Pourquoi bâille-t-on?
C'est d'abord Hippocrate qui a tenté d'expliquer l'origine du bâillement. Pour lui, il s'agissait d'une manière d'évacuer la fièvre. Sa théorie a tenu pendant de nombreuses années avant qu'un médecin hollandais n'affirme que le bâillement n'est qu'une manière d'aérer son cerveau grâce à un apport en oxygène plus conséquent. Aujourd'hui, si l'on sait que cette dernière théorie est également fausse, on ne connaît pas encore tous les secrets des bâillements.
La théorie dominante actuelle explique que le bâillement serait déclenché pour refroidir le cerveau lorsqu'il atteint une certaine température, selon une étude publiée dans la revue américaine Evolutionary Psychology. Cela arrive lorsque l'on est fatigué, ennuyé ou que l'on a tout simplement chaud. Le bâillement peut alors être vu contre un signal de vigilance contre le sommeil. Concrètement, le bâillement consiste en une longue inhalation suivie d'un bref arrêt de la respiration et d'une courte exhalation. Le tout dure généralement cinq secondes. Pendant ce temps, alors que certains muscles se contractent et que d'autres s'étirent, un influx de sang frais est envoyé au cerveau. Durant le processus, de l'endorphine, l'hormone du plaisir, est libérée par notre corps, ce qui favorise la sensation de bien-être.
Souris et chameaux
Il est intéressant de savoir que tous les vertébrés, à l'exception des girafes, bâillent également. Chez les animaux aussi, il s'agirait également d'un moyen de stimuler la vigilance. En 2016, une étude de l'Université de New-York démontrait que plus le cerveau d'un animal était gros, plus longtemps il allait bâiller. Ainsi, derrière les humains, champions de cette catégorie, les chameaux seraient les animaux qui bâilleraient le plus longtemps (4,8 secondes de moyenne). À l'inverse, les souris ne bâilleraient que 0,8 seconde en moyenne.
Mais si de nombreux animaux bâillent, il n'y a que chez les primates et les humains que le bâillement est contagieux. On en a tous déjà fait l'expérience. Voir ou entendre quelqu'un bâiller provoque l'irrépressible envie de bâiller soi-même. Ne dit-on pas d'ailleurs qu'un bon bâilleur en fait bâiller sept ? Preuve de cet acte de mimétisme, vous avez probablement bâillé à la lecture de cet article. D'un point de vue neurologique, l'explication de ce phénomène se trouve probablement au niveau des neurones miroirs. Ces neurones servent à imiter une action vue mais aussi à déchiffrer les intentions et les émotions d'autrui. Le bâillement ne serait donc qu'un phénomène d'empathie, la capacité qui permet de comprendre ce que ressent un autre individu. Bâiller permettrait dès lors de signaler aux autres membres du groupe qu'il faut booster sa vigilance. Une théorie qui tient la route, surtout lorsque l'on sait que l'on réagit plus facilement au bâillement d'une personne proche qu'à celui d'un inconnu, comme le confirme le docteur Olivier Walusinski, spécialiste du bâillement, dans une interview au Figaro. Ce serait également pour cela que les enfants autistes ne sont pas soumis à ce phénomène de contagion, tout comme 25 % de la population.
Utilisé au yoga
Souvent mal vu en société, le bâillement est pourtant devenu un exercice à part entière pour ceux qui pratiquent le yoga. C'est que les bienfaits du bâillement sont nombreux : relâchement des muscles, soulagement de la fatigue oculaire ou encore effet anti-stress. Certaines sessions de yoga commencent d'ailleurs avec des séances de bâillement collectif. Si la simple vue des autres ne suffit pas à lancer le processus, il existe un exercice tout simple pour bâiller sur commande. Pour y arriver, tirer avec vos mains sur vos lobes d'oreille. Ouvrez largement la bouche en repoussant la langue vers le fond du palais en écarquillant les yeux. Par réflexe, vous devriez directement bâiller. Donc si l'envie vous prend dans une de vos sessions, ne la réprimez pas et bâillez un maximum !