein!»
Croyez-vous au mauvais il?
«Non, pas vraiment. Il peut y avoir quelque chose qui s'acharne sur nous mais je n'appelle pas ça comme ça. On a tous des périodes plus compliquées, mais ce n'est pas constant. Quelqu'un qui aurait le mauvais il comme on l'entend, il finirait par en mourir! Il faut aussi faire attention au soi-disant grand marabout qui veut vous faire grandir la quéquette.»